Oliviero Arena a 49 ans et habite boucle de la Milliaire à Thionville depuis quatorze ans maintenant.
Oliviero est cariste de profession, un bon cariste.
Depuis l’armée il a toujours travaillé en intérim mais ce n’est pas son choix. Il aurait aimé décrocher un Cdi comme tout le monde mais les choses se sont faites comme ça, il y avait toujours du travail, on l’appelait régulièrement et il a calqué sa vie sur cette façon de travailler. Et puis en intérim, on est bien payé si on compte les primes de fin de contrat et de précarité. Par exemple en travaillant trois jours par semaine à Luxair, mercredi samedi dimanche, il arrivait à se faire 260€ par semaine et pour douze jours de travail dans le mois cela faisait une paye de 1200€.
Oliviero pouvait ainsi disposer du reste de son temps. Il se débrouillait bien : Oliviero n'a jamais passé le permis et pour aller travailler, il avait acheté une voiture sans permis. Il faisait 84 km aller retour pour aller travailler, Frisange, Hespérange, à droite à la poste à Contern et enfin Sandweiler.
la route à partir de frisange pour rallier sandweiler
Ils lui disaient demain à quatre heures du matin, ils savaient qu’il serait pile à l’heure à décharger les camions jusqu’à midi. Il aimait bien quatre heure-midi car il avait toute le reste de la journée pour lui. Et puis en 2006, Luxair a changé de rythme de travail en passant aux 2/2, deux matins, deux après-midi et deux nuits de suite. Les embauchés en fixe on râlé car ils estimaient perdre des congés mensuels. Il y a eu une grève et à la fin, des quarante intérimaires travaillant sur le site ils ont choisit les trente plus anciens et les ont embauchés en fixe. Oliviero n’est pas du lot, il a 47 ans et se retrouve sans argent. Lui qui parvenait toujours à l’équilibre entre les périodes d’activité et les indemnités de compensation versées par l’Assedic, il a épuisé tous ses droits. A un mois près, il n’a pas le droit à l’A.s.s, allocation de solidarité spécifique et il bascule dans le R.M.I, revenu minimum d’insertion (le R.S.A aujourd'hui). Il a quatre crédits sur le dos, les agios montent en flèche et il ne peut plus payer : le 15 mai 2009 le tribunal le déclare en faillite personnelle et efface ses dettes. On n’a pas le droit de saisir l’argent du Rmi et il ne possède rien. Cela n’empêchera pas un des organismes de crédit de le harceler longtemps après mais son avocate le rassure : ils essaient toujours d’impressionner les gens pour essayer de récupérer l’argent.
Bon, grâce à l’aide au logement il ne paye que 107 € de loyer et il a 400€ pour survivre. Il aimait bien aller chez Flunch, maintenant il mange des pâtes et il cherche désespérément du travail. Il est cariste mais qui va seulement le recevoir ? Oliviero voudrait que les employeurs se basent sur lui : son C.V ne le sert pas et personne ne le reçoit pour lui permettre de défendre sa candidature.
Il s’est toujours trouvé du travail tout seul mais il est déçu de la façon dont on oriente les gens de son âge. Un jour, pour un travail dans les espaces verts, il rencontre à l’Anpe un patron qui lui pose des questions idiotes : savez vous tondre le gazon ? Vraiment ras ? Que pourriez-vous nous dire pour nous amener à vous embaucher ? Prenez-vous des drogues, de l’alcool ?.....
Pourquoi devrait-il s’abaisser à répondre à des questions pareilles ? A-t-il une tête de vagabond ? Est-il mal habillé ? Il s'est senti délaissé et blessé dans sa dignité. Heureusement, Oliviero Arena a le moral : grâce à son amie et grâce aux séances de relaxation du centre le Lierre. La relaxation chasse son stress, lui permet de voir des gens et de rester motivé. Oliviero est obligé d’avoir le moral, c'est un mec vivant, il tient à sa personnalité.
Publié aussi sur Mon Quartier, Ma ville[1]