Stéphane PFAFF est originaire de Metz. Il a vingt huit ans. Il est résident du Fomal, le foyer d’aide aux libérés. La rue, les foyers il connaît depuis qu’il a quitté la maison.
Il a 18 ans, sa mère lui fait suivre une annonce de manœuvre en boucherie et il part en Allemagne travailler à la tâche pour une boîte française. Pas de rapport avec les gens de l’usine, il est là pour parer la viande jusqu’à ce que le frigo soit vide : 300 carcasses à sortir parfois, il gagne 17000 francs (2600€ environ) par mois, un désosseur 25000 (3800€ environ).
Il lâche ce job pour un autre qui lui file sous le nez, Stéphane ne sera pas boucher. Il traîne trois quatre ans à Sarreguemines où il logeait pour être plus près de l’Allemagne et travaille grâce à une association intermédiaire, Cap emploi. Viré du foyer où il séjourne, il reprend la route vers Metz. Toutes ces années, il fait les 400 coups et il s’en fout.
Stéphane arrive un jour dans un l’hôtel, avenue comte de Bertier à Thionville. Il se sépare de la copine qui l’accompagne et un soir de 2009 il se retrouve à Florange, chez des gens qu’il a rencontrés par hasard, pour une soirée bien arrosée. Une dispute violente éclate entre ses hôtes : la femme quitte l’appartement en criant suivie par son mari. Stéphane ne peut laisser faire, il dévale l’escalier de secours pour les rejoindre en bas de l’immeuble, s’interpose et quand il se retourne…
Il a tout oublié. Quand il revient à lui, Stéphane est dans une chambre d’hôpital. Il sort d’un coma de deux jours avec une cicatrice sur le torse et douze points de sutures. Ses parents sont à son chevet, il a frôlé la mort.
Et tout a changé dans sa vie. Stéphane devient plus respectueux, il se comporte mieux avec les gens et il comprend qu’il est temps qu’il pense à lui-même. L’alcool est une maladie. Avant il faisait ce qu’il voulait et il avait une mauvaise image. Aujourd’hui il se sent mieux et veut donner une meilleure image de lui.
Pendant les trois semaines qu’il a passé à l’hôpital seuls ses parents et un ami sont venus le voir. Lui qui croyait avoir tant d’amis. Parfois, c’est mieux de rester tout seul. Il n’a de compte à rendre à personne sinon à sa mère et à son père : s’il fait bien les choses ils seront contents aussi.
Cela fait cinq mois qu’il occupe seul un des appartements du Fomal au quartier des Basses-terres. Il préfère ça à la cohabitation avec des gars avec qui ce n’est pas toujours simple. Là il s’occupe de son ménage, il est responsable de l’état de son logement. Il a signé un contrat avenir pour remettre des appartements en état avec le Fomal. Travailler au Fomal lui permettra de commencer à apprendre le métier avant de se lancer dans une formation de tapissier-peintre à l’A.F.P.A. Il faut être sur de son choix car il y a un délai de deux ans entre chaque possibilité d’inscription.
Après il passera le permis. Au Fomal, Hélène, une des éducatrices, l’aide à remplir les papiers, à gérer son budget et l’accompagne en entretien.
Reste à Stéphane à apprivoiser sa blessure et à continuer à reprendre confiance en lui.
Thionville est un peu petit, il y voit toujours les même têtes mais en même temps, comme la famille est éparpillée entre Moulin et Jœuf en passant par Maizières, Stéphane se trouve à un carrefour et il n’a qu’à sauter dans le train pour rejoindre ses sœurs ou sa mère et rattraper le temps perdu.
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