Aucun résumé des modifications |
(Aucune différence)
|
Dernière version du 18 octobre 2011 à 12:36
Militant C.G.T, le père d’Annie était le seul rouge de la famille. Les Hackenheimer étaient plutôt des militaires et des douaniers. Lui était dispatcheur à Micheville, c'est à dire l’homme qui règle l’alimentation en gaz du haut fourneau. Toujours de service, avec son brassard rouge pour passer les piquets de grève, le haut fourneau ne devait pas s’arrêter. Le grand-père maternel lui, était pétainiste et lisait à Annie Victor Hugo quand elle avait dix ans. La liberté et la culture à la maison.
Augustine, la grand-mère d’Annie, était une femme indépendante. Couturière de métier, elle avait habillé tout le quartier et non seulement elle est propriétaire de sa maison à 30 ans mais elle se marie à 32 avec Emile Hackenheimer, mutilé de guerre.
autour d'Emile et Augustine en 1956 C’est elle qui encouragera Annie à quitter la maison. L’enfance d’Annie résonne encore de la guerre. Le four crématoire du camp de concentration de Thill existe encore. Les déportés, évacués en septembre 1944, fabriquaient des v1 et des v2 dans une usine souterraine installée dans une mine.
Son père, jeune homme, a cotoyé la résistance dans l'entourage d’Armand Sacconi, le futur maire de Villerupt de 1959 à 1986. Pendant la guerre d’Algérie il montera la garde devant la mairie pour prévenir les attentats de l’O.A.S. Sa mère, membre de l’union des femmes françaises enverra des colis aux soldats.
A 18 ans Annie sent qu’elle perd son temps à l’école. Depuis l’âge de treize ans elle participe aux activités de la M.J.C, et en particulier à l’atelier théâtre avec J.P Minechetti, le fondateur du festival du film italien.
En août 68 elle suit une tournée d’été dans les maisons familiales de l’union mutuelle ouvrière sur la côte d’azur : en rentrant elle est dégoutée de l’école… Ce qu’elle veut c’est travailler : son père lui a dit qu’elle partira quand elle aura trouvé un travail. A la maison il n’y a ni punition ni récompense. Ses parents partent du principe que c’est à elle de savoir ce qui est bon pour elle.
Annie signe son premier contrat de travail en octobre 1969 : elle a vingt ans et se lance dans l’animation au centre de loisir Sollac de St Nicolas en forêt. Dans l’atelier théâtre qu’elle crée, elle rencontre son futur mari et les trois ans de différence entre eux vont faire jaser :
Annie est mutée au centre Jacques Brel à Thionville en 1972. La gymnastique pour dames ne la passionne pas, et en 74 elle entre comme éducatrice en formation au club de prévention de la côte des roses fondé par un couple de libanais, les Chaiaz.ouvre
Très vite Annie a du mal à travailler dans la confusion des genres.
Elle est trop impliquée émotionnellement, il lui est souvent demandé d’héberger des usagers.
L’équipe éducative n’a aucune distance.
Pourtant elle peut enfin mettre sur pied concerts et expositions en partenariat avec les centres qui l’ont remercié.
]
Avec son jeune mari Michel Thomas elle a fondé le théâtre de l’araignée en 1974. En 1978 elle quitte le club et se consacre entièrement à l’Araignée à qui le passage à gauche des villes de la vallée de la Fensch ouvre des possibilités de tournée.
Tout le monde dans la compagnie a le statut d’intermittent du spectacle et touche les mêmes cachets à partir de 1980.
Annie est actrice, organisatrice des tournées, assistante du metteur en scène : en tant que femme de troupe elle doit pouvoir faire un peu de tout. La vie du théâtre est difficile. Difficile de faire venir les gens pour acheter les spectacles.
Difficile de faire venir le comité d’expert de la direction de la culture qui se déplace rarement en province.
Le théâtre n’est pas visible.
Il peut vivre sans la commission de la Drac[1] mais, toujours en galère.
Le travail d’Annie est de préparer la saison : le budget et le planning. Il faut faire signer les engagements de spectacles au plus tôt pour pouvoir réserver les acteurs et metteurs en scène à temps car ceux-ci travaillent pour plusieurs compagnies. Les ateliers du théâtre jeune public et du club de prévention du centre ville fonctionnent bien. La force de Michel Thomas est d’inclure tous les enfants dans le spectacle. Il n’a jamais viré personne : « tu ne peux pas parler ! Alors tu bouges ». Il arrivait toujours à sortir quelque chose d’un adolescent.
En 1988 premier redressement judiciaire à négocier pour Annie.
En 1995 dissolution du théâtre pour effacer une dette Urssaf et création de l’araignée théâtre2 en scope Sarl, gérée par les acteurs associés.
Le théâtre vit des ateliers, des spectacles et de 35% de subvention. La troupe vit du statut d’intermittent : à l’époque 52 cachets de 100€ par an donnent droit à 1000€ d’allocation par mois.
Le C.D.T.N sous la direction de Stéphanie Loïc, achetait quelques spectacles.
Monsieur Gutman arrive, l’araignée n’est plus dans l’abonnement, monsieur Gutman attend de voir le travail : il ne viendra jamais . La vie devient plus dure. Jouer à la recette hors abonnement ne couvre pas les frais d’un spectacle qui mobilise six personnes sur le plateau. En 2005 un arriéré de caisse et un retard de subvention vont précipiter la liquidation judiciaire du théâtre.
Annie a été élue au conseil municipal en 2008 sur la liste d’union de la gauche et le 3 mars 2010, élue à communauté d'agglomérations Portes de France qui regroupent 13 communes. Elle travaille aujourd’hui comme employée de vie scolaire à la maternelle St Pierre. Elle prépare aussi les relations publiques de son troisième Festival du Réel en vue, la compétition de film documentaire du centre le Lierre à Thionville qui peut bénéficier ainsi de son expérience du monde du spectacle.
la vraie vie d'une élue
Publié par Mon Quartier, Ma ville[2] |