Claude Strichard, rue Pépin-le-Bref

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Claude strichard a toujours entendu dire son père qu’avant la révolution leur nom était Saint Richard. Claude a cinquante huit ans. Il habite encore pour quelques semaines dans la barre d’immeuble de la chaussée d’Océanie qui va bientôt être démolie. Il a été contacté en septembre par le bailleur qui l’a informé qu’il avait droit à trois propositions de relogement dans le cadre de l’Anru. Claude a tout de suite précisé qu’il fallait que ça soit dans le coin à cause du travail de sa femme. Elle fait quelques heures d’entretien et particulièrement à la piscine municipale qui est tout près.


Cela faisait dix neuf ans qu’ils vivaient chaussée d’Océanie au numéro 16, une bonne entrée, propre, avec une bonne entente entre voisins. Ce qu’il y avait de bien c’est que tout se trouvait à proximité le tabac le médecin l’atelier linge. Mais même le médecin, le docteur Adamo, arrête en septembre. Claude viendra voir la démolition.


Batigère leur a fait visiter un F3 aux Basses-Terres : c’est plus petit mais les pièces sont plus grandes et puis il ne reste que Sébastien, le plus jeune des enfants à la maison. Autre avantage, du quatrième étage ils passent au premier et en plus, ils refont tout dans l’appartement, du sol au plafond, la salle de bain, les wc et même une prise pour le lave-vaisselle alors qu’ils n’en ont pas encore.







Claude ne travaille plus depuis un an, il est en longue maladie. Il a commencé à travailler à quatorze ans et si la loi sur les retraites n’avait pas changé, il aurait pu partir en décembre 2010 alors que maintenant il lui faut aller jusqu’à soixante ans et un trimestre. Claude a fait une demande de mise en préretraite pour longue carrière et travaux pénibles. Quand il a eu l’âge, Claude s’est tourné vers l’apprentissage, il aurait bien fait cuisinier mais son père n’était pas d’accord : alors il avait choisi le centre d'apprentissage de Sollac.


brame d'acier froid, photo sollac
réchauffage des brames, photo sollac
brames chauffées, photo sollac
sortie du four, photo sollac
laminoir, photo sollac






A Sollac il a gravi plusieurs échelons : de simple O.S, ouvrier spécialisé, il est devenu chef de poste adjoint au train à chaud. A l’atelier rectifieuses ils étaient une petite équipe soudée, « on bougeait comme on voulait ». L’équipe de Claude devait rectifier les cylindres qui laminaient l’acier et leur redonner leur forme initiale : c’est un travail où l’erreur n’est pas permise. Claude circulait à droite à gauche pour surveiller le travail. Aujourd’hui les machines sont numérisées.

bobineuse, photo sollac
stockage des bobines photo sollac






Quand Claude a commencé à travailler le rythme était de sept jours du matin, sept jours de l’après midi et sept jours de nuit, sept/sept. Après sept nuits, on arrêtait le mardi matin pour reprendre le jeudi après midi. Après on est passé au cinq/cinq et aujourd’hui on travaille en deux/deux. Deux matins de suite, deux après midi de suite deux nuits de suite et quatre jours de repos. Ce qui revient quand même à travailler samedi dimanche par roulement et aussi les jours fériés. C’est difficile de prévoir un weekend quelque part.

cliché département de la moselle

Niveau salaire, Claude n’a pas de regret. Mais ça fait quinze ans qu’il n’a pas pris de vacances, plus envie de se déplacer. Aujourd’hui Claude reste à la maison, levé à sept heures c’est lui qui s’occupe de la maison pendant que sa femme travaille. Quand elle rentre elle n’a plus rien à faire. Il y a aussi les journées dessins animés dans le salon : Claude a cinq petits enfants. Il cuisine volontiers, ses spécialités sont le bourguignon, le vol au vent et toute la cuisine au four.


peugeot poissy, photo f.de la mure(maee)


Son fils Stéphane avait choisi de se former en cuisine, il est cuisinier de métier, mais aussi, confiseur-glacier chocolatier et pâtissier. Il avait un job au Luxembourg mais il a du arrêter à cause d’une maladie professionnelle. Maintenant il travaille lui aussi en usine chez Peugeot à Trémery. Il travaille le weekend mais il fait quand même moins d’heures qu’avant ce qui lui permet d'avoir une vie de famille avec ses 2 enfants.



Le père de Claude qui est président de l’atelier bois de Florange, il a fabriqué tous ses meubles, est lui à la retraite depuis vingt huit ans maintenant et, fait du hasard, quand Claude aura déménagé, ils habiteront tous les deux une rue Pépin-le-bref, l’un à Florange l’autre à Thionville.

article publié sur saisir le changement[1]