Mme Melchior et la cité des laminoirs

De Wikithionville
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La rencontre avec Mme Melchior s'est faite grâce à cette photo.


Nous voulions savoir qui étaient ces personnes, et j'avais déposé cette photo dans les boites aux lettres de la cité des laminoirs. Mme Melchior m'a alors appelée en me disant : « ce sont mes beaux parents sur cette photo. Et mon mari. » Elle ne peut pas dire dans quelles circonstances a été pris ce cliché. Parmi les adultes, de gauche à droite, elle reconnaît deux douaniers, un couple d'amis, ses beaux parents, un troisième douanier. Quant aux enfants, de gauche à droite toujours, son beau frère François, le fils du couple, et son mari, Albert.

Sur cette photo, ses beaux parents et Albert et François.


Mme Melchior habite la cité des laminoirs depuis 1955. Cette année là, elle s'est mariée avec Albert Melchior, le 10 Octobre, après un an et demi de fiançailles. Il s'étaient rencontrés chez un marchand de marrons dans le centre ville de Thionville.



Sa famille à elle venait de Basse Ham. C'est là qu'elle a grandit. Son père travaillait à la gare de Thionville. Après son mariage, alors qu'elle avait un bébé de six mois, son mari a été appelé en Algérie. Elle est retournée vivre chez ses parents durant cette période. Albert avait commencé son apprentissage aux laminoirs. Il y est resté jusqu'à la retraite. Il faisait les trois 8. 6h-14h / 14h-22h / 22h-6h. Certaines semaines, il enchainait le poste de nuit avec le poste du matin. Il avait un poste d'électricien. Son père avait également fait toute sa carrière aux laminoirs.


Albert


Dans la cité des laminoirs, ils habitaient d'abord au numéro 26, mais cette habitation nécessitait des travaux. Ils ont alors emménagé, en attendant, au numéro 7. Mais, lassés de devoir déménager, ils ont décidé de rester là, même si les pièces étaient plus petites. C'était chez eux à présent. Mme Melchior a élevé ses quatre enfants, trois fils et une fille. Les enfants allaient à l'école à Manom, puis aux Basses Terres. Quand son mari a pris sa retraite, il lui a dit un jour : "maintenant, je vais faire le travail à la maison, toi, tu as assez travaillé !" Dans la cité, les employés des laminoirs pouvaient avoir accès à des jardins ouvriers. Les Melchior cultivaient leurs légumes, tout ce dont ils avaient besoin. Mais en vieillissant, Mme Melchior a remplacé ses plantations par des fleurs. Que des fleurs. C'était moins de travail, et beaucoup plus joli. Chaque année à Noël, les laminoirs organisaient une fête avec les employés et leurs conjoints et enfants. C'est à cette occasion que certains recevaient des médailles au bout de 15, 20, 25 ans d'ancienneté...


Alors que les hommes étaient aux laminoirs, les femmes s'occupaient de la maison, des enfants... Mme Melchior cousait, tricotait, brodait. Et elle sortait aussi bavarder avec ses voisines. L'une d'elles avait un arbre immense devant sa maison. Elles s'asseyaient à plusieurs sur un banc sous l'arbre, et discutaient en ouvrant les légumes, en écossant les petits pois... Tout le monde les avait baptisées La Sainte Trinité...

Aujourd'hui, Mme Melchior a onze petits enfants, et déjà plusieurs arrières petits enfants, qui grandissent dans la région, différemment bien sûr, de leurs arrières grands parents.

Pour Mme Melchior, la nostalgie de ces années où les gens étaient tous ensemble, et la famille aussi, est très forte. Et les changements dans le quartier, les habitants qui vont et viennent et qui ne se connaissent plus, ce n'est pas toujours facile. La fermeture, et aujourd'hui la destruction des laminoirs, ont totalement remodelé le quartier, les habitudes de vie des « anciens ». Certaines maisons sont rénovées, Batigère a revendu une partie du parc immobilier de la cité. Les nouveaux voisins ne travaillent plus dans la sidérurgie. Mme Melchior, elle, a le droit de rester dans sa maison, tant qu'elle le voudra, Batigère est d'accord de la lui louer et de ne pas la mettre en vente. Bientôt, à l'emplacement des laminoirs, il y aura de nouveaux logements, pour répondre aux besoins de l'expansion de Thionville. Et le quartier, comme la ville, continueront de se modifier.



Pour en savoir plus sur les laminoirs : Laminoirs à froid de Thionville

Voir aussi le portrait de Marcel Herpeux, des laminoirs de Thionville à la photographie