Parcours de vie au fil d'une balade

De Wikithionville
Révision datée du 2 août 2016 à 11:54 par Guedenet (discussion | contributions)
(diff) ← Version précédente | Voir la version actuelle (diff) | Version suivante → (diff)

Bernadette a vécu jusqu'à ses 10 ans dans le Quartier Beauregard à Thionville, avant de déménager à Terville puis aux Basses-Terres suite à son mariage. Lors de sa participation à la 5ème Balade Urbaine Numérique, qui lui fait parcourir à pieds le Quartier Beauregard, elle se souvient des lieux des années 1950 à aujourd'hui.


Conservatoire de musique

Avant l'Adagio, il n'y avait pas de Conservatoire à Thionville, seulement une école de musique qui se situait près des Capucins. L'Adagio était alors la Caisse de sécurité sociale de Thionville. Avant, on faisait la queue dans ce bâtiment, pour récupérer des papiers, des remboursements. Depuis qu'il a été rénové, Bernadette n'a jamais eu l'occasion d'entrer à l'intérieur.

Son fils qui est professeur de musique certifié, et a le CAPES, a commencé très tôt le solfège et la musique dans l'ancienne école. Il est aujourd'hui médaillé d'or, joue du piano et de l'orgue. Il enseigne dans le Sud de la France. L'amour de la musique, c'est une histoire de famille : le mari de Bernadette était plombier, mais il jouait souvent de l'accordéon et de l'harmonica à la maison. C'est en passant près d'une école de musique et en entendant quelques notes que son fils a un déclic pour la musique. Il demande à en faire, et reçoit un petit piano pour s'amuser. Il commence le solfège à 7 ans et le piano un an plus tard. Il va prendre ses cours tous les mercredis, et répète beaucoup à la maison. Il entend jouer de l'orgue pour la première fois à l'église, et se met à en jouer également. Il étudie ensuite la musique à Thionville, Metz, Strasbourg, puis Lyon. Aujourd'hui, il travaille dans deux lycées, donne des concerts, joue lors de messes également. Il a aussi formé une chorale. Il est titulaire de l'orgue de Caumont sur Durance. Lorsqu'il était enfant, la famille de Bernadette vivait dans une résidence avec 5 autres familles. Ils habitaient au rez-de-chaussée et avaient mis le piano au bout du bâtiment, dans la chambre de son fils, pour ne pas trop gêner les voisins. Ces derniers, qui l'entendaient quand même, faisaient parfois des remarques. Mais tant pis, il a bien réussi !

Aujourd'hui, en passant devant son ancienne école qui a été entièrement rasée pour construire du neuf à la place, son fils a mal au cœur en repensant à tout ce qu'il y a vécu.

Bords de Moselle

Plus jeune, Bernadette était employée de maison. A l'époque, elle avait 14 ans, et se faisait un peu d'argent de poche de cette manière. Elle a travaillé dans une maison, puis dans une villa, route de Metz aussi. Avant, la station essence n'appartenait pas à Total mais à BP.

Au bord de la Moselle, le chemin bétonné que l'on voit sur les photographies était la promenade des amoureux. Les couples s'y baladaient tous, comme son mari et elle. En face, il y avait une petite plage où on pouvait faire du pédalo, de la balançoire, se détendre. Bernadette y allait avec ses parents.

A la place de Derichebourg, il y avait Auto Lazar. Ils avaient un rail qui traversait la route et transportait la ferraille d'un bout à l'autre. Bernadette s'en souvient bien parce qu'un jour, elle est tombée en se prenant les pieds dedans. Puis ils ont tout supprimé, refait la route, et ajouté une piste cyclable.

Quartier Beauregard et la rue Dupont des loges

L'église et l'école sont les deux seules choses qui restent du Quartier Beauregard. A l'époque, le quartier vivait vraiment autour des usines. Ça a été Lorraine-Escaut et ensuite Usinor. Son père et son beau-père étaient tous les deux machinistes à l'usine. Le LED, qui accueille aujourd'hui les associations et les artistes, se trouve à la place des anciens bureaux d'Usinor. La rue du Pont des loges a été entièrement aménagée depuis. La route a été refaite. Les pavés au bord des routes sont un reste des anciennes voies. Avant, les trottoirs étaient moins larges, et sur leur bord, il y avait un fossé, dans lequel les garçons poussaient les filles qu'ils croisaient !

Bernadette habitait le Crassier, et elle faisait 8 km par jour pour aller à l'école, par tous les temps. Elle a connu son mari dans le quartier, il faisait partie de la bande de la rue Dupont des loges, comme on l'appelait ! C'était un copain à son frère, mais ça, Bernadette l'ignorait. Et puis un jour, il est venu à la maison ! Elle avait 16 ans à l'époque. Ils se sont fréquentés, et se sont mariés en 1973. Il habitait alors au numéro 13.

Les maisons avant qu'elles soient refaites étaient toutes noires, et accolées, avec des escaliers qui ne laissaient pas beaucoup de place sur le trottoir. Les escaliers étaient communs, avec une rampe au milieu. Au bout de la rue, il y avait un grand saule pleureur sur la place. Bernadette se balançait avec les branches de l'arbre. Là où se trouve la Maison de Quartier et une aire de jeux pour les enfants, il n'y avait que des champs. Certains habitants avaient un coin de jardin à cet endroit, pour cultiver des légumes.

Retraite

A partir de 1994, et jusqu'en 2015, Bernadette a été cuisinière au Foyer Raoul Loeb à Terville. Quand elle est partie en retraite, cela faisait 20 ans et demi qu'elle travaillait là ! Son calendrier, dont elle tournait les pages jusqu'alors, s'est arrêté sur le jour de son départ en retraite, le 1er juin. Depuis, elle n'a ni réveil, ni journaux pour lui rappeler le jour ou l'heure. Sur sa carte de départ, le Comité d'entreprise avait marqué « Profite bien de ton CDI Temps libre ! ». C'est une très bonne définition !

Elle retourne voir ses collègues de temps en temps. Elle va aussi rendre visite à ses enfants : sa fille qui est éducatrice spécialisée à Strasbourg, son petit-fils Élouan, son fils dans le Sud et son autre petit-fils Charley. Ce sont ses rayons de soleil !

Elle fait du sport le mardi et le jeudi, de la marche (elle en a fait une de 11 km, une de 8 km, une de 14 km, et une autre de 8 km avec les Dames de cœur).

L'association Jacques Prévert

Jusqu'à très récemment, elle ne connaissait pas l'association Jacques Prévert, mais une connaissance lui a fait connaître, et la convaincue de venir, à force de discuter. Le mercredi 4 juin, à l'occasion de la 4ème Balade Urbaine Numérique proposée par le Centre « Le Lierre », sur le Quartier des Prés Saint-Pierre, elle lui a proposée de venir. Bernadette, comme les autres promeneurs, a pu observer la nature, comme ce bourdon qu'ils avaient capturé quelques minutes, le temps de l'observer. Elle a rencontré des personnes dans leurs jardins, qui lui ont expliqué comment ils les entretenaient, leurs techniques pour cultiver…

Depuis, elle est retournée au Centre Jacques Prévert, et a participé à l'atelier cuisine qui se déroulait au Foyer La Millaire de Thionville. Elle a bien apprécié, et y retourne bientôt. Elle a aussi fait l'atelier manuel lors duquel elle a confectionné un arrangement floral. Elle a bien sûr participé à la 5ème Balade Urbaine numérique sur le Quartier Beauregard. Et enfin, elle a été à Maizières-les-Metz, participer un pique nique collectif, et jouer à la pétanque ! Toutes ces activités lui font du bien, grâce aux gens qu'elle rencontre, elle se sent moins seule, plus active.