« Brigitte Lambert, les petits miracles du quotidien » : différence entre les versions

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Dernière version du 7 juin 2011 à 19:02




Brigitte Lambert a grandi dans le village d’Œutrange dans la périphérie de Thionville. Les jeunes se rassemblaient dans la cour du curé. Brigitte n’hésitait pas à se défendre quand il le fallait et à piquer les mobs des garçons pour aller manger du maïs dans les champs.


A cette époque, quand un enfant rentrait de l’école après avoir pris une tannée avec l’institutrice, il en prenait une à la maison. Maintenant les rues du village sont autrement tranquilles : les enfants restent chacun chez soi devant leur ordinateur et leurs jeux vidéo.


Brigitte tient l’atelier linge situé au bout de la barre de chaussée d’Océanie, depuis dix sept ans maintenant. L’atelier est là pour dépanner les familles nombreuses de la Côte des roses qui manquent de place pour laver et sécher le linge à la maison. Car c’est un endroit où on peut laver couette et couvertures.

Brigitte, chériffa[1] et....Didier

Au fur et à mesure elle a vu les mentalités des habitués évoluer. Il y a encore quelques années en arrière elle devait tendre le panier à travers la porte aux maris qui venaient chercher le linge. Aujourd’hui, ces hommes qui n’entraient pas dans l’atelier à cause de la présence des femmes à l’intérieur , n’hésitent plus à rentrer.


Avec le temps, les gens ont changé, les usages aussi et depuis 2009 une nouvelle clientèle fréquente l’atelier. Ce sont les demandeurs d’asile[2] qui vivent en hôtel en attendant une régularisation de leur situation.

la fête des voisins rue Chateau-Jeannot

Difficile de vivre en hôtel et laver et sécher le linge dans les douches. Le C.C.A.S qui finance pour partie l’atelier a conclu un partenariat avec Athènes, l’association qui accueille les gens en difficulté à Thionville et depuis, les affichettes en arméniens ou en russe cohabitent avec les affichettes en arabe pour expliquer le mode d’emploi des machines et les consignes de l’atelier.


Brigitte parle ein kleines bisschen allemand et se débrouille pour communiquer avec ces nouveaux arrivants. Pour que les opérations de lavage et de séchage se fassent dans les temps, Brigitte attribue les heures de rendez vous. Sa nouvelle clientèle a parfois du mal à les respecter et Brigitte est alors en porte à faux avec les habitants du quartier car elle est liée par son agenda : elle ne dispose que de trois machines et se retrouve bien embêtée quand elle refuse du monde à cause de rendez vous donnés à des gens qui oublient de venir.

L’atelier est devenu un endroit où les gens savent qu’ils trouveront quelqu’un qui les écoute.

Brigitte accueille les gens sans façon et naturellement.


Elle rend de petits services administratifs et sait souvent orienter les gens vers les institutions qui pourront les aider. Comme cette personne malade qui n’avait pas la C.M.U et qu’elle a emmenée au P.A.S.S, la permanence d’accès au soin de santé qui est tout à côté rue château-Jeannot.


Brigitte et son amie Nathalie

Brigitte sait ce que c’est d’être en difficulté. Elle souffre d’une maladie rare, la maladie de Crohn et elle a longtemps été sujette à des crises de spondylarthrite ankylosante. Pendant des années elle a couru les hôpitaux en passant des tests en laboratoire dans l’espoir soulager ses douleurs. Sans succès. A cause des corticoïdes qu’elle prenait Brigitte est allée jusqu’à peser 105 kg.


Jusqu’à ses vingt huit ans où Valérie Térrade, assistante sociale du C.C.A.S lui a décroché cet emploi à l’atelier linge, Brigitte est passée de T.U.C en C.E.S et de stage en stage. Elle les a enchainé, ces « projets professionnels à définir » et ces « stages en entreprise» qu’il fallait aller chercher soi-même et où elle se retrouvait à ranger des cartons dans la cave : « vous êtes sûre que c’est gratuit comme stage ? »


A l’atelier, elle a commencé par un C.E.S. Elle aurait gagné la même chose en restant à la maison mais avait envie de s’accrocher pour sortir de chez elle et chaque matin elle trouvait le courage de se lever. Sa résistance lui a permis de tenir le coup même quand elle n’arrivait plus à se servir des ses mains. Depuis deux ans maintenant que son père est mort, Brigitte a enfin un traitement stabilisant, elle n’a plus de douleurs et elle est passée de 105 à 80 kg.

La barre de l'avenue d'Océanie sera démolie bientôt dans le cadre de la rénovation du quartier et l'atelier linge sera transféré à la maison de quartier de la Côte des roses à l'automne 2011.