P'tit canard bavard et vantard

De Wikithionville
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Histoires à bien dormir...ni debout ni dessus
ou encore
P'tit canard raconte...
Auteur : Simone Schlitter dite "Sim"


/!\ ACTUALITES :

09-11-2014 : Editorial de novembre 2014 :"Les BD et moi. Et moi, et moi !!

31-10-2014 : Poème : eau gelée

31-10-2014 : Poèmes: introduction à la rubrique. Poème Les fantômes

30-10-2014 : Ma Vie par l'autre bout: épisodes 1, 2, 3

10-10-2014 : Edito d'Octobre 2014...Ah, ces cadeaux!

10-10-2014 : Le petit monde des BD de SIM

22-4-2014 : BD : Les mille vies de Tibibu

20-4-2014 : Art et sport combiné :Simone sur la glace

04-4-2014 : Blague :La St Valentin

03-4-2014 : Présentation de l'activité théâtre : les Barbies Turiques-et-Rac

30-3-2014 : Série de blagues et BD crées par Sim : le boulot au mois d'août

30-3-2014 : BD :Mon chien Yack au mois d'août

30-3-2014 : BD : l'invitation

30-3-2014 : BD : gendre et belle-maman

30-3-2014 : BD : Le Webmaster en hiver

30-3-2014 : BD : Le Webmaster et le pastis

30-3-2014 : BD : Les mésaventures de Mamie

30-3-2014 : BD : Les Nanas (chez la voyante)

30-3-2014 : BD : Les Nanas(les larges épaules)

30-3-2014 : BD : Les Nanas (à l'occasion)

22-3-2013 : Edito = Sacré mec !

21-3-2014 : Edito = Rubrique Rencontres

18-3-2014 : introduction aux éditoriaux

18-3-2014 : Edito d'avril 2010 "Lettre à Monsieur et Madame"

19-3-2014 : Edito de décembre 2010 "Noël-Espoir"


/!\

Manifestations publiques de l'Association Cancer-Espoir – Pour renseignements : Tél = 03 82 83 42 71

14-11-2014 : à partir de 14 h 15 : présentation de la pièce de théâtre La Fée Cigarette par les Barbies Turiques et Rac à l'EHPAD LES TILLEULS, 10, rue Haute, à TERVILLE

18-11-2014: La tête et les jambes, animation réalisée par Mathilda, à la permanence d'Intercom-Santé-57, rue du Cygne n° 3 à THIONVILLE, de 15 h 30 à 17 h

02-12-2014 : La tête et les jambes, animation réalisée par Mathilda, à la permanence d'Intercom-Santé-57, rue du Cygne n° 3 à THIONVILLE

16-12-2014 : La tête et les jambes, animation réalisée par Mathilda à la permanence d'Intercom-Santé-57, rue du Cygne n° 3 à THIONVILLE

06-01-2015 : La tête et les jambes, animation réalisée par Mathilda à la permanence d'Intercom-Santé-57, rue du Cygne n°3 à THIONVILLE

20-01-2014 : La tête et les jambes, animation réalisée par Mathilda à la permanence d'Intercom-Santé-57, rue du Cygne n°3 à THIONVILLE

30-01-2014 : Présentation de la pièce de théâtre La Fée Cigarette' par les Barbies Turiques et Rac au Centre EUROPA à HETTANGE-GRANDE


NB

Introduction aux éditoriaux :

Vous aurez l'occasion ci-dessous de lire quelques éditoriaux, parmi beaucoup d'autres, que j'ai eu l'occasion d'écrire.Je vous en souhaite bonne lecture. Sim


NB

EDITO DE NOVEMBRE 2014

Les BD et moi. Et moi, et moi !

La première chose du matin que j'effectue, dès que je trouve dans ma boîte le journal « Féminin au singulier », c'est de me précipiter à la page 4 pour me retrouver, béate, devant mon « met du jour » préféré : la page de Monica ! Je respire d'aise, voluptueusement, puis écarquille mes mirettes pour ne rien perdre en route des facéties de Monica : son air imprégné, satisfait, vaguement nunuche, ses seins fidèlement et exagérément écartés - le pull à col roulé dernier cri, aux manches trop longues -les babouches dans lesquels elle aime paresser les week-end – les ballerines toujours à talons plats dans lesquels les grands pieds se retrouvent à l'aise, en ville – y retrouvant fatalement la copine branchée, comme elle, sur les sacs customisés avec aimables petits cœurs - son mec toujours un brin gaffeur – son rejeton – vaguement autiste dont les écouteurs le branchent au delà du réel – ses airs à elle de mère poule béate – et puis l'histoire en elle-même – presque sans parole - si singulière et si vraie – le vécu de Madame Tout le monde...alors, tac – oubliant le reste du monde, je me saisis de ma plaque graphique, de mon crayon-souris, et je m'évade dans le monde de mes BD à moi, histoires merveilleuses, baignant dans les mille et une couleurs mises à disposition par le logiciel gratuit Artweaver, et ce qu'il y a de plus merveilleux encore ; c'est que tout mon vécu, parfois ennuyeux, ou irritant, tracassant, interpellant, ou frustrant, se trouve, d'un coup de baguette magique et de crayon informatisé, transformé en petite histoire simple, presque sans paroles, compréhensible par tous, avec des personnages ingénus, qui s'agitent, souffrent, font semblant de..., se réjouissent de..., craignent que...et quand l'histoire est terminée, je la contemple et ris de bon cœur. Et ce qui est merveilleux, c'est que, des mois plus tard, je la re-contemple, et re-ris – de tout cœur ! Et c'est ainsi qu'on s'exorcise des manigances de la vie, en les recréant, sous ses doigts, à partir de petits personnages que l'on peut manipuler à son aise, alors que ceux de la vraie vie – vous l'avez remarqué – on ne le peut guère...

Exactement même processus d'exorcisme que celui du romancier qui se libère et s'affranchit en écrivant un roman à clé (ne le sont-ils pas tous!?)

Ceux qui dénommerait cela « vengeance » ont bien tort. A l'exception peut-être de quelques tigresses célèbres nommant « un chat un chat », ou transformant au contraire un matou tout ce qu'il y a de plus normal en serpent vicieux, ou je ne sais quoi encore, il ne s'agit pas vraiment de vengeance. L'auteur, dans tous les cas, essaye juste de se venger un peu des mauvais tours de la vie, en en riant un brin, et en en faisant rire les autres. Une façon aussi de rire de soi-même. N'est- ce pas le meilleur moyen de déjouer les mauvais tours de « cette garce » : vous savez bien, celle de la chanson :

« Mais elle ne pourra pas, avec ses manigances

Me prendre mon ami, pour la seconde fois ! »

Et n'est-ce pas le comble de l'habileté de retourner une situation déplaisante pour en faire un avantage ? Aussi me suis-je dis que mes petites BD (voyez « P'tit canard bavard et vantard...Actualités ») qui ont quasi-saturé mes pages disponibles sur notre Wiki, j'allais...devinez un peu...j'allais les transformer en petites vidéos animées – travail fantastique en perspective – avec bruitages - portes qui claquent – pas qui résonnent – chaises qui frottent – soupirs – grosse voix qui dirait « vous bouârez un bol de liquidd claîîr à 16 heures trente... »...musiquette qui appuierait gentiment les talons trotteurs décampant de plus en plus vite sur le carrelage des couloirs de l'hosto...et copain-Maurice qui réaliserait le dispositif pour filmer, et Joséphine qui prêterait sa grosse voix pour l'homme, et moi ma petite voix pour la femme.


Super ! Et voyez-vous, dans tout ça, j'ai presque fini par oublier que je dois repasser bientôt une coloscopie pour un polype plutôt suspect...et que je n'ai pas tout à fait fini de « bouâare à 16 heures trente un nouveau bol de liquide clair » !



NB

Edito : Sacré mec !

Erreur lors de la création de la vignette : Fichier manquant

Enfin je l’ai trouvé. Depuis le temps qu’en vain, je le cherchais ! En ce qui me concerne, dès la première seconde, c’était devenu passionnel. Pour lui, bof, la première fois, c’est tout juste s’il m’avait tolérée, bon Prince ! Ensuite, littéralement, je l’avais rapté. Hyperperturbé, il m’avait subie, l’œil morne. Atterré, il ne m’en voulait même pas de lui imposer ces changements d’habitudes. Sur une planète étrangère, il ne rêvait simplement que de réintégrer la sienne.

Cela dura un certain temps. Point très longtemps. En fait, juste une journée. Et depuis, entre lui et moi, c’est l’amour fou. Il souffre beaucoup de me voir tapoter l’ordinateur. Le plus souvent, d’ailleurs, pour lui faire plaisir, je néglige cet outil de jeu et de travail, à telle enseigne que pour ce mois-ci, je ne vais rien faire de sérieux à propos d’éditorial ! Et si encore il ne s’agissait que de cela. Mais, pire : le cours normal de la vie s’est arrêté ! Et la chaleur n’arrange pas vraiment les choses…

En fait, ce sacré p’tit mec est devenu totalement tyrannique, et fourre son nez dans mes affaires, au sens propre et figuré, à toute heure du jour, m’empêchant de vaquer à ceci, ou de décider cela. En plus, il est du matin et moi du soir ! Dès 5 h (il fait encore nuit), l’agitation commence. Je maudis mes géniteurs de m’avoir fait naître maso. Car il faut bien l’être pour supporter cela dans son intégralité…Et vous ne savez pas tout : aux dernières nouvelles, il me mord carrément. Mes cris l’arrêtent à peine. En fait il me teste. Pour voir si je supporte, et jusqu’où je supporte. Lorsque je deviens carrément méchante, vite, au sens propre, il rampe à mes pieds, me les lèche. Me lèche les mains, le visage, le tout sans paroles, avec ferveur. Pendant les moments de trêve, il me contemple. Simplement. Ou me jette un regard furtif, un peu en biais, qui interroge : « Que pense-t-elle de moi ? Va-t-elle accepter ma dernière escapade ? C’est une dominante, c’est visible, je vais devoir louvoyer pas mal avec elle ! »

Ou encore, totalement immobile, sérieux, il me contemple, dans le silence. Cela veut dire : « Je ne savais pas que l’amour, c’était cela. Cette joie de tous les instants à t’avoir près de moi. Ce désespoir quand tu disparais. Le premier jour, c’est vrai, pour toi, j’éprouvais de la méfiance. Mais maintenant, s’il le faut, je te suivrai au bout de l’enfer ! Promets juste que tu ne partiras jamais plus ! J’y veillerai, d’ailleurs ! Tout à l’heure, ou demain, tu me coinceras entre tes jambes. Je ferai semblant que tu sois plus souple et plus forte que moi. Ma tête sur ta cuisse, je me laisserai caresser avec volupté. J’adore quand tu me masses ainsi. Même la brosse avec les piques, je l’adore, et je voudrais bien, pour prouver ma force, lui croquer le manche. Il paraît que c’est du plastique et mauvais pour les chiens autant que pour les humains. Et tu ne me laisses pas vraiment faire tout à fait ce que je veux, vilaine maîtresse adorée ! Car il paraît qu’il faut m’éduquer, et qu’à presque trois mois, tout chien berger que je suis, je dois être humanisé. Cela me plaît assez. A condition QUE…je puisse à l’instant même…te lécher le nez ! »

N’avons-nous pas droit, nous les humains, à nos joies et à nos amours de vacances !?


La Présidente.



NB


Edito : La rubrique Rencontre

Ce soir-là, je m'étais laissée aller, rêveuse, à fantasmer, en parcourant, menton dans la main, la rubrique RENCONTRE des petites annonces paraissant les samedis dans notre quotidien. Il est vrai que j'étais une « petite difficile » (au mieux). Et au pire une parano avérée. Peut-être la juste vision des choses se situait-elle entre ces deux extrêmes ?

Enfin, pour tout vous dire, voilà ce que je sussurai ce soir-là, aux messieurs, qui cherchaient par ce moyen, simpliste aux yeux des uns – bien pratique – aux yeux des autres – à trouver chaussures à leur pied – ou femme de leurs rêves - à peine secrets.

Cher inconnu : Vous vous situez dans la cinquantaine, précisez-vous... Cela signifie donc que vous avez cinquante huit ans. Ou cinquante neuf. Vous souhaitez une femme dont l'âge vous est indifférent, précisez-vous...

Eliminé d'office. Car cela signifie que vous en acceptez aussi de très jeunes – ou de très vieilles – Visiblement, vous n'êtes pas normal, Monsieur !

Et vous, autre cher inconnu : vous précisez que la profession vous est indifférente. Sous-entendu:même modeste. En quelque sorte, vous souhaitez tout de même  une profession.(Pourvu qu'elle ramène de l'argent. Ne serait-ce qu'un peu. Peut-être bien esprit trop pratique, dans votre cas...Méfions-nous..)

Et vous, autre cher inconnu :

Vous précisez que  vous cherchez une compagnie... : je parie que c'est pour m 'accabler de paroles...Enfin, admettons que j'aille jusqu'à...vous répondre...admettons...Il n'est pas défendu de rêver...

 Surtout surtout, dès lors, ne me cassez pas les pieds, les soirs, avec le rabâchage de vos histoires perso. De la femme que vous avez beaucoup aimée – et surtout de celles que vous n'avez pas aimées du tout !

Mais peut-être n'avez pas su les aimer !?

Les soirs, je veux travailler sur mon ordi, et si vous me parlez, je vais me fâcher ! J'aimerais autant – mieux – que vous regardiez un peu la télé. Ou lisiez – je n'ose même pas vous demander si vous aimez lire – peut-être bien que vous n'aimez pas lire ? Le genre de bêta qui aime juste voir taper dans un ballon, à la télé, quoi...

Peut-être aussi aimez-vous commander – influer sur les idées – imposer les vôtres !? .hm...cette petite phrase, que je relève-là, dans l'annonce, juste en-dessous, à l'aspect engageant et anodin – aime discuter...cela ne voudrait pas plutôt dire : aime vous faire admettre mes idées à moi!? Fi donc !Beurff – Oui, c'est ça : enfoncer les idées à coups de marteau dans la tête - grave ! Ou pire, même : à force de contorsions savantes, les injecter habilement dans la tête de l'autre - une sorte de maltraitance déguisée en convivialité...Fi donc ! Au suivant ! :

Je me demande si vous accepteriez que je fasse lit à part – Monsieur - ou mieux – même : chambre à part ! Non point que vous soyiez « brebis galeuse », le problème n'est pas là ! Il faudrait que dans votre petite tête vous soyiez capable de réaliser que quand on a dormi seule pendant 40 ans -oui, quarante – on ne peut plus passer 8 h, couché, comme ça, à côté de quelqu'un ! C'est physique. Pour le reste du physique on verrait, mais bon, hm hm, enfin, ça dépendrait, je ne dirais pas systématiquement non d'office – mais je ne dirais pas «oui  sans réserve, non plus !

Oh, le pire : si vous ronflez fort ! Eliminé d'office !

Vous aimez cuisiner !? Ah, j'adore me mettre à table sans ce soucis ! J'en rêve ! Au resto du coin, ils ne servent que des plats industriels déguisés en plats-maison. Et au self de....c'est carrément dégueulasse ! Et de plus,..quand j'ai fini de taper sur le clavier, l'heure est passée d'avoir faim. Remarquez, mon chien me rappelle à l'ordre ! Aimez-vous les chiens ? Etes-vous patient avec les bêtes !? Iriez-vous promener ma bête ? Et lui jeter son jouet, plusieurs fois par jour, tous les jours !? Oui !? Oui ? Bon – je note – Au fait, je veux bien passer une heure, à vos côtés, le soir, au lit. Dans quel lit ? Ce serait mieux au bout de la maison...L'ennui c'est que la chaudière tourne. Vous êtes prêt à payer combien, pour le chauffage ? – Ah, que tout cela est trivial et m'énerve – Mais bon, comme vous n'êtes pas encore  l'homme de mes rêves avéré » il faut bien que je songe aux plates nécessités de l'existence !

Vous ne m'avez pas dit si vous souhaitez (exigez...) manger à midi pile. Si oui : éliminé d'office !

Et ne me parlez surtout pas de voyages et de restaurants. Bon, OK, le restaurant, une fois hebdo, où on mange bien, pourquoi pas ! Ah, en voilà plusieurs pour qui ça semble être la définition du bonheur. Stoppons-là !

Ah, en voilà un qui semble aimer une femme sans activités perso – bon, stop, ces rêves ne correspondent pas aux miens.

Bon. J'aimerais bien quelqu'un de « sortable ». Et rasé fraichement. A moins, carrément, d'une barbe joyeusement affichée. Mais si vous vous présentez à moi, Monsieur, non rasé depuis deux jours , c'est que vous aimez la provoc – ou carrément que vous avez la main molle : Adios amigos !

Savez-vous réparer un verrou de porte ? Tenez, un test : dites-moi comment vous allez réparer ce verrou ? Juste placer dedans le trou du loquet branlant la vis adéquate !? Vous êtes éliminé d'office, car vous êtes un bêta ! Plus aucune vis ne peut être ancrée dans ce trou élargi....Au suivant !

Quoi ?! Vous m'avez placé le verrou juste à l'endroit que je ne voulais pas !? Certes, bien placé et solide ! En fait, vous me montrez bien que c'est vous qui faites la loi chez moi. Bon ! Au suivant !

Ah, en voici toute une autre liste, là, sous mes yeux, (J'avais oublié de tourner la page...) Enervant, ces agences qui prennent toute la place. Enfin, c'est ainsi : Plein de machos cherchant femme douce et gentille , Ah, parfois, j'ai envie, rien que pour le plaisir, de leur dire leur quatre, à ces mecs inconscients. Ou plutôt trop conscients ! La femme dans toute sa soumission ! Et son rôle effacée! Enfin, Messieurs ! Si la qualité première d'une femme, pour vous, c'est d'être  douce et gentille , c'est que pour vous, les multiples autres qualités ne comptent pas !!

Enfin quoi !? Vous m'avez déjà vue en train d'animer mes cours de gym !? Ce n'est pas parce que ces dames sont nonagénaires pour que je me dispense de maintenir en forme leur indispensable tonus ! Donc, à présent, nous allons nous battre contre l'adversaire avéré qui se trouve...à droite : bing, lancement du poing fermé, à droite !...L'adversaire à gauche...bang...lancement de l'autre poing fermé, à gauche toute...A présent, bonne claque – à droite d'abord – ehhh... vite, tournez la tête, lancez la main - claaaque, à gauche, toute. L'adversaire en a son compte, on passe aux coups de pieds! ( Vous me semblez, Mesdames, frétillantes de plaisir ! C'est pas une revanche sur la vie, ça !? Hahahh!)

Non, mais , « femme douce », on me défie, ou quoi !? »

Confidence au lecteur : Ne croyez surtout pas que je cherche à rencontrer quelqu'un. D'ailleurs, je ne sais pas si vous l'avez remarqué : je suis une petite difficile !

Votre Sim


NB

Edito d'avril 2010 :


Edito : Lettre à Monsieur et Madame - ou Les bonnes questions)

J’aime écrire ! Et j’aime dire ! Mais point écrire pour ne rien dire ! Verlaine avait bien écrit Lettre à Madame. Moi, je vais écrire : lettre à Monsieur et Madame. En ajoutant le patronyme LESPATIENTS, je vais, de plus, personnaliser la chose. Je vous mets de suite à l’aise : outre mon titre (un peu pompeux) de présidente-fondatrice de mon association, l’on me nomme également dans le civil « Madame LAPATIENTE ». Il est vrai que vous et moi sommes proches parents. Parenté de fonction. Et peut-être aussi (du moins je le souhaiterais), parenté d’âme. Du moment que nous sommes « patients », et entre parenthèse, de surcroît, souvent, fort patients, nous sommes forcément, des malades potentiels – ou des malades accomplis – ou en train de le devenir ! Et de ce fait, un peu comme Mr Jourdain maniait la prose, nous manions la médecine – sans le savoir ! A l’opposé des médecins, lesquels la manient – en le sachant.

A défaut de nous prescrire des petites pilules joliment colorées, nous les avalons généralement sans trop de complexes. A défaut d’être tous hypocondriaques, et de nous trouver au moins une maladie par lettre de l’alphabet (français), bien souvent, tout au long de la vie, nous nous répétons néanmoins: « Pourquoi moi !? ». Ou : « Pourquoi pas moi !? »

Et nos questions, elles restent si souvent sans réponse. Aussi, au lieu de les poser au bon Dieu, ou à un Oracle désespérément muet, personnellement, je me suis dis : Et pourquoi donc ne pas poser nos questions existentielles directement à la source, c'est-à-dire au médecin !? Au médecin spécialiste et ou au généraliste ? Au gastro, à l’ophtalmo, au cardio, etc. ?

Là, je me suis aperçue que pour les poser d’une façon pertinente, il convenait au moins d’en connaître un minimum sur la question ! Car, voyez-vous, à la fac, pendant les cours de mathématiques et statistiques, lorsque le prof s’arrêtait dans son élan pour demander « qui n’a pas compris » ? … et que les têtes se baissaient, accablées et honteuses, et qu’aucune voix indignée ne s’écriait :

« PERSONNE, Monsieur le Prof, n’a compris votre charabia ! »

Alors, le prof, paisible et rassuré, pouvait poursuivre son monologue…Tout le monde avait fait semblant d’avoir compris ! Dès lors, lui aussi pouvait bien faire semblant d’avoir été clair !

Bien sûr, pour poser les questions d’une façon pertinente, il faut déjà savoir formuler ces questions. Il faut aussi qu’elles vous viennent à l’esprit. L’autre jour, un ami m’a confié : 

- Je sors de chez l’ophtalmo. Tout est bien pour moi ! 

- Oho ! Il a mis combien de temps à te recevoir !?

- Bah…Cinq ans ! Mais fais gaffe ! : pendant 4 ans, je ne me suis soucié de rien, ensuite j’ai demandé le RV, et j’ai attendu un an. C’est le délai !

- Ouaih…et alors !?

- Ben alors, je me suis fait engueuler !

- !?

- Pourtant je lui avais dit : Docteur, je vois bien, j’ai pas de problèmes. Mes lunettes conviennent, c’est juste par acquit de conscience, quoi !

- « C’est pour votre TENSION (GROS BÊTA !)…Pour la mesure de votre tension, Monsieur, que vous deviez venir, absolument, à votre âge ! » Et du coup, elle m’a mesuré la tension (dans l’œil), et m’a dit : « C’est bien » !

- Et t’avais combien !?

- Qu’est-ce que j’en sais ! C’la n’a aucune importance !

- Si ! Cela A de l’importance ! Elle t’a parlé du glaucome ?

- Je ne me rappelle plus…

- Tu sais que si tu as 20 de tension dans l’oeil, c’est le début d’un glaucome ?

- Pour l’instant, je n’ai rien…

- Et si t’as un glaucome, non stabilisé, tu risques la cécité !

- Beuhhh…

- Bon, ben, écoute, moi, j’ai déniché un ophtalmo chez qui je vais me rendre au mois de mai, et dont le délai d’attente n’est que de 5 mois !

- Comment t’as fait !?

- Il exerce dans une petite (toute petite) ville. Et c’est l’opticien qui me l’a recommandé…

- Ah bon !?

- Pas vraiment recommandé, mais ça c’est passé comme ça : je me suis rendue chez l’opticien, pour lui poser quelques questions, car mon ophtalmo habituel – que je vois tous les ans, ou tous les deux ans, déteste totalement répondre à mes questions ! Dès que je commence, il se contient à grand peine pour ne pas me taper, ou me pousser en dehors de son cabinet…

Du coup, je m’en suis plainte à l’opticien, lequel m’a affirmé : « Madame, les ophtalmos, en règle très générale, répondent sèchement à nos questions, lorsque nous sommes obligés de leur en poser, parfois ! Or, nous en avons trouvé un qui y répond à présent complaisamment ! C’est merveilleux !

- Vite, je pris bonne note des coordonnées, et, depuis, je suis rassurée, j’ai trouvé l’ophtalmo de mes rêves, et il me répondra ! Et figures-toi que, par hasard, dans le journal, j’ai vu mentionné son nom à propos d’une conférence qu’il a donné dans une école. Une école de grands, certes, mais pas du niveau polytechnique ! Première fois que je vois un ophtalmo donner une conférence de vulgarisation !

Cela me donne une idée, d’ailleurs, pour une future conférence « La vue, c’est la vie », ou quelque chose dans ce goût-là, tu vois… !

- Cela a à voir avec ton truc sur le cancer !?

- Pas vraiment…Mais avec l’éducation du public. Et tu vois, ça me passionne !

Albert mange sa choucroute avec passion. Ils l’ont quand même servi un peu chichement, pour ses un mètre quatre vingt cinq ! Le connaissant comme point trop narreux, je lui cède la moitié de ma part, trop abondante. Les microbes en prime. Il accepte le tout avec un plaisir qu’il souhaiterait secret… Mais à mon œil de lynx, rien n’échappe (avec ou sans ophtalmo !!)

Et, à propos de microbes : L’hygiène, c’est la vie. Mais point trop n’en faut !

Ou encore : le mieux est l’ennemi du bien.

Aurevoir, ami lecteur, et rendez-vous, pour le prochain éditorial, au début mai

Votre Sim



NB

Edito de décembre 2010 :


Edito : Noêl-Espoir

Rêveuse, je contemplais sur mon bureau le personnage hybride, mi-danseuse, mi-patineuse, qui levait les bras, en quête de l'infini, vers un soleil pâle. Sa robe était d'un vert cru, parce qu'il fallait bien attirer le regard. Des patins à glace, aux contours affirmés, réflétaient mon amour de ce sport très spécial, en particulier, et de la pratique de l'activité physique, en général. « Le mouvement, c'est la vie, et c'est l'espoir », aurait pu s'intituler mon logo ». Et c'est ce qu'il se voulait de suggérer, en-dessous des caractères un peu tremblotants de ce mot composé, mélange ambigu de peur et de joie : CANCER-ESPOIR. Ce titre chapeautait notre patineuse, un peu comme un parapluie, et ce qui me bottait par-dessus tout, c'était le terme ESPOIR, tout en haut, et tout grand. C'était le seul mot à retenir, la seule leçon à tirer de notre foutue vie, « et de ses manigances, qui ne pourraient pas nous prendre nos amours, pour la seconde fois », pour paraphraser une chanson restée célèbre !

La danseuse-patineuse s'avançait dans un nuage pastel. Etait-elle happée, ou ne l'était-elle point, par une sorte de fantôme blanc, en arrière-plan, crabe ou méduse, avide de la phagocyter rapidos?

Et, le regard lointain, je continuais à interroger le présent, le passé et l'avenir.

La déco de Noël commençait à réapparaître en premier plan, s'affichant déjà, encore timide, , joyeuse et insouciante sur la toile sombre de nos nuits d'hiver. Bientôt, elle nous envahirait de son omniprésence. Factice, féérique, prenante. Elle inciterait, autoritaire, à l'achat attendri de l'ours en peluche, de la Barbie, et d'une kyrielle de choses les unes plus utiles ou inutiles que les autres, et dont la qualité première serait de faire plaisir à celui qui, en catimini, les placerait sous le sapin, bien davantage encore qu'à celui qui les y ramasserait!

Noël pour tous ! Pour ceux, partis, dont le souvenir serait honoré par quelques branchages sur une pierre gravée. Pour ceux qui restaient et qui, devant toutes ces boules scintillantes, iraient se cacher pour pleurer. Noël pour tous ceux, insouciants, serrant dans leurs bras enfants, parents, amis, amants.

Pour tous ceux qui, marchant droit, ne boîtaient pas. Pour tous ceux qui, aidés de leur déambulateur, avaient la chance d'être affranchis d'une chaise roulante. Pour tous ceux qui, en chaise roulante, avaient le bonheur de pouvoir encore parler, s'essuyer le nez, et manger tout seul. Pour tous ceux qui avaient encore leurs yeux pour voir les belles boules, et leurs oreilles pour entendre les chants liturgiques.

Oh, serais-je animée de « la langueur des automnes monotones » !?

Pourtant, hier, moi aussi j'avais fait mon cadeau de Noël. Discrètement, avec un mois d'avance, et sans préméditation ! Dans l'une des maisons de retraite où j'allais périodiquement faire mon petit tour, j'avais croisé une dame toute menue, toute petite, l'air très très préoccupé, et qui, d'une voix fluette, à la fois affirmée et timide, me confessa qu'elle ne pouvait plus pénétrer dans sa chambre, dont elle n'avait pas la clé, et dont la porte avait été, d'autorité verrouillée par, semblait-il, un personnel un peu pressé. Toute la journée, elle avait erré, en quête d'une clé mystérieuse, dont l'absence lui interdisait l'accès à son petit havre de sécurité : SA chambre ! A l'instar des autres pensionnaires, elle ne disposait plus que de ce bien-là : ces quelques mètres carrés proprets, avec WC et douche, et quelques objets intimes, à placer ou accrocher où elle le souhaiterait. Cette dame (je m'abstiendrai de dire « la petite dame », ou « la petite vieille », parce que ces termes sont plus condescendants encore qu'ils ne sont gentils), cette dame me paraissait avoir, comme on dit « toute sa tête » ! A notre atelier-mémoire, elle avait participé par des réponses dénotant un étonnant degré de culture générale. L'après-midi, j'étais retourné à la résidence pour y récupérer un dossier confidentiel oublié dans la salle-atelier. J'avais obtenu du personnel une clé pour ouvrir la porte, et c'est-là que Paulette (il s'agit d'elle) avait croisé mon chemin, à nouveau, et m'avait présenté sa requête. Je l'avais tenue par la main, et nous avions déambulé dans les couloirs, à la recherche d'un trousseau de clés, pour ouvrir sa porte. Après moult recherches, interrogations et errances, nous avions aboutis au service Alzheimer, où j'étais parvenue à pénétrer, mais duquel nous avions eu un certain mal à nous échapper. Paulette était soupçonnée de s'être trompée d'étage. Pourtant non, elle affirmait le contraire. Après quelques valses-hésitations dans l'ascenseur, tenant toujours Paulette fermement par la main, je me retrouvais en sa compagnie devant sa supposée porte, effectivement et solidement fermée à double ou triple tour...Qu'allions-nous faire ?! Le samedi après-midi, le personnel était rare dans les longs couloirs. J'eus l'idée d'essayer la clé que je tenais en main, celle de la salle-atelier. Elle me semblait bien compliquée, cette clé, mais c'était le sésame qui parvint à ouvrir la porte...du paradis ! Il s'agissait bien de la chambre de Paulette, et sans le savoir, je tenais dans ma main un passe-partout !

La joie et le soulagement de cette femme, qui avait été conduite jusqu'à son petit havre de paix par une main amie, et ses remerciements attendris, furent peut-être le plus beau cadeau de Noël que j'aurai l'occasion de faire pour 2010. L'intensité de cette joie, en face d'un petit bonheur retrouvé me réchauffera le coeur, autant, je crois, que les boules multicolores suspendues dans le ciel d'hiver. Et même davantage. Car les boules sont pour tout le monde, mais cette joie, elle avait été pour moi toute seule !

Einstein disait bien : « Tout est relatif » !

Votre Sim



NB Editorial d'OCTOBRE 2014

Ecrit par Simone Schlitter, dite « Sim ».


Ah, ces cadeaux !

Tout le monde connaît l'histoire du petit bijou fantaisie fabriqué artisanalement par Brigitte, avec les initiales de Corinne gravées dessus, et retrouvé par cette même Brigitte au cou d'Anne-Sophie, laquelle racheta la petite merveille aux Puces pour 4 € ! Raison d'une brouille totale et définitive entre Brigitte et son ex-amie Corinne.

Mais d'autres scénariis (« scénarios », pour ceux qui parlent le français ordinaire) existent : Mon mari souffrait d'une maladie rare. Je me documentais beaucoup à l'époque, et tombai, dans une boutique, sur le titre d'un livre qui entretenait précisément le lecteur des multiples et complexes aspects de cette maladie. J'en achetais vite deux exemplaires : l'un pour ma documentation perso, et un autre pour offrir à notre médecin généraliste de l'époque. Je m'attendais à ce qu'il m'en remercie gentiment. Mais il me rendit le livre, totalement outré ! J'avais osé supposer qu'il avait encore quelque chose à apprendre à propos de cette maladie ! C'est ainsi que je continuais ma progression, tout droit, vers l'enfer, sur le chemin qui, comme on sait, est pavé de bonnes intentions...

Une autre fois, je m'étais mise à fréquenter assidûment un certain dentiste ; La fréquentation ne portait que sur les soins dentaires. Pendant un semestre, toutes les semaines, coucou, je me retrouvais dans sa salle d'attente, et, peu à peu, on se mit à parler de tout et de rien, et surtout, bien sûr, aussi, d'histoires de dents. En toute innocence. Il m'entretenait parfois de problèmes particuliers qui pouvaient se présenter, par exemple avec des dents de sagesse poussées « à l'intérieur », et pressant les extrémités de l'un des nerfs trijumeaux. Tout ça n'était pas drôle pour ceux qui en étaient affligés.. Ou encore des différentes techniques de pose de certains implants. Les sujets de conversation à propos des problèmes de bouche, en fait, me passionnaient. Mon dentiste n'était pas totalement obsédé, toutefois, par les histoires de mâchoire, et parfaitement capable aussi de me confier que l'un de ses gosses avait été pris de nausée à la foire sur la grande roue. Lorsqu'arriva la fin de mon traitement, je réalisais que j'allais un peu regretter nos petites conversations sympas, et que cet homme, ma fois, avait été bien patient, bien dévoué, et que j'en conserverais un souvenir d'autant meilleur qu'il avait su me faire oublier, pendant de longs mois, l'image généralement plutôt inquiétante concernant cette profession. Je décidai de lui faire un cadeau personnalisé. Pas simplement une boîte de pralines qu'il aurait contemplé, les yeux ronds. Non, je donnais la préférence à quelque chose de recherché, de travaillé.. De stylé, quoi. A défaut d'un panneau mural, je lui offris un tableau fait de mes mains. Et comme j'ai l'esprit malicieux , je le représentai tel un personnage naïf, en blouse blanche, au milieu d'une pelouse de petites fleurs – et à y regarder de plus près, elles avaient toutes la forme de dents. De toutes les couleurs. Le personnage s'abritait sous les branches d'un arbre, lequel portait des feuilles de différents tons pastel dans la gamme des verts tendres, et à les regarder de plus près, là aussi l'on y reconnaissait les molaires, les prémolaires, les canines et les incisives. Ainsi que certaines variétés de pommes, dans les tons rouges, et à les voir de plus près, on voyait bien qu'il s'agissait de mâchoires enflées. L'ensemble était vraiment stylé, avec un certain cachet. Tout à fait digne d'être placé dans un vestibule de dentiste, voire dans son cabinet, car le corps médical est généralement sensible à la culture et à l'humour. Et à certains petits clins d'oeil malicieux. L'objet avait d'ailleurs mobilisé de ma part de nombreuses heures à tracer ces petites dents, afin de faire un cadeau sérieux et point bâclé. Mais bon : là encore, pas de chance. Un jour, j'appris de la propre bouche de ce dentiste - devenu presque un ami - que mon cadeau avait inquiété nombre de personnes, et que lui-même, très gêné, préférait ne pas m'en parler...Je ne compris d'ailleurs jamais pourquoi au juste il avait de son propre chef abordé le sujet en m'en parlant pour me dire « qu'il ne voulait pas en parler ! » Enfin bon, sur ce chemin de l'enfer, pavé comme vous savez, je continue présentement, ma progression vers le centre de la terre. Et puisque déjà je parle « d'enfer », je vais aussi raconter une histoire de Sainte Vierge :

Ma belle-mère, de son vivant, était une bien brave femme. Mais, à propos de religion, d'un fanatisme renversant. Comme nous-mêmes n'étions ni pratiquants ni croyants, nous subissions de ce fait, de sa part, soit simplement de petites allusions, qui se voulaient taquines, dans ses bons jours, soit de véhémentes diatribes, et « leçons de morale », lorsqu'elle était de mauvais poil. Ceci dit, un beau jour, mon époux et moi passâmes par Lourdes. Il eut été fâcheux d'omettre de lui acheter à ce propos un souvenir, dans l'une des innombrables boutiques pour touristes. Notre dévolue fut jeté sur une petit Sainte Vierge enrobée de verre (ou de plastique), pouvant servir entre autre de presse-papier. Lorsqu'on retournait le presse papier, de la neige se mettait à tomber. Et dans sa position normale, les petits flocons restaient suspendus dans le paysage, immobiles. Un jour de fureur, belle-maman nous annonça, indignée, qu'elle allait nous rendre ce presse-papier, tout-à-fait offensant et blasphématoire, car... Oui, pourquoi, en fait ! ? Eh bien, nous ne l'avions pas remarqué (car il fallait prendre une loupe!):un petit flocon restait toujours accroché au milieu du visage de Marie, et cela voulait bien dire ce que ça voulait dire : la religion et ses saints personnages étaient moqués par nous, blasphémateurs. Elle avait d 'ailleurs soumis la figurine à d'autres personnes de son entourage, et elles avaient effectivement remarqué la même chose. Et, venant de personnes « païennes », comme elle aimait nous nommer, cela ne pouvait signifier que – oui, que quoi, au juste !? Eh bien, une très mauvaise intention ! Une inquiétante intention... Mon mari piqua une colère noire, et moi, aujourd'hui encore, j'en reste là, les bras ballants !

Mais le pire qui m'arriva...ah...je ne vais pas vous le dire...chacun de nous a droit à ses petites pudeurs et ses petits secrets – dans ma colère, tiens, j'étais sur le point, mais bon, nous en resterons, pour l'éternité, à ...la sainte vierge de belle-maman...ce n'est déjà pas mal !!

NB


MA VIE PAR L'AUTRE BOUT:


Histoire autobiographique

Racontée par Simone Schlitter


Ma vie par l'autre bout : Avant-propos

Pour les lecteurs-lectrices

de P'tit canard bavard


Je mettrai à votre disposition certains épisodes d'un livre que je suis en train d'écrire. Il s'attarde sur la 2è guerre mondiale. Braque la caméra sur la vie des gens, ici, en Alsace Lorraine, pendant cette période douloureuse. Sur les bombardements parfois incessants. Notre vie d'alors, cachés dans les caves. Le rationnement. Mon père, qui ne m'aimait guère. Mes grands-parents que j'adorais. Les soldats américains, leurs cigarettes et leur bonne humeur. Mon cousin-Roger, qui devint mon mari. Ma vie de jeune fille pauvre. Sans perspectives. Et puis ma dure vie de jeune mariée, avec quatre bébés en quatre ans. Et puis et puis...Et moi et moi...

Je vais essayer, plus ou moins régulièrement, de publier ici la suite des épisodes Bonne lecture. Sim



EPISODE 1


Le lugocalcion, en 1937 :


Le premier médicament qui impressionna ma mémoire d'enfant se dénommait « Lugocalcion ». Il était blanc, comme du lait, épais, légèrement visqueux. Je l'avalais avec application, en frémissant de dégoût. Mais il me fit du bien. Il m'apporta le calcium qui emprisonna les mauvaises bactéries dans une prison cristalline imperméable. Depuis ma petite enfance, elles sont restées là, ces bactéries, passives, impuissantes, pendant que je guérissais de la tuberculose, qui avait attaqué mes poumons de fillette après une coqueluche prolongée. Chaque fois que je passe une radio pulmonaire, le radiologue affirme: « Quelles belles cicatrices » !

C'était grâce au Lugocalcion. Et aussi aux cataplasmes de farine de lin. Et aussi à l'infini patience de pépère et mémère, lesquels, à l'époque, s'occupaient de moi. J'avais peut-être 6 ans. En 1937. Faites le calcul...

La farine de lin était chaude, et me brûlait un peu l'omoplate gauche. Quand je suis fatiguée, elle me chatouille, cette omoplate. Ce sont peut-être les bacilles, emprisonnés-là pour toujours, qui manifestent. Beaucoup plus tard, j'appris que c'est là le seul moyen naturel que possède notre corps pour lutter contre le bacille de la tuberculose : l'emprisonner dans une gangue calcaire.

Ces cataplasmes, appliqués au lit, tous les matins, (nous étions en vacances et je n'allais pas à l'école...) m'impressionnaient passablement. Leur enveloppe était toute fine, un peu grasse au toucher, et l'odeur dégagée était...indéfinissable...impossible à décrire. Point désagréable. Pas franchement agréable. Spéciale. Reconnaissable entre toutes. Parfois, j'assistais au réchauffage de la farine de lin, dans une casserole, sur le fourneau. Cela ne sentait pas réellement mauvais. Cela donnait même un peu envie d'en manger.

Et un jour, le médecin rassura complètement pépère et mémère : j'étais guérie à présent. Je n'ai conservé aucun souvenir des rares médecins qui passaient par chez nous, à cette époque. Juste une fois, mémère s'était énervée après pépère, parce qu'il avait ouvert au médecin la porte d'une main, en tenant un vase de nuit dans l'autre. Cela m'avait fait bien rire.

Le collyre pour mes yeux, en 1937 moins 1, ou moins 2...

Je suppose que je n'avais pas encore 6 ans, à en juger par ma terreur d'alors : Tâton me tenait une jambe. Nononcle l'autre jambe. Pépère les deux bras. Et mémère m'appliquait une goutte dans chaque œil. Je n'ai jamais su pourquoi, et peu m'importait. Tous les jours, cela donnait lieu à de stridents hurlements, d'hystériques contorsions, et tant de larmes coulaient de mes yeux qu'il est permis de penser que les gouttes s'étaient délayées dans cet océan bien avant que d'avoir eu le temps d'agir si peu que ce soit. J'étais ainsi faite : « touche pas à mes yeux. »...ça m'est resté.

Les draps froids et mouillés... 1936 ?

Je n'avais pas encore eu la coqueluche. Et nous habitions à Berthéleming. A la gare. La chambre à coucher était immense. Nous étions couchés, côte à côte, Paul, mon frère, et moi. Et puis tout à coup, nous avions poussé des cris aigus. On nous enveloppait dans d'immenses draps mouillés et froids. Le médecin avait dit : « C'est pour faire tomber la fièvre. » Ma mère avait son air préoccupé, comme toujours. Mon père s 'amusait un peu, à aider, ainsi, parfois, (plutôt rarement) pour faire les choses ennuyeuses ou difficiles de la vie. Paul et moi, on claquait des dents, très fort. Un peu plus tard, ou un peu avant, j'avais demandé à mon père : « est-ce que j'aurai à boire, quand j'aurai mangé ma chemise de nuit ? » Mon père avait ri à gorge déployée. Je ne savais pas pourquoi. Je n'avais pas vraiment envie de le savoir. Et non plus de rire.

A l'époque, les médicaments pour faire baisser la fièvre n'existaient pas. Nous avions survécu, Paul et moi.

La pommade de mémère, de 1938 à...

C'était une pommade au camphre. Cela j'en suis sûre. En fonction de l'odeur. J'aimais cette odeur. Au début la chère-soeur venait pour soigner les ulcères de mémère. La figure de la chère-soeur était toujours la même : comme celle d'une poupée de cire. Elle ne grondait jamais et ne souriait jamais. Je crois me rappeler qu'elle parlait un peu. D'une voix un peu rauque et monocorde. Elle coupait des bouts de toiles avec de grands ciseaux sortis de je ne sais où. Les plaies de mémère étaient grandes et profondes. Au moins 1 cm de profondeur. Il ne restait plus beaucoup de vraie peau sur les jambes. Cela s'appelait: ulcères variqueux. Aujourd'hui encore, je déteste en parler. Cela me fait trop mal. J'aime juste me souvenir que bien plus tard, mémère, pendant la guerre, n'appliquait plus aucune pommade. Elle faisait bouillir du lait, le laissait refroidir y posait de petits bouts de toile découpée à la dimension. Elle posait cela doucement sur les plaies, qui ne guérissaient jamais. Alors, je distinguais les signes de l'apaisement sur son bon visage. Et l'oppression qui pesait des tonnes sur mon cœur de gosse se dissipait peu à peu, remplacée par des ondes de bonheur.

Le fémur de maman, en 1940 :

Nous habitions Strasbourg, exactement au 2è étage de l'immense bâtiment de la gare. Car mon père y exerçait les fonctions d'inspecteur de gare. Il avait choisi de rester là pendant l'occupation. C'était tout de même son droit. Et c'était le début de la guerre. Dès la tombée de la nuit, nous étions tous soumis à la « Verdunklung » (traduit : obscurcissement). Aucune lumière n'avait le droit de filtrer, de nulle part. Dans la gare, il n'y avait pas de volets ou de stores. D'énormes panneaux avaient été fabriqués par le personnel, qui formaient d'hermétiques barrages à des rayons de lumière qui eussent pu trahir la présence d'une ville. Dès la tombée de la nuit, nous étions astreints à le faire. C'était vital, mais malgré tout, les avions anglais possédaient leurs repaires de route, et venaient très régulièrement nous bombarder. La gare était une cible privilégiée. Nous ne l'oubliions pratiquement jamais. Sinon nous étions rappelés à l'ordre par les Schupo qui actionnaient un sifflet tout à fait strident, en criant haut et fort : »Verdunklung ! »

Ma grand-mère paternelle (mémère de Pange – par oppostion à ma mémère-maman – appelée « mémère », simplement) était venue en visite, et ma mère, pour lui faire plaisir, avait décidé que nous irions tous à la messe du matin, communier à l'église, en sa compagnie. Nous-mêmes étions peu pratiquants, mais visite oblige...

Quasi personne, à l'époque, ne possédait de voiture. Nous nous rendîmes à l'église, à pied, distante, peut-être d'un petit kilomètre, tôt, un matin d'hiver, au travers de rues complètement noires. Je me demande aujourd'hui comment nous pouvions nous diriger, dans ce noir aussi complet, et pourtant, sans hésiter, nous trouvions notre chemin, nous tenant, mémère-de-Pange, maman, mon frère et moi, par la main. Tout à coup, un grand cri transperça la nuit. Je me souviens m'être sauvée, n'importe où, puis être revenue, et avoir vu un Schupo (policier) s'occuper de maman, à terre. Mémère de Pange pleurait à chaudes larmes.

Un cycliste, silencieux, sans lumière (bien sûr), avait renversé maman. Il s'était ensuite sauvé, dans l'épaisseur de la nuit.

Maman fut placée au grand hôpital de Strasbourg. Mémère de Pange resta là pour s'occuper de mon père, son fils, et de mon frère Paul. Moi je retournais chez Pépère et Mémère, à Thionville, ma vraie patrie. Maman faisait de la rééducation. Un kiné l'obligeait à marcher, avec des béquilles, et à chaque pas elle hurlait . Personne ne s'inquiétait vraiment, car tous la connaissions comme plutôt pleurnicharde, quand l'idée lui prenait. Un beau jour où elle discutait avec un infirmier, celui-ci eut l'idée de lui proposer une radio de sa jambe.

Car c'était ainsi. On ne faisait pas systématiquement des radios, à cette époque. La radio montra une fracture du col du fémur, avec déplacement, et ma mère resta couchée à l'hôpital, six mois durant, enveloppée dans une coque de plâtre, depuis le gros orteil jusqu'au dessous du bras. Heureusement, mon père allait la voir tous les jours, environ 1 h, pendant laquelle il s'endormait toujours profondément, car c'était son heure de faire la sieste. (Ma mère nous le raconta par la suite). Il y avait aussi Mme C, l'une des probables maîtresses de mon père – mais ma mère l'ignorait – qui venait – en-même temps que son présumé amant, tenir compagnie à la malade.

Ensuite, maman rentra au bercail, et la vie repris son cours. Mes parents s'occupaient d'un jardin qui donnait de bons légumes, pas trop loin de la gare. Maman boîtait bas mais transportait courageusement les paniers de légumes et de pommes de terre. Concernant cette tâche particulière, point spécialement dédiée à la gente féminine, mon père, passablement macho, acceptait de l'aider. L'une des chaussures de maman possédait une talonnette qui réduisait les 4 cm de différence de longueur des jambes à 2 cm seulement.

Et je dois dire que cette jambe ainsi déformée ne l'empêcha nullement de vaquer à de nombreuses occupations, jusqu'à la fin de sa vie, à 87 ans. Pour pendre le linge qu'elle s'obstinait à laver sans machine, et à sécher au grenier, elle montait allégrément au 3è étage, et pour descendre, elle faisait de « la marche arrière ».

Je dois dire que sa vie fut notablement abrégée par une immobilité forcée. Atteinte d'Alzheimer, elle se sauvait de partout, et dans l'établissement où elle fut placée, il ne savaient rien faire d'autre que de l'attacher. Elle en mourut.

Elle s'était occupée de sa famille avec un grand sens du devoir. Et sans amour. Je ne le lui pardonnais jamais.

Que je n'oublie point de dire que les rares fois où elle dut faire un petit séjour à l'hosto, elle jetait systématiquement les médicaments distribués dans les WC. En cachette, bien sûr. Elle me conseilla de faire comme elle. Et chaque fois que j'en eu l'occasion, je le fis.

Episode 2

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Les médicaments chez mémère et pépère. La chaise « glissante ».

Les médicaments, dans leur conception actuelle, n'existaient pas. La chère-soeur de l'hôpital de Beauregard – le seul hôpital de Thionville, à l'époque – venait parfois. Soit pour les pansements des jambes de mémère, soit pour la pose de ventouses à pépère. Je n'avais pas le droit de trop rester dans la chambre à coucher, mais je voyais bien : de petits bouts de coton étaient trempés dans du « Schnaps », la chère-soeur y mettait le feu, les jetait d'une main experte dans de curieuses ampoules en verre (les ventouses), qu'elle appuyait ensuite sur le dos de pépère, qui avait l'air d'aimer ça. C'était « pour décongestionner ». Il y avait aussi les grogs, avec du miel, du citron et du rhum, que pépère buvait avec délice. Mémère n'en prenait jamais. Je n'entendis pourtant jamais pépère tousser. Certes, il ne fumait pas. De toutes façons, mémère n'aurait pas toléré. C'était elle qui commandait. Pépère chiquait, par contre. Je le voyais parfois découper sur une planchette, avec des gestes précieux, de longues bandes épaisses et noirâtres, ressemblant vaguement à du réglisse. Il en faisait des sortes de gros bonbons. Je n'avais pas le droit de toucher. Les morceaux étaient ensuite placés, à l'abri, dans un pot de gré rouge, sur le sol, dans l'entrée, là où il faisait plus frais. L'on me racontait souvent que, bébé, je m'étais traînée en rampant jusqu'à l'endroit stratégique, me remplissant la bouche de ces chiques bizarres dont le jus me dégoulinait sur le menton. Puis j'avais rampé jusqu'aux jupes de mémère, éternellement debout devant la cuisinière à bois, afin d'y chercher secours et protection, en hurlant de déplaisir.

Pourtant, ma bien-aimée mémère ne resta pas toujours debout, ainsi, devant la cuisinière. Peu à peu, elle ne quitta plus sa chaise. Non seulement ses ulcères la faisait souffrir terriblement, mais de plus, ses jambes se refusaient à la porter. Je crois que c'était un problème de hanches, car elle crispait ses mains, toujours, sur ces endroits-là, en gémissant. Quand elle se levait de sa chaise, elle se cramponnait à la table, et s'y arc-boutait, afin de faire seule ses besoins, après que pépère lui eut glissé la bassine par dessous. Plus tard, c'est moi qui pris le relai de pépère, quand je venais en vacances. Je le faisais avec une joie immense. Mémère était toujours émerveillée de la patience que – paraît-il – je manifestais ainsi, à courir dans tous les coins, pour apporter le pot de beurre, la cruche à café, la salade de concombres, placés à même le sol, dans le cellier. Toutes ces actions qui représentaient pour mémère des obstacles si durs à franchir, sur sa simple chaise. Ce qui obligeait pépère, quand j'étais absente (pendant les périodes scolaires), à rester souvent présent dans la cuisine, au lieu d'oeuvrer à des occupations plus normales. Pépère, en effet, avait exercé le métier d'artisan menuisier. Après sa retraite, il se rendait encore précieusement utile aux alentours, pour réparer ceci, confectionner cela...refaire un sommier, remettre à neuf des matelas de bonne laine, réparer une porte, en construire une autre, réparer un plancher, déboucher un évier, et bien sûr, j'en passe ! Pendant la guerre de 1940 à 1944, il échangeait ses services, à la campagne, contre du lard, du jambon, de la saucisse, du beurre et des œufs. Cela s'appelait « hamstern ». C'était sévèrement réprimé, car chaque famille disposait de tickets alimentaires, pendant cette longue période de rationnement. Leur nombre était calculé en fonction de la grandeur de la famille et du nombre d'enfants. Mon frère et moi avions droit à un demi-litre de « Vollmilch » (lait entier), chacun. Mes parents n'avaient droit chacun qu'à un quart de litre de « Magermilch » (lait maigre) Le tout mélangé nous permettait quand même de disposer par jour d'un litre et demi de lait à l'époque.

La Hamsterei – je ne sais comment traduire – le « troc », en effet , ne réflète pas le côté interdit et un brin canaille de l'action – la Hamsterei, interdite, n'était que rarement établie « la main dans le sac », donc rarement punie, et dès qu'une accointance se profilait, direction campagne, on sautait sur l'occasion.

A l'époque, tout se réparait. Rien n'était jeté. Chacun possédait, dans l'une de ses armoires, des bouts de tissus emballés, imprégnés de naphtaline, et aussi d'une boîte contenant des morceaux de sacs à mains, bottes, etc. faits de cuir ou de peaux.

Ma présence avait fini par soulager pépère, un temps bref, mais heureusement répétitif, à chaque période de vacances, d'occupations pour lesquelles sa grosse force, impatiente d'oeuvrer d'une façon plus constructive, se mutilait complètement. A l'époque, je n'analysais pas les problèmes ainsi qu'aujourd'hui. Je courais à droite, à gauche, toute contente d'être utile en même temps que de courir. A la maison, on ne me demandait jamais rien. Ou alors, papa et maman exigeaient, d'un ton pincé, préoccupé. Maman me priait juste lorsqu'il s'agissait de jouer au soldat avec mon frère. Alors, mollement, je jouais. Ou alors mon père me donnait une fessée en exigeant : « joue au soldat avec Paul ! » Alors je jouais. Mollement. Lorsque j'avais six ans. Mais plus à l'âge de 10 ans. Car alors, mon frère, âgé de presque douze ans, se cachait pour jouer au soldat. Je considérais longtemps cela comme une douce obsession dont il convenait que je me moque. Cela m'arrangeait...et me vengeait des contraintes subies. Aujourd'hui, Paul et moi, devant un échiquier, ou une tasse de café, nous en rions parfois.

Mémère n'avait d'autres ressources que de se déplacer en imprimant à sa chaise de brèves secousses, pour la faire avancer en glissant sur le plancher de bois. Heureusement pour elle, sa maigreur était un avantage. Elle avait plusieurs fois demandé à pépère de lui placer des roulettes sous les pieds de la chaise, mais pépère avait toujours refusé. « C'est trop dangereux », disait-il. Aujourd'hui je comprends pourquoi. Depuis que je manipule, lors de mes visites aux malades, les chaises roulantes actuelles, munies de leurs indispensables freins, je comprends : en se mettant debout, freins non bloqués, on imprime à la chaise un premier mouvement de recul, et en se remettant assis, un deuxième recul. Au temps trois, on se retrouve les quatre fers en l'air, avant d'avoir eu le temps de compter. Donc pépère avait raison de ne pas poser de roulettes sous les pieds de la chaise.

En ce temps-là, les chaises roulantes n'existaient pas. Du moins n'étaient-elles pas accessibles au public. Et les prothèses de hanches étaient encore à inventer. En 1950, j'entendis, la première fois de ma vie, parler de prothèses, à propos d'une amie de ma mère. Opération de la hanche qui semblait ratée, d'ailleurs, en fonction des lamentations durables, des années durant, de l'amie Marguerite. Ma mère avait dit, pragmatique : « on lui a enlevé la hanche, et mis un bout de fer à la place ».

Mémère ne disposait d'aucun antidouleur. Je ne crois pas que cela existait avant et pendant la guerre. Du moins ailleurs qu'à l'hôpital. A part le Schnaps, c'est à dire l'eau-de-vie, dont mémère n'aurait jamais absorbé la moindre goutte, même sous la menace des feux de l'enfer.

Mémère entre 1880 et 1890

C'était une belle jeune fille. Je le vois sur sa photo de mariage, imprimée sur du gros carton glacé, dont l'encre a jauni et pâli. Elle ressemblait à Simone Veil, en plus jeune, forcément...Même allure douce, distinguée, mais déterminée. Elle avait été élevée par « Tante Catherine ». Elle en parlait avec vénération. Sa voix, alors, se transformait en caresse. Et je crois bien que, par rapport à moi, dans son cœur et dans le mien, elle était « ma bonne Tante Catherine ». Ses parents tenaient une quincaillerie, à Delme, près de Chateau-Salin. Mon arrière-grand-mère avait une réputation bien établie de grande sévérité, et même de méchanceté. Mémère en parlait rarement, et sa voix devenait alors comme étouffée. Ils étaient à cinq, dans la fratrie. L'un de ses frères, son préféré, le bon oncle Henri, mourut, encore jeune homme, d'une péritonite. A l'époque, le terme « adolescent » n'était pas employé. D'enfant, on passait à l'état de jeune homme, ou de jeune fille, chargés de travail et de responsabilités.

L'oncle Henri et son frère revenaient des champs, en char-à-banc. Ce véhicule, tiré par un ou des chevaux, pouvait être chargé de ce qu'on voulait, mais comportait un banc, pour s'asseoir, sur le devant. En rentrant des champs, l'oncle Henri avait fait « comme ça » avec son fouet, et il s'était empiffré de pommes vertes, car il avait soif et faim. Ensuite, il s'était désaltéré à la fontaine, car sa soif était loin d'être apaisée. Et ensuite, il s'était tordu de douleur, des jours durant. Le médecin avait diagnostiqué une péritonite, avec interdiction de boire. Mais comme l'oncle Henri, alité, mourait toujours de soif, ma grand-mère, sa sœur, avait cédé à son souhait, et lui avait apporté une bouteille de bière. Il la lui avait arrachée des mains (« comme ça »!), et s'était désaltéré goulûment au goulot. (Comme ça ! » Et sur ce, il était mort rapidement. Mémère ne s'en consolait pas. Je le voyais bien ! Dans la famille, par la suite, un principe s'ancra solidement : ne jamais manger de fruits verts. Ne jamais boire de l'eau après avoir mangé des fruits crus. Même mûrs. Une fois, mon frère et moi avions dérogé à ce principe : nous nous étions, en forêt, empiffrés de fraises des bois, puis nous étions désaltérés goulûment à la fontaine. Puis nous nous étions couchés, nous tordant de douleur. La péritonite fut évitée de peu.

Faute de médicaments, il fallait bien prendre quelques précautions, par ailleurs...

Mémère, jeune fille, rentra chez ses parents, et fut embauchée pour porter sur son dos de lourds fourneaux en fonte, déposés ensuite dans les chars-à-banc des paysans venant les acheter. Au moins 50 Kg, par fourneau, racontait-elle, un brin tristounette.

A l'évoquer, je comprends mieux ses problèmes de hanches...Avec ou sans ostéoporose...A défaut de problèmes de vertèbres, qu'elle devait avoir très solides...


Le psoriasis de mon père

C'était embêtant, parfois très embêtant pour lui, semble-t-il. Mais il apprit à vivre avec, en restant un parfait séducteur. Lorsque, il y a peu, je m'étais rendue à un échange d'idées, à propos de cette dermatite, je fus très surprise de constater que ceux et celles qui en étaient atteints le vivaient très mal. Et quelques échos, de-ci, de-là, me laissèrent songeuse, par ailleurs.

« Vous avez vu cette dame, avec ses croûtes, au niveau des tempes !? J'ai bien veillé à ne pas trop m'approcher, c'est peut-être contagieux... »

J'eus l'occasion, à plusieurs reprises, d'entendre ce genre de réflexions.

J'avais presque envie de leur rire au nez, à ces gens  : si cela devait l'être, contagieux, je le saurais... En effet, durant mon enfance et mon adolescence, j'avais eu tout loisir de contempler ma mère, grattant, inlassable, avec un peigne à dents très fines – le décrassoir – d'épaisses croûtes blanc-jaunâtres, sur la tête de mon père. Elles apparaissaient surtout à la racine des cheveux, au niveau du front. Par contre, de grosses plaques, au niveau des coudes, luisantes, restaient davantage accessibles à leur porteur, et je voyais toujours mon père, avec application, y éplucher, carrément, de grands lambeaux d'écailles, avec je ne sais plus trop quel instrument. Je crois bien qu'il s'agissait d'un petit scalpel. Sans que cela paraisse d'ailleurs spécialement douloureux. Il paraît que cela démangeait. Autour des plaques de croûtes blanchâtres, il y avait un cerne rouge. Et lorsque les plaques tombaient, on voyait, par-dessous, cette peau rougie apparaître. Ma mère, parfois, me confiait, quand j'étais davantage en état de comprendre :  « C'est sa punition ! » Je n'avais pas trop besoin de savoir pourquoi. Le fait qu'il ait adoré me distribuer une bonne fessée chaque fois que mon frère la méritait justifiait parfaitement à mes yeux « la punition ». Mais il y avait aussi quelques autres raisons, bien sûr, pour donner un peu de sens à l'expression de cette idée...

Il paraît que ce psoriasis se manifestait également au niveau des aisselles, et des genoux, et des plis, entre les jambes. Au niveau des ongles, il y en avait un peu, aussi.

Ma mère prenait un grand journal, le positionnait sur la table de cuisine, et se mettait « à gratter ». En tremblant presque de volupté. Curieux, mais vrai ! Moi-même, contemplant cela, fixement, je n'eus pas détesté non plus, inlassable, faire tomber de la peau ce qui visiblement n'y avait pas sa place !

Tout, à l 'époque, se faisait dans la cuisine. J'entends par là, non seulement la préparation des repas, mais la couture, la broderie, le bricolage, la lessive, la toilette, par là j'entends le lavage du corps. Seuls les privilégiés possèdaient une salle de bain. Le chauffe-eau nécessitait alors d'être alimenté au bois. C'était le cas dans notre grand appartement, à la gare de Strasbourg. J'ignore à quel rythme nous étions baignés. Sans mentir, je puis dire : pas très souvent. Entretemps, parfois, un demi-cochon (mon père avait des relations), macérait, entouré de gros sel, dans la baignoire, à la place des humains. Tout se faisait dans la cuisine, donc, surtout, l'hiver, par économie de chauffage.

Mon père essaya plusieurs pommades de l'époque. Dont surtout l'une qui sentait très fort le goudron. (J'ai appris que ce traitement était préconisé, encore de nos jours).

Entre deux séances de grattage-pommadage, il vivait tranquille et sans complexes. S'occupant à exercer dignement sa profession, d'abord de chef de gare, puis d'inspecteur, de rentrer à l'heure à midi (le soir c'était moins évident), de lire son journal, d'écouter sa radio (la TSF, à l'époque), de fumer la pipe et le cigare, et de hausser les épaules à chacune de remarques innocentes mais répétitives de ma mère.

Cela dans ses BONS jours.

Entretemps, toujours digne et sachant plaire aux femmes, il n'était point gêné outre mesure par ces blanchâtres excroissances qui, pourtant, en aurait complexé plus d'un.

Les gens qui n'ont pas vécu dans ce contexte sont actuellement d'autant plus interpellés par ces plaques qu'ils vivent dans un soucis d'hygiène à mon sens exacerbé. Le mieux est l'ennemi du bien, et d'évidence la peau des humains va finir par leur jouer des tours à force d'être vaporisée, tartinée et imprégnée de produits pétroliers baptisés déodorants, raffermissants, astringeants, désinfectants, etc.


Fin de l'épisode 2

Sim



Episode 3



La Mundschleimhautentzündung

Un beau matin, je ne parvins pas à manger mes tartines de pain noir, légèrement beurrées, et tartinées d'une Ersatzkonfitur rosâtre. Curieux : j'avais peine à boire mon cacao, et le pain ne passait pas du tout. Maman me dit : « Retourne au lit » .

Cela signifiait  que j'étais malade. 

Le médecin, appelé, nous dit d'un air bonhomme et rassurant :

« Mundschleimhauteunzündung »

Seul un germanophone peut prononcer le mot : Mund = bouche ; Schleim = mucus ; Haut = peau ; Entzündung = inflammation. C'est tout simple ! J'ignore encore aujourd'hui si j'avais souffert d'un mal ressemblant à la fièvre aphteuse des bovins. Il paraît que les humains ne la contractent pas. Pourtant, à me souvenir de l'écume, abondante, qui encombrait ma bouche, je me pose des questions. Le médecin avait prononcé la sentence, et avait prescrit des badigeonnages avec de la teinture d'iode. « In einem Monat wird es vorbei... », avait-il conclu, rassurant (dans un mois, fini...). A ce moment-là, nous parlions tous allemand, même dans la plus stricte intimité. Cela ne s'était point fait sans douleur. Un beau jour, mon père, grimpant quatre à quatre les prestigieux escaliers, depuis les grands bureaux du rez-de-chaussée de la gare de Strasbourg, nous avait surpris, mon frère et moi, en train de nous chamailler en français. Pâle comme un mort, il nous avait administré une vigoureuse fessée, et pour une fois, je n'avais ressenti aucune injustice : j'étais coupable, autant que Paul ! Ensuite, nous prîmes bien garde de ne parler français qu'à voix basse. Et, peu à peu, sans même le remarquer, nous nous mîmes à parler allemand. Mes parents étaient familiers de la langue, depuis toujours. Mais pas nous, les enfants. Au début, sur les bancs de l'école – à l'âge de neuf ans – j'assistais aux cours dans un état de peur et de gêne paralysant. Essayant de deviner le sens des mots par rapport au contexte, et en fonction de ce que la maîtresse notait au tableau. Toutes les autres filles parlaient très couramment le dialecte alsacien, qui ressemblait à la langue allemande davantage encore que le luxembourgeois n'y ressemble. Du moins dans la région de Strasbourg.

Elles prononçaient d'horribles jurons, du genre : « leck mich am Asch » (lèche-moi l'cul », et moi, très jalouse, ne rêvait à l'époque que de parvenir au plus vite à prononcer correctement et sur le ton nécessaire des mots qui avaient tant d'impact.

A un moment donné, la maîtresse m'interrogea. Dans une extrême confusion, je bégayai : « Ich versteh nicht » ! Ce fut l'un des pires moments de ma vie. La maîtresse, belle, jeune et rayonnante, s'approcha de moi, me caressa l'épaule, , et me dit dans un éclat de rire et dans un parfait Hochdeutsch – très différent de l'Alsacien –  « Du bist ein lieber Kerl » (Tu es un bon p'tit mec...). Ce fut l'un des meilleurs moments de ma vie.

Le jour où la «  fièvre aphteuse » fut diagnostiquée – je devais avoir onze ans - j'aurais eu plutôt tendance à en éprouver quelque plaisir. Bien sûr, je ne pouvais plus manger normalement. Une grosse provision de gâteaux de Noël à l'anis avait été envoyée à maman par bonne-mémère, et je fus exclusivement nourrie de ces petits gâteaux, trempés dans du café au lait, pendant une longue période. Ce qui me plaisait plutôt, car je préférais cela aux légumes et à la viande.

Je n'avais plus besoin d'être réveillée tous les matins à sept heures pour me rendre à l'école ! Je restais au lit toutes les matinées, au début, dans la grande chambre ensoleillée de mes parents. La mienne était petite, et, surtout, sombre, comme celle de mon frère, ainsi que notre cuisine. Toutes ces pièces, en effet, se situaient du côté « quai », recouvert, lui, de prestigieuses arcades vitrées formant écran au soleil.

Dans ma nouvelle chambre s'étalait un attirail de feuilles de dessins, cartons, ciseaux, aquarelles, crayons de couleur, bouts de tissus, épingles, colle, et autre fourbi, le tout me servant à confectionner des petites marionnettes auxquelles, à mon gré, je donnais une personnalité et une âme, en fonction de mon inspiration : il y avait le diable avec ses grandes cornes, l'ange avec ses grandes ailes, et la bouteille de teinture d'iode sur la table de nuit.

Plusieurs fois par jour, je devais me badigeonner d'iode. Cela piquait un peu, et sentais fort. Avec un tampon faisant office de coton tige, je me frottais doucement la langue, recouverte d'une hideuse peau jaunâtre , et fendue au milieu, presque de part en part. Beaucoup de mousse, au début, s'écoulait de toute part. Consciencieusement, je frottais, de haut en bas et de droite à gauche, mes dents et mes gencives, lesquelles, peu à peu, devinrent presque indolores.

Je me sentais plutôt bien, dans ce petit cocon fait de travaux manuels exaltants, de soleil sur mon lit, et parfois de petites visites de quelques amies, auxquelles j'exhibai fièrement mes créations. Pendant cette période, j'appris aussi à coudre, sur la machine à pédales de ma mère. Il fallait que les marionnettes aient des vêtements.

Ce fut une période faste. Mon père avait accepté de me confectionner un castelet en bois dont j'avais fait le dessin. A l'époque, je ne me posais pas de question du genre pourquoi et comment. Je faisais feu de tout bois. Donc aussi du castelet de mon père. Ce n'est que plus tard que je compris que cette belle – et unique – réalisation – me concernant – lui avait été dictée par le désir de briller aux yeux de sa maîtresse de l'époque, Mme W, qui venait régulièrement à la maison boire le café et manger de la tarte que maman, toute fière, confectionnait avec talent. En ignorant - le cœur tranquille – certaines réalités parallèles. Nous aimions d'ailleurs tous beaucoup Mme W, laquelle était une personne agréable, imposante, ouverte à tout, et très diplomate.

Peu à peu, ma langue fendue se referma. Les badigeonnages diminuèrent de fréquence.

A part cela, aucun autre médicament ne me fut prescrit. En existaient-ils seulement, pour cette curieuse pathologie, à l'époque ? Je l'ignore. Ce que je ne comprends pas du tout, avec le recul  : comment ma thyroïde supporta de se gaver ainsi à la teinture d'iode, en telles quantités, et pendant si longtemps, (un mois, je crois...) sans problèmes ultérieurs !? Probablement le surplus était-il automatiquement éliminé.

Le rhume, en hiver ...et l'hiver fatal...

Aussi loin qu'il m'en souvienne, nous disposions de sirops, pour le rhume, au petit arrière-goût bizarre. Toujours le même arrière-goût. Nous étions rarement atteints de bronchite. (Probablement l'air était-il plus pur qu'aujourd'hui...) Le plus souvent, mais seulement en cas de fièvre, nous recevions de la tisane au miel. A force de mendier, nous réussissions à obtenir une double ration de miel. Dès lors, cela devenait buvable. Mais toujours trop chaud. Par contre, parfois, mon père, mais pas seulement lui, mon pépère également, penchaient leur tête au-dessus d'une bassine, de laquelle émanait une vapeur dense et bizarrement odorante. Un grand linge couvrait toute leur tête, et lorsqu'elle émergeait au dehors, je voyais le visage ruisseler de grosses gouttelettes d'eau mélangée à de la sueur et à l'odeur d'eucalyptus. Il paraît que c'était un traitement de choc, pour permettre ensuite de mieux respirer. Les femmes oeuvraient, tout autour, l'air grave. Je ne vis jamais, durant toute mon enfance, mes parents couchés pour raison de maladie. Mémère non plus. Pour mémère, juste la semaine de sa mort, alors qu' elle souffrait d'une grave pneumonie, elle s'alita.

Pépère, bon vivant et pêtant de santé, habituellement, était pris parfois de sortes de congestions : au lit, il se bourrait la poitrine de coton appelé « thermogène ». Sur le paquet, un monsieur faisait sortir du feu de sa bouche. Cette ouate, de belle couleur rose saumon, chauffait énormément...Par contre, je ne vis jamais de pilules d'aucune sorte chez qui que ce soit. En 1944, je me souviens que les soldats américains disposaient, eux, de boîtes de médicaments, contenant des sortes de cachets-miracle – mais j'en reparlerai... J'apprends à l'instant par un copain de mon âge, que le paracétamol à la caféine existait en 1942, sous forme d'énormes cachets difficiles à avaler. J'ignore s'il s'agissait effectivement de paracétamol ou si le copain a extrapolé. Il est un fait : La plupart des gens, point favorisés par une Sécurité Sociale prodigue, et conditionnés, de plus, en cette période de guerre par le rationnement sous toutes ses formes, n'étaient pas demandeurs de médicaments, ainsi qu'aujourd'hui.


A l 'époque, pépère et mémère avaient quitté leur maison de Thionville-Beauregard, ils étaient devenus sans abri, car une bombe avait arraché, en tombant, un bout du toit de leur grande maison, sise au n° 16, rue de Verdun. Chaque fois que je passe dans cette rue, en voiture, je ralentis, et, hypnotisée, je fixe longuement l'endroit où la vigne-vierge grimpait jusqu'au grenier. Elle existe encore dans mes rêves, cette vigne-vierge. Depuis de longues années, elle est remplacée par une publicité dont la laideur , chaque fois, m'agresse. La marquise, coquette, au-dessus de la porte d'entrée n'y est plus, elle non plus. Pas davantage que la porte en chêne, dont les trois ovales de verre biseauté permettaient aux grandes personnes de voir qui venaient leur rendre visite. A présent il y a, à la place, une porte ordinaire. C'est à dire quelconque. Tant par la forme que par la matière. Et plus de belle et haute grille non plus. Et plus de mémère et plus de pépère. Ils sont au cimetière de Beauregard, où je vais les voir, parfois.

A l'époque, en 1942, donc, mes grand-parents trouvèrent, dans la hâte, une modeste petite maison à louer, à Sentzig, près de Cattenom. Ils n'y vécurent pas trop mal, deux années durant, et sans bombardement aucun. Alors que Thionville continua à être bombardée par les Alliés jusqu'en 1944. Surtout du côté de la gare, où un certain jour beaucoup – sinon tous – périrent - dans un abri souterrain explosé par une bombe anglaise. Une de plus. A l'époque, quand le système de détection des avions ennemis le constatait à temps, il y avait ce que l'on nomme « le Voralarm » (la pré-alarme). Ce qui signifiait qu'on avait théoriquement le temps, sans trop courir, pour se rendre dans les abris ou dans sa cave. Lorsque les avions n'étaient pas détectés à temps, il y avait simplement « Fliegeralarm » : il convenait de se presser pour s'abriter. Mais mémère ne pouvant se déplacer, restait donc avec pépère dans la cuisine, au premier étage, dans tous les cas. La fois-là, le quartier de Beauregard, pas très éloigné, à vol d'oiseau, du pont du chemin de fer – visé spécialement – avait subi une attaque en règle, dès le Voralarm. Dans la rue de Verdun, une bombe était tombée dans la cour arrière du n° 16, et une autre avait creusé un gros cratère dans la rue, presqu'en face de l'école primaire. Mémère faisait, assise, la vaisselle, dans le coin près de l'évier, et pépère avait fait un grand saut, et s'était réfugié près d'elle pendant que la porte de la cuisine s'était envolée et avait atterri près de ses pieds, et que toutes les fenêtres de la maison s'étaient désintégrées en mille fragments.

C'était une chance, dans le malheur, d'avoir ainsi survécu, sans blessure aucune, autres que celle de l'âme. Deux belles années durant, j'avais eu droit de passer (mon père l'avait autorisé...) auprès d'eux, à Sentzig, mes grandes vacances.

En 1944, la maison fut reconstruite. Nous même nous y étions réfugiés à la fin de la guerre. Nous occupions l'appartement du 1er étage.

Quand la dernière fenêtre fut posée, mémère décida d'aller mourir dans sa maison, plutôt qu'à Sentzig. En plein hiver, les routes enneigées, elle déménagea en char à banc, enveloppée dans de grosses pélerines. Les taxis existaient probablement déjà. Mais au compte goutte. Ainsi que les camions. Pépère, (Mr Apel) bien connu et estimé à Sentzich, leur lieu de refuge, avait probablement des facilités pour organiser le déménagement à l'aide de quelques paysans. Il fit du feu dans tous les fourneaux de toutes les pièces de cette maison glacée, livrée à tous vents depuis deux ans. Pour donner une idée : dans l'une de nos pièces, non chauffées, étaient entreposés les aliments à conserver. La crème, placée dans une jatte, était si gelée que je devais la gratter du bout du doigt pour la fourrer dans ma bouche. Derrière le dos de ma mère, bien sûr.

Et là, mémère mourut, en huit jours, d'une pneumonie. En décidant son déménagement dans ces conditions et pendant cette période, elle avait signé son arrêt de mort. Elle n'avait que soixante et onze ans. Et moi treize. Un peu jeunette quand même pour perdre « ma vraie maman » ! Et tellement naïve et sans expérience. Juste occupée à faire des glissades sur la route, en revenant du collège, vers le soir, pendant que mémère était en train de mourir.

Vers les cinq heures du soir, revenant en courant du Collège Moderne de Jeunes filles, sac à dos ballotant, je m'exerçais à de longues glissades euphoriques sur une neige bien tassée, tout le long de l'actuelle rue du Maréchal Joffre, pas encore encombrée de voitures.

j'avais grimpé, quatre à quatre, les escaliers, avais englouti quelques tartines, et m'étais plongée dans mes devoirs. Et puis, pendant le souper, nous étions tous passés à table, mon père, ma mère,(elle mangeait toujours debout!) mon frère et moi, nous avions entendu pépère pénétrer dans le couloir. Il avait ouvert la porte de cuisine : « mémère est morte » avait-il dit, le visage ruisselant de larmes. J'avais poussé un hurlement, et m'étais précipitée dans les escaliers, le reste de la famille à mes trousses. Mais j'avais eu beau continuer de hurler, mémère, ma bonne mémère, ne s'était plus jamais réveillée. Elle m'a légué une montre en or, incrustée à ses initiales, Mathilde Klein. Je l'ai toujours conservée, telle qu'elle, dans sa petite boîte de cuir bleu tapissée de feutrine beige. Mémère avait été bien soignée par maman, et pépère, son époux. Les médicaments n'existaient pas. Ou n'étaient pas à la portée de mémère. Leur absence n'était nullement déplorée. Pas plus que nous n'aurions pensé à déplorer l'absence de lave-linges automatiques ou d'internet. La chère-soeur – qui jouait à l'époque – plus ou moins - le rôle des infirmières actuelles – passait régulièrement. Probablement le médecin était-il venu, car le terme de « pneumonie » n'était pas tombé du ciel. Mais quelle personne de cet âge, infirme, aurait résisté aux conditions de l'époque : déménagement en plein hiver, dans un char à banc, pour aboutir dans un appartement glacial, chauffé depuis quelques heures seulement ? L'hôpital, bien sûr, existait – mais la seule évocation à voix haute de ce mot : hô-pi-tal – était totalement taboue. Une seule fois, mon père, méchamment, avait dit à maman : « Ta mère n'a qu'à aller à l'hôpital ». Et maman avait hoché la tête, impuissante et vaguement réprobatrice. Je doute fortement d'ailleurs que dans un hôpital de l'époque, mémère ait résisté huit jours !


= = =

Fin de l'épisode 3 SIM


NB

POEMES

De temps à autre, il vous sera présenté quelques poèmes.

Pour débuter, carrément, quelque chose sur l'incommunicabilité. La pire des prisons, n'est-ce pas sa volonté propre de se taire « à tous prix » !? Fût-ce au prix de sa propre momification !? (C'est parce que nous nous rapprochons de La Toussaint...Mais rassurez-vous, ce poème, si froidement percutant, sera suivi d'un autre , plus réchauffant (bien que se situant sur une « eau gelée »...) Tous ces poèmes sont réalisés par...SIM (Simone Schlitter)


Les fantômes

Dites-moi, beaux suaires de lin blancs

Emmitouflés dans un linceul

De qui donc portez-vous le deuil ?

Et pourquoi si lugubrement

Agiter ainsi vos manches vides ?

Dites-moi, mes beaux suaires sans rides...


Nous sommes des fantômes, pardieu !

Et si jamais nous n'avons d'yeux

C'est bien pour mieux ne pas vous voir

Et si nous n'avons de regard

C'est bien afin que les curieux

N'en percent jamais le mystère

Et si de gants, même en hiver

Ne portons ni soir, ni matin

C'est qu'au contraire des autres

Nous sommes faits sans mains

(Pour mieux ne pas serrer la vôtre...)


Fantômes aristocratiques

De vous, mortels, les tristes nippes

Nous dédaignons par vocation

Nous sommes fantômes par principe

Et par état. Et par fonction.

Par malice. Ou par mauvais goût.

Ou par esprit de contradiction

Par désespoir ou par dégoût.

Ou par esprit de perfection.

De l'ambigu le clair-obscur

Et de la brume aimons le flou

Et de la nuit le doux murmure

Car nous avons l'âme des loups

Et si nous craignons la lumière

C'est qu'elle nous rendrait transparents

Elle pâlirait notre suaire

Et maladroits et impuissants

Plutôt que fantômes affables

Elle nous rendrait si vulnérables

Ainsi que bibelot de Chine

Statuette sans piédestal

Ainsi que porcelaine fine

Ainsi que vaisselle de cristal.

Emmitouf lés dans un linceul

Il nous plaît de porter le deuil !

Pour ceci ou pour autre chose.

Pour vos jardins dont toutes les roses

Depuis toujours se sont fanées

Pour celles se fanant cette années

Ou sa fanant l'année prochaine.

Pour toutes vos joies.

Pour toutes vos peines.

Et puis aussi pour nos victoires

Qui sont toutes allées au panier

Et puis aussi pour nos espoirs

Qui les y ont accompagnées

Pour tous les paris ambitieux

Que nous n'avons jamais gagnés

Et pour les suaires orgueilleux

Dont nous sommes les prisonniers.


Dans quel état d'esprit était la créatrice de ce précédent poème, lorsqu'elle l'écrivit ? Heuhhh...elle portait un deuil terrible : celui de la perte de toute communicabilité. Depuis, j'ai fait quelques progrès...je communique souvent...TROP !. Il serait tout de même bon que beaucoup d'entre nous, en cette période de célébration des morts, se pose la question suivante :

« Est-ce que je n'aurais pas dû, plus souvent, lui dire « je t'aime », lorsqu'il en était encore temps !? »


Pour nous changer les idées, accompagnez à présent SIM à la patinoire …. NB


Eau gelée

Patineurs débutants

Patineurs chantonnant

Grelottant, trébuchant,

Ou encore pavoisant

Patineurs pour de rire

Ou avec le sourire

Patineurs d'occasion

Avec ou sans humour

Et vous, futurs champions

Qui venez par amour

Qui venez pour pleurer

Et vous qui vous leurrez

Encore ou plus du tout

Ou bien vous qui n'osez

Et vous qui osez trop

Vous qui osez souvent

Qui vous croyez trop gros

Qui avez des tourments


Qui vous sentez bancals

Et vous, Marie-Chantal

Vous qui vous sentez jeunes

Et vous qui n'êtes pas vieux

Vous tous qui comme moi

Ou encore beaucoup mieux

Ou encore beaucoup moins

Avez tâté du bout du pied

Avez tâté du bout du nez

De très près ou d'un peu plus loin

Cette belle et traîtresse eau gelée

Vous serez bien d'accord avec moi pour penser

Aujourd'hui ou demain ou dans dix ans passés

Qu'elle est, comparée à tout le reste

Cette bougresse lisse et preste

Bien plus brave et fair play

Et beaucoup moins cruelle

Et plus spirituelle

Que ce que l'on croyait !



NB

Séries de blagues et BD

créées par Sim. Bon amusement...

NB Le « PETIT MONDE DES BD DE SIM »

Il s'agit de blagues dessinées que SIM a imaginé pour se détendre et sourire. La vie est parfois si dure, si triste, si stressante  ! Pourquoi ne pas faire partager ce moment de pur sourire au lecteur ? Bien sûr, ces situations font aussi un peu partie de notre vécu, aux uns, et aux autres., bien que, forcément, caricaturées. Elles ne sont pas tombées du ciel, désincarnées. Que le lecteur veuille bien, tout comme moi-même, n'y voir qu'un brin de malice joyeuse, sans le moindre désir d'offense. Les personnages sont toujours sympas, malgré leurs évidents « petits défauts ». Et chacun sait que nous sommes tous bourrés de petits défauts. Quant aux « gros défauts », le propos est de les oublier totalement « dans le petit monde de SIM » !


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NB

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Activité THEATRE

J'ai le plaisir de vous présenter icisous forme de vidéos...photos etc...les activités de la troupe de théâtre les Barbies Turiques-et-Rac.Troupe que j'ai mise sur pied dans le cadre de mes activités de présidente de l'association Cancer-Espoir. (Voyez P'TIT CANARD DES GRANDES PERSONNES). La troupe a pour mission de présenter une pièce satirique et burlesque, La Fée Cigarette, dont j'ai écrit le scénario.


Une première vidéo, ci-dessous, vous présente une répétition de la scène 2 de l'acte 2, dans le cadre d'un partenariat avec le collège Jean-Marie Pelt de Hettange-Grande.Quelques élèves participent ici au jeu, en compagnie des adultes...



La Fée Cigarette - acte 2- scène 2 - Répétition avec les élèves

Un film de Simone Schlitter pour l'association Cancer Espoir




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Les bienfaits du sport...de glace. J'ai pratiqué de longues années durant un sport passionnant : la danse sur glace. J'ai débuté à 45 ans - Puis interrompu, pour reprendre le flambeau à 67 ans. Jusqu'à presque 79 ans. Voyez détails ci-dessous

Sur la 1ère vidéo : 78 ans...je danse avec Christian le canasta-tango à la patinoire de Metz Sur la 2è vidéo : 76 ans...je danse en solo la Golden-Skater-Valse à la patinoire d'Amnéville, dirigée par Steve Sur la 3è vidéo : Ici, en duo avec Steve, le Canasta-Tango C'est un sport qui développe plein de qualités : éducation à la rapidité des réflexes, à la mémoire gestuelle,à la souplesse, à l'équilibre, au courage...renforcement de muscles peu sollicités dans "la vie habituelle", etc.etc. Juste pour vous dire : je suis née en 1931... Je pourrais encore me livrer à ce sport actuellement.(Sans entraînement, bien sûr, ce serait moins gracieux..!) Toutefois, une fragilisation au niveau genou me rendrait vulnérable: je risque de ne plus savoir "bien tomber"...c'est tout le problème...(qui prendrait soin de mon chien dans ce cas !?)



Les bienfaits du sport : Simone à la patinoire

Les bienfaits du sport



Les bienfaits du sport : Simone à la patinoire

Les bienfaits du sport



Les bienfaits du sport : Simone à la patinoire

Les bienfaits du sport