Voilà, c’est fait, madame Aggoune[1] est relogée dans un appartement neuf de la rue de la garenne.
Le déménagement s’est fait en un jour seulement car elle avait préparé les cartons pendant tout le mois d’avant.
Les temps changent et les responsables aussi : la mauvaise expérience du relogement d’Uckange à Thionville est loin et madame Aggoune remercie Magali Tonoli, pour son bon cœur et sa compétence et monsieur Cochet, le directeur de Batigère Thionville pour avoir compris ce qu’elle voulait.
Les choses ne se sont pas toujours passées en douceur et ils pourraient revoir leur politique d’accueil téléphonique par exemple mais madame Aggoune quand elle est sûre de ses droits ne se laisse pas décourager facilement. Mais pourquoi aurait-elle été vivre à Kœnigsmaker comme ils l’avaient proposé à sa voisine ? Elle est bien à Thionville.
Enfin, une nouvelle vie commence, c’est une revanche pour le bonheur. Le chagrin épuise et elle ne regrette pas de s’être exprimée : si on ne se manifeste pas on ne sera jamais respecté.
Après son divorce en 1984, madame Aggoune savait à peine comment venir d’Uckange à Thionville. Elle a appris à s’affranchir et à faire son chemin malgré les problèmes, et l’amertume de la vie. En 1976 déjà elle avait fait les démarches toute seule pour régulariser ses papiers.
Madame Aggoune n’accepte pas la condition de femme soumise : rester chez soi, ne parler avec personne, c’est une vie étouffante. Son divorce s’était mal passé, elle s’était sentie trainée dans la boue mais vive la France, les choses se passent différemment de l’Algérie où, quand une femme divorce elle n’a d’autre choix que de retourner chez son père.
Ici les associations s’occupent des femmes et les aident à faire respecter leur droit. Madame Aggoune peut enfin développer son potentiel, apprendre, s’informer et transmettre son expérience.