Bruno Baldelli, de l'Ombrie à la Lorraine

De Wikithionville

Bruno et Bruna Baldelli ont habité le square Fénelon à Thionville à partir du 1er décembre 1962. Bruno a vingt cinq ans et déjà deux enfants de 8 et 6 ans. Quand Bruna l’a rejoint en décembre 1957, c’est à Waldvisse qu’il a trouvé une maison en attendant un logement H.L.M. Il travaille déjà comme cokier à Sérémange et il parcourt 80 km chaque jour pour aller travailler : au début, en vélo, levé à deux heures pour prendre son poste à cinq heures du matin puis en mobylette et enfin en Vespa. Et l’hiver, quand la Vespa commence à partir sur le verglas et qu’il se retrouve les fesses par terre au milieu de la route, c’est casse-cou et heureusement, à quatre heures du matin, il n’y a pas de circulation.




Bruno Baldelli vient d’une famille de fermiers de Perugia, en Italie La vie à la ferme était dure. Non seulement il fallait partager le produit des terres avec le propriétaire, une part pour lui une part pour la famille de huit enfants mais en plus il fallait travailler comme fermier sur les terres que le grand-père avait perdu aux cartes.

Aussi, quand il entend parler de recrutement pour de Wendel, Bruno part à Milan passer deux jours d’examens et de test médicaux avant d’être enrôlé et de prendre un de ces trains pour la France, rempli de garçons comme lui.

Arrivé en lorraine il va quitter assez vite de Wendel pour Sollac et jusqu’en 1985 Bruno va travailler à la transformation du charbon en coke.

Alimenter le four en charbon dans une ambiance surchauffée, il faut aimer ça et ne pas avoir peur de la poussière. Il fallait pilonner le charbon avec six énormes pilons pour le réduire en briques avant de le cuire pendant 17 heures en récupérant les produits dérivés du charbon, gaz, goudrons, benzol.

Puis, il fallait refroidir le coke avec de l’eau sous pression avant de l’acheminer vers les hauts-fourneaux où, mélangé au minerai de fer, il devenait de la fonte d’acier.

Son temps libre Bruno le consacrait au jardinage. Toutes ces années, il a loué des jardins à la Malgrange, derrière St François et jusqu’à Yutz, à l’emplacement du garage Peugeot d’aujourd’hui. Il cultivait la terre la nuit, dormait trois où quatre heures et repartait à l’usine. C’était à la fois un plaisir et un moyen d'améliorer l'ordinaire car sa femme et lui étaient d’accord pour que leurs enfants, au nombre de trois à présent, puissent faire des études.

Bruna garde des enfants à la maison et jusqu’à sa disparition le 22 novembre 1998, elle aura accueilli vingt huit enfants différents, de l’âge de trois mois à quatre ans.

Sa retraite anticipée en 1985 n’a pas changé les habitudes de Bruno. Il a continué à jardiner et à bricoler à droite à gauche pour rendre service.

Depuis deux ans il participe aux préparatifs de la St Fiacre et c’est ce qui l’a amené à travailler bénévolement pour le collectif humanitaire thionvillois. Il aide à collecter des meubles qui sont mis en vente à petit prix dans les locaux de l’association, au 12 rue Cormontaigne pour les gens envoyés par le C.C.A.S.[1]


L’hiver, il donne aussi un coup de main à la banque alimentaire dans la cour du Sémaphore.

Deux mardi dans le mois, les bénévoles rassemblent les dons alimentaires de toute la région au Sémaphore à Thionville.

Les gens en difficulté s’inscrivent à la mairie. Chacun a un numéro d’appel puis pénètre à tour de rôle dans l’épicerie solidaire pour faire ses courses.

Bruno s’occupe de l’ensachage. Il est content de donner de lui-même. Les gens qui viennent se connaissent à la longue et tout le monde s’accorde, personne n’est là pour juger.


M. Gerard Schanne tient la caisse de l'épicerie solidaire



Aujourd’hui, quand il n’est occupé à donner un coup de main il est peut-être au Maroc où s’est mariée sa fille Ada après ses études ou encore à Rome où vivent ses frères et sœurs. Le Maroc, Bruno en avait une idée préconçue pas très favorable mais il ne peut que se réjouir de l’accueil qu’on lui fait là-bas, les gens sont si bienveillants et agréables. Les premières années il voyait qu’ils avaient peur de parler, il était interdit de rester à discuter à deux ou trois. Mais, depuis l’accession au trône de Mohamed VI les choses ont changé.

Quand il pense au passé, Bruno se revoit encore dans les champs à quatre heures du matin :

il a cinq ou six ans et il marche devant le double attelage de bœufs qui tirent la charrue que son père guide dans le sillon.




Nombreux sont ceux qui ont travaillé à la Sollac dans la région de Thionville. Sur ce wiki, plusieurs portraits leurs sont consacrés, avec notamment :