« Sylvie Kleiner, l'année de Cha' » : différence entre les versions

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Sylvie Kleiner habite rue du renard et ce qu’elle a vu du changement à la Côte des roses c’est la façon dont son bailleur a condamné les greniers de l’immeuble : rien dans la lettre qui annonçait les travaux ne laissait penser qu’une fois l’isolation faite, les greniers ne seraient plus accessibles. Depuis, les toiles et les dessins de Sylvie s’entassent un peu partout dans son appartement. Ses toiles, Sylvie les signe Cha pour charlotte, son deuxième prénom et c’est ainsi que ses amis l’appellent. Enfant, dessiner, elle ne savait faire que ça alors que sa sœur préférait taper dans le ballon avec les copains. Derrière la boulangerie-pâtisserie familiale à Terville, le jardin donnait sur le crassier de l’usine. A la crête du crassier, les wagonnets venaient verser leur contenu rouge dans la nuit noire. Tous ces gens qui rentraient, tous ces bruits métalliques, tout donnait envie à la petite fille de visiter cette usine.


A seize ans, grâce à une dérogation, Sylvie intègre les beaux arts avec dans son dossier d’inscription, des immortelles à la gouache qu’elle trouvait bien sages à côté des dossiers de ses camarades. La dissertation du concours d’entrée avait pour sujet faut il apprendre l’art aux enfants? Mais Sylvie a besoin de liberté. Elle avait fuit l’école de la providence pour profiter de sa dérogation, et elle avait rêvé les beaux arts comme d’une ruche où tous partageraient leur expérience : elle abandonnera l’école au bout d’un an, déçue. Après quelques tribulations en Hollande Sylvie revient chez elle : elle a pris son autonomie vis à vis de ses parents et décide de se former à la puériculture.




En 1978 elle travaille à Bel-air, milite à la Cfdt et anime un bulletin d’information, « la Piquouse ». La direction régionale a décidé d’unifier les horaires entre Metz et Thionville. Mais à Thionville le temps de repas est intégré au temps de travail et le personnel ne veut pas perdre cet avantage. Sylvie prends sa place dans la lutte : opération escargot sur l’autoroute, défilé en ville pour manifester. En 1982 Sylvie quitte Thionville pour Paris avec sa fille Mélanie alors âgée de cinq ans pour suivre les cours de la fac de Vincennes, célèbre pour être ouverte aux salariés. Elle obtenu une bourse pour se former comme chargée de com visuelle. Sylvie se spécialise dans l’édition pour enfants. Elle ne validera pas sa maitrise et de toute façon le poste n’est pas crée à Thionville.


Sylvie décide de rester à Paris, travaille pour les crèches de la ville et rencontre Naka, un musicien africain de qui elle aura un garçon aujourd’hui âgé de vingt deux ans, Théo. Après une dizaine d’années à Paris, Sylvie laisse son appartement et part pour l’Ardèche. Mais un mois à peine après son arrivée, le projet qui l’a fait venir tombe à l’eau, la crèche n’a pas de client et Sylvie, coupée de Paris, improvise. La vie devient de plus en plus difficile. En 1996, Mélanie disparaît à l’âge de dix huit ans.


Sylvie cherche un poste dans le sud de la France. Mais son père va la ramener dans la région : à son insu il se procure son cv, et envoie une belle lettre à Martine Aubry, alors ministre de l’emploi et de la solidarité. Quand Sylvie apprend en 1999 qu’un poste l’attend à l’hôpital de Thionville, elle ne peut qu’accepter. Ainsi son fils pourra enfin se rapprocher de ses grands-parents.



Réapprendre à vivre et travailler à l’hôpital. Sylvie retrouve certaines de ses collègues d’il y a vingt ans. Elle est auxiliaire de puériculture et travaille depuis l’an dernier, douze nuits de dix heures et demi sur quatre semaines. Sylvie aime bien la nuit car on peut être plus disponible pour les enfants. On peut prendre le temps de parler tranquillement. Elle n’a pas forcément besoin de rester en permanence à leur chevet mais sa présence les rassure et quand ils sont confrontés à des crises d’angoisse, le sentiment de sa présence les rassurent et lui évite parfois de leur donner un médicament. Elle va et quand elle revient, l’enfant s’est calmé et dort.



Aujourd’hui Sylvie a deux métiers car elle est également inscrite à la maison des artistes : elle continue à peindre[1]. Sylvie est passionnée par la culture Maori. Toute petite elle suivait déjà les aventures du captain Troy sur son navire le Tiki dans un feuilleton télévisé qui se passait à Hawaï et s’appelait « Adventures in Paradise ».




Sylvie s’inspire des représentations stylisées des animaux qui tiennent une grande place dans l’art polynésien. La tortue représente la fidélité et la fécondité, le dauphin, la longévité et la joie, le requin, l’équilibre du lagon la justice et le respect des ancêtres.


En 2005, un ami voit ses œuvres au mur et lui reproche d’être venue au monde avec un vrai talent et de ne rien en faire. La bibliothèque municipale l’invite en 2006 à exposer dans la salle in vitro[2]. En 2007, pendant ses congés, elle part sillonner le pays avec un atelier itinérant dans un petit camion de dix m³, de fêtes maories en rassemblements polynésiens. Les dessins de Sylvie sont très prisés par les amateurs de tatouage qui se font tatouer les modèles qu’elle crée pour eux. Et en 2010, Sylvie montre ses toiles salle Poulmaire, chemin St Anne. Cette année, elle montre ses derniers travaux salle In Vitro pour la deuxième fois, du 14 au 18 juin.



en décembre dernier, Sylvie Kleiner accueillait le public à la salle In Vitro, pour l'exposition de travaux d'enfants organisée par l'association "La Pédiatrie Enchantée"[3]




si vous allez jusqu'à samedi 18 juin 2001 salle IN VITRO rue du vieux collège à Thionville vous pourrez admirer les derniers travaux de Cha' des objets étranges inspirés et ingénieusement détournés du monde médical et le travail de dessin et tatouages qui a fait connaitre Cha'