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André Lhommé est professeur retraité d’histoire géographie et cela fait maintenant douze ans qu’il participe aux séances d’accompagnement scolaire organisées chaque fin d’après-midi dans les locaux du centre le Lierre, 19 boulevard Charlemagne. André n’était pas pressé de prendre sa retraite et à soixante ans il est allé proposer son aide au centre du volontariat, près du temple en ville. Là, il a été orienté vers le Lierre pour intégrer un groupe d’aide aux devoirs destiné aux collégiens et aux élèves du primaire.

C’est au Mille club, aujourd’hui le local des fourmis, que se rassemblaient les enfants. A cette époque les jeux de l'endroit, fréquenté par les adolescents dans la journée, faisaient partie de l'accompagnement. Aujourd’hui, boulevard Charlemagne c’est le parc d’ordinateurs qui joue ce rôle. Les enfants utilisent internet dans leur recherches et parfois en profitent pour découvrir les jeux en ligne!

André Lhommé parmi ses élèves du lycée Hélène Boucher à Thionville

Pour André, enseigner c’était d’abord un métier. A son époque, presque la moitié des élèves d’une même classe devenait enseignant, c’était le métier le plus facile parce que les besoins étaient grands : dès qu’on avait le Bac, on pouvait enseigner l’année suivante. En 1959 il sort de l’école normale et devient instituteur. Mais il ne se voit pas passer quarante ans à ressasser le B A BA. Et, pour évoluer, André va suivre les cours qui lui laisseront le temps d’enseigner en même temps, l’histoire géographie. Pendant cinq ans, chaque mercredi André va à Nancy en fac d’histoire et après dix ans comme instituteur il devient professeur en 1969, juste après la tempête qui a troublé le pays. Mai 68 et son cortège de manifestation, de sit-in et de discussions lui auront permis d’obtenir deux certificats au lieu d’un en un an : à trente ans, le voilà professeur, lui qui n’avait jamais eu de vrai prof d’histoire à l’école ! André n’a jamais regretté son choix d’enseigner. Quand on enseigne l’histoire beaucoup de choses passent à travers le cours proprement dit : on enseigne aussi la langue et on aborde de nombreux domaines différents. Et puis il y a toujours à apprendre, les programmes changent et le professeur doit souvent compléter ses connaissances.

L’histoire mènera André à l’archéologie et en 1976 il rejoint un groupe d’archéologues sur un site où on fouille une tombe de l’âge du bronze à Sierck-Rustroff. Il réussira à intéresser ses élèves à sa passion, trois d’entre eux demanderont d’ailleurs à participer à un chantier d’un mois pendant les grandes vacances, deux ans de suite.

L’école a changé et ce que les enfants apprennent à l’école est plus fouillé et plus précis que dans les années soixante. Au CE 2 on parle par exemple de triangle scalène pour désigner un triangle ordinaire aux côtés inégaux tandis qu’au collège on évoque les déictiques[[1], les focalisations internes[2] et les schémas actanciels[[3]]. Les parents sont souvent devenus incapables d’aider leurs enfants. André lui-même a dû tout recommencer en maths pour être à niveau. D’années en années, il met ses connaissances à jour grâce à l’aide aux devoirs. Il continue à s’intéresser à tout, comme au langage que les élèves utilisent entre eux et qu’il a bien du mal à déchiffrer parfois.

La seule chose qu’André déplore est le manque de contact avec les parents et l’absence de passerelle avec l’école. Il est difficile de savoir comment les élèves qui suivent l’aide aux devoirs progressent en classe. André a étudié dans un collège de frères maristes à Sierk. Il en est resté profondément marqué et aujourd'hui encore il est le web master du site des anciens du collège Sainte Marie[4].

saurez vous trouver le petit André sur cette photo?

L'ambiance et l'entente qui régnait entre tous, religieux, enseignants et élèves concordait à un climat favorable pour les études. Maurice Rey, un ancien a dit: "le collège Sainte Marie, c'était 68 avant la lettre". Le suivi des élèves était un souci majeur des enseignants et c'est grâce à cet environnement qu'André a pu surmonter sa timidité naturelle de jeune garçon et finir ses études dans de bonnes conditions.

Les élèves en difficulté retrouvent toutes leurs chances quand ils peuvent bénéficier de l'écoute d'un adulte : étudier dans un milieu aidant leur permet de combler plus facilement leur retard.

Aujourd'hui il est un peu inquiet pour les garçons qui fréquentent l'aide aux devoirs. D'ailleurs cette année il n'y a que quatre inscrits pour dix-sept filles. Les filles semblent plus tenues par leurs parents tandis que les garçons ont tendance à négliger leur travail. Comme s'ils ne voyaient pas l'intérêt d'être aidé à faire ses devoirs.






publié également sur Mon Quartier, Ma ville[5]