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Dernière version du 22 mai 2012 à 12:45
Alain Watier fait partie d’une grande famille : il est le dernier des huit enfants que sa mère a eu. Alain est un enfant de la côte, il allait à l’école St Hubert et ici il connaît tout le monde. Madame Watier est arrivée à la chaussée d’Océanie en 1970 avec son deuxième mari et puis impasse Corneille quand la famille Watier s’est agrandie.
Alain vit encore là avec sa mère mais plus pour longtemps : il vient d’être relogé dans le cadre de l’Anru, l’immeuble va être démoli bientôt. Batigère leur a proposé un appartement rue du pic-vert, à deux pas de là. Alain et sa mère ont accepté car l’appartement est plus grand et Batigère s’est engagé à faire les travaux qu’ils ont demandés.
Côté rue, vue sur la pharmacie, du passage toute la journée, côté cour, vue sur celle de l’école, sous la fenêtre de la cuisine. Madame Watier ne risque pas de s’ennuyer, il y aura toujours de quoi se distraire à la fenêtre.
Si ce qu’il a demandé comme travaux est réalisé ça ira.
Alain adore les oiseaux, le seul problème serait de savoir si ceux qui ont l’habitude de venir manger sur le balcon vont suivre ! De toute façon, ils vont démolir là où il habite et ce n’est pas du luxe car tout est vieux ou bien ne fonctionne plus : les radiateurs trop petits dans les chambres, le système électrique défaillant. L’éclairage du salon faisait sauter les plombs en permanence. Alain, faute de réparation, a du installer un plafonnier branché dans une prise pour avoir de la lumière.
Alain est au chômage depuis un an et c’est pénible de rester sans activité, sans pouvoir mettre en œuvre ce qu’il a appris à faire. Il se sent inutile. Son parcours professionnel avait commencé par la vente et après son CAP-BEP, il est devenu rapidement chef de rayon, puis gérant de la halle aux chaussures pendant trois ans, jusqu’à la fermeture.
Ensuite Alain a travaillé chez Auchan à Cambrai mais au bout d’un an, il se sentait trop isolé et il s’est fait muter à Semécourt. De là il est passé à Géric mais cette fois, c’est lui qui est parti.
Il s’est formé comme plâtrier plaquiste enduiseur chez LGP à Talange mais cela n’a duré qu’un an, la boite a fait faillite. « Trop de chantiers, de beaux chantiers mais pas assez de bonhomme ». C’était en 93 mais Alain est doué pour ce métier et jusqu’à octobre 2010, il a continué, en changeant régulièrement d’employeur, en cdd ou en intérim.
Alain a aujourd’hui quarante ans et en décembre, il a déposé un dossier d’aide financière à pôle emploi pour le projet qu’il a en tête. Alain veut retravailler en contact avec les clients et ouvrir un snack où on mangerait de tout. Alain a le sens du défi et de l’expérience.
A l’âge de sept ans il a failli perdre la vie en tombant : le coup du lapin. Alain a passé de longs mois en corset avec une minerve autour du cou et il aurait très bien pu être exempté de service militaire.
Mais non : pour se prouver à lui-même et à son frère aîné qu’il en était capable, il a fait son service, un an soldat et il est devenu tireur d’élite. Classe 89/06. Il tirait déjà à l’arc quand il était jeune, dans les fossés de Cormontaigne. C’est un don qui lui vient de sa mère qui ne ratait jamais sa cible à la foire.
Après ses classes, il a parcouru le pays pour des missions de protection et de surveillance. Ce sont de bons souvenirs, une nuit sur une plage en corse, la base hélicoptère de la Latte à côté de Châteauroux. Et il a fait les trois sauts en parachute de sa préparation militaire. Il voulait prouver aux médecins et à lui-même que ça n’allait pas l’arrêter.
Alain a quelques séquelles, il a pris une goupille de grenade mal dégoupillée dans la nuque mais à part quelques légers vertiges parfois et douleurs d’arthrose, il va bien, « tant qu’il peut mener une vie normale, l’important est d’aller jusqu’au bout. »
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article publié sur saisir le changement[1] |