Virginie Hary est éducatrice au gîte A.T.H.E.N.E.S à Thionville.
A trente sept ans, Virginie est une jeune diplômée : en 2000 elle travaille pour la première fois dans le domaine social, elle est secrétaire dans un foyer d’accueil d’urgence à Metz et c’est Yvette Rolin, la directrice qui lui permettra de se former en aménageant son temps de travail : elle fait deux nuits par semaine, ce qui équivalait encore à l’époque à trente deux heures travaillées et elle peut suivre en voie directe la formation d’éducatrice spécialisée à l’I.R.T.S de Ban St Martin.
En observant les demandeurs d’asile auprès desquels elle intervient, elle a pu mesurer la détresse des pères qui, ne pouvant travailler, sont réduits à l’inactivité et souffrent davantage que les mères qui peuvent s’accrocher à leur rôle de garante du foyer. Elle a compris aussi que les enfants plus vite intégrés que leurs parents, servent trop souvent d’intermédiaires avec les institutions et sont donc confrontés à des situations qui ne sont pas de leur âge.
Etre éducatrice cela veut dire prendre position. Pour Virginie c’est être sur le terrain en relation avec les gens : il faut être présent, partager leur quotidien pour les connaître et pouvoir leur être utile.
Elle est donc diplômée depuis un an quand elle arrive au gîte A.T.H.E.N.E.S.[1] en 2006. Le gîte est un endroit à Thionville où les femmes en détresse peuvent trouver refuge avec leurs enfants[2]. Il peut recevoir quarante personnes, dont quinze adultes maximum dans quatorze chambres et un appartement externe. Ces chambres peuvent accueillir cinq personnes au plus. Cinq éducatrices, deux veilleuses de nuit et toute l’intendance de la maison sont là pour accueillir et entourer les mères et leurs enfants. Chaque éducatrice suit trois familles directement et trois autres familles suivies par une collègue au cas où celle-ci serait absente.
La vie en commun laisse certaines tâches aux résidentes, comme la vaisselle, la préparation du repas du soir et des week-end, le ménage dans les étages et le service à table.
La buanderie est au sous-sol
Chaque mardi circule le planning de l’attribution des tâches que les résidentes remplissent selon leur choix et les tâches restantes sont allouées le jeudi après midi pendant la réunion qui rassemble les résidentes présentes et un membre de l’équipe éducative . Ces réunions sont obligatoires et servent à échanger des informations, rappeler les règles de vie en commun et régler les conflits. Une résidente qui change tous les quinze jours porte la parole des autres mamans et participe à la réunion d’équipe éducative du mardi.
la terrasse donne sur le jardin
Chaque éducatrice intervient auprès des résidentes sur un domaine précis : la responsable de l’installation des résidentes, travaille en relation avec la C.A.F, celle de l'aide aux devoirs veille également à la relation mère-enfant. Une troisième éducatrice s’occupe du logement et entretient les relations du gîte avec les bailleurs sociaux.
La quatrième a en charge la santé et la vie quotidienne et Virginie travaille à l’insertion professionnelle des résidentes. Elle sert de tampon entre les institutions et les résidentes en les assistant dans leurs démarches pour retrouver un travail.
Ces domaines d’interventions donnent lieu à des ateliers pratiques tout au long de l’années au sein du gîte.
Les résidentes restent en moyenne six mois à A.T.H.E.N.E.S. et participent à hauteur de vingt cinq pour cent de leur revenu au budget de fonctionnement du gîte.
Virginie est également formatrice de terrain, elle accompagne des étudiants en stage. Elle leur transmet la nécessité de se remettre en question pour être capable de garder une distance critique avec leur pratique auprès du public. Parce qu’ils sont jeunes, les étudiants donnent naturellement tout au public mais il ne faut pas qu’ils perdent de vue qu’ils jouent un rôle dans l’institution et qu’il leur faut être conscient de ce que cela représente comme engagement, être vigilant sur ce qui leur est demandé et sur leurs objectifs de formation : en fait pour Virginie Hary, il faut tout le temps rester en formation.
Publié par Mon Quartier, Ma ville,[[3]]
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