Michel Puccio avait 24 ans quand il a racheté le magasin d’antiquité de madame Hochman situé à l’intersection de l’avenue Comte de Berthier, de Guise et Albert 1er à Thionville.
A cet âge là, on croit tout savoir et c’est plus tard qu’on se rend compte que les anciens n’avaient pas toujours tout à fait tort. Quand on se lance dans le commerce, on ne sait pas tout et on comprend avec le temps. Il n’y a que plongé dans le bain qu’on réalise que c’est un tas de tracas et de soucis d’ouvrir un magasin.
Et il faut une part d’insouciance pour entreprendre car si on réfléchit trop on ne fait rien.
Pour Michel le choix était simple : cuisinier de formation il avait commencé par faire les saisons, partageant sa vie entre les alpes et la cote d’azur. Quand il a rencontré sa femme il a compris qu’il lui fallait trouver une activité qu’il puisse concilier avec la vie de famille.
Il fréquentait la boutique par goût des meubles anciens et petit à petit l’idée lui est venue de s’installer comme antiquaire.
C’est un métier qui ne nécessite aucun diplôme pour l’exercer et la passion lui a servi de guide. Les débuts furent difficiles, heureusement sa femme travaillait.
La recette pour s’en sortir est simple : bosser honnêtement. Etre honnête avec soi-même c'est-à-dire ne rien se cacher de sa propre situation, l’être avec la clientèle pour la garder et la développer.
Car ses vrais patrons sont les clients : il faut coller au gout du jour pour savoir acheter ce qui va se vendre. C’est un apprentissage : il faut faire l’effort de comprendre ce qu’on vend pour être capable d’expliquer ce qui fait le prix d’un objet à un client. La qualité du bois, du travail et l’état de conservation justifient le prix d’un meuble. La réalité du prix s’apprend en se trompant parfois : il est arrivé à Michel d’acheter un objet trop cher par gout et d’avoir du mal à le vendre.
Les surprises désagréables forment aussi le caractère : c’est un monde où il est parfois difficile de savoir d’où viennent les objets et on a vite fait de se retrouver en mauvaise posture. Heureusement, si jamais l’antiquaire achète un objet volé il a toujours moyen de prouver sa bonne foi : il lui suffit de tenir à jour son livre de « police » où toutes les données concernant les achats sont enregistrées. Il existe un marché parallèle très important et les brocanteurs amateurs qui n’ont ni responsabilités ni charges sont une concurrence déloyale car ils peuvent se permettre d’acheter plus cher et de vendre moins cher qu’un antiquaire en magasin. Pourtant la différence est la sécurité et la garantie des achats faits en magasin et Michel Puccio assure en plus un service après vente gratuit la plus part du temps : il n’a jamais refusé de changer une serrure ou d’ajouter une étagère.
C’est sa philosophie, il ne fait pas ce métier pour l’argent mais pour vivre une passion et se gagner un maximum de gens car se constituer un réseau est primordial dans ce métier où la réputation fait le succès.
La période est difficile, l’activité des commerçant en baisse et les banques donnent le mauvais exemple en prêtant peu : pourtant l’argent est fait pour circuler . Si l’argent fait défaut à un maillon de la chaine, il manquera au maillon suivant : si on va moins souvent boire un coup avec ses amis le cafetier finira par fermer et les gens seront tous dans une position de repli.
Malgré ça le commerce reste pour Michel une forme de liberté et pour tout dire :
le jour où il n’y a plus de risque, ce n’est plus rigolo !
Publié par Mon Quartier, Ma ville[1]