Espoir Alokpa et la politique du handicap au Togo

De Wikithionville


Espoir Alokpa est Franco - Togolais. Il vit en France depuis novembre 2000. Il a travaillé à Lyon, est parti perfectionner son Anglais en Angleterre, avant de rejoindre sa famille à Thionville où il réside aujourd'hui. Il s'est installé en 2011 à la Côte des roses, malgré l'étonnement de ses proches qui pense que le lieu ne fait pas bon vivre. Effectivement, en arrivant il se rend compte que le quartier n'a pas bonne presse. Il se dit alors qu'il va être discret pour éviter les ennuis. Pourtant, dans les premiers jours, il croise une dame qui habite le quartier depuis 40 ans et qui y est très attachée. Le regard d'Espoir change, il est rassuré de s'installer ici. D'autant plus que le quartier est en rénovation, qu'il est selon lui « bien organisé » et que le respect est là.


Actuellement, Espoir suit une formation d'Educateur Spécialisé à l'Institut Régional du Travail Social à Metz. Dans le cadre de cette formation, il a pu réaliser une expérience internationale d'un mois en février 2013 comme stagiaire dans une association au Togo. Ce stage, il l'a effectué à Lomé, la capitale, dans l'une des écoles ENVOL, spécialisées dans la prise en charge des enfants handicapés mentaux et psychiques. Mais il ne lui a pas été facile de mettre en place ce stage. Espoir a attendu un an avant de partir. Il lui a d'abord fallu l'accord de ses formateurs et de la commission de mobilité internationale de l'IRTS qui lui a donné le feu vert. Ensuite, il lui a fallu trouver un responsable sur place, car au Togo, les éducateurs spécialisés n'ont pas la formation équivalente à celle que suit Espoir. Une école a été créée récemment pour les travailleurs sociaux, dans laquelle la filière Education Spécialisée n'existe que depuis 2 ou 3 ans. Espoir a d'abord écrit au président de l'APEHM (Association pour la Promotion de l'Enfance Handicapée Mentale). Puis, il est rentré en contact avec le Directeur du handicap au Togo, qui a été formé dans une école spécialisée à Dakar au Sénégal, a été éducateur à ENVOL et fait partie du conseil d'administration. C'est lui qui l'a reçu et Espoir est heureux de cette rencontre car il a aimé bénéficier de son expérience et estime qu'il lui a beaucoup transmis.

Durant son stage, il a également bénéficié de l'expérience de l'ensemble de l'équipe des éducateurs, en poste depuis 15 ou 20 ans. Il constate qu'ils ont largement compensé le manque de théorie par la pratique du métier. La prise en charge de l'usager en Afrique est donc assez proche de celle de la France. Malgré le manque cruel de moyens l'objectif est le même : l'autonomisation de l'usager. Dans la société Togolaise, ils ne sont pas encore arrivés à la prise de conscience que l'handicap n'est pas une malédiction, nous dit Espoir. Pendant son séjour, il a discuté avec beaucoup de parents, dans le but de leur faire comprendre qu'ils ne doivent pas avoir honte de la maladie de leurs enfants, mais être fiers d'être parents. Il leur expliquait également que la création de ces écoles est une réponse à la maladie, car on y aide les enfants à s'intégrer. Sur place, Espoir a rencontré d'autres étudiants, deux français, un suisse et un australien. Ensemble, ils ont organisé ces réunions avec des professionnels et des parents pour parler de leurs pratiques. Cela leur a permis de se familiariser avec les éducateurs locaux et avec les parents. La plupart des parents sont dans un désarroi total, surtout quand la pauvreté s'en mêle. Malgré la volonté des éducateurs de pouvoir conduire les enfants vers une autonomie sociale, il y a toujours des obstacles. La société accepte toujours mal que le handicap est un accident de la vie et pas une malédiction. De plus, dans de nombreux pays d'Afrique, quand on parle du handicap, on ne pense qu'au handicap moteur. Il faudrait une vraie politique du handicap, mais qui n'existe pas.

ENVOL, la seule école d'accueil d'enfants handicapés mentaux était portée par une association pendant plus de 10 ans. Caritas Allemagne, une ONG proche de l'Eglise catholique, qui avait accepté de donner des fonds si l'Etat participait aux salaires des éducateurs. Mais l'Etat n'a pas assumé ses responsabilités et, suite à une mauvaise gestion de l'école, Caritas s'est retiré. L'association a failli disparaître.

A l'origine, l'association a été créée par un couple de parents qui avaient un enfant handicapé. Ils ont alors souhaité défendre l'intérêt de ces enfants auprès des pouvoirs publics. C'est grâce à un prêtre Allemand au Togo, le père Schwartz, que l'association a pu bénéficier du soutien de Caritas.

Aujourd'hui, la gestion de l'association est redevenue saine et l'Etat prend en charge le financement d'une partie du salaire des éducateurs. La situation de l'association reste fragile et l'engagement de l'Etat dans la poursuite du projet est incertain. Pour Espoir, la solution peut venir des parents. Si ceux-ci se mobilisent et s'organisent, ils pourraient à nouveau profiter de soutiens d'organismes comme Caritas ou d'autres.

Espoir poursuit sa formation par des stages et des exercices théoriques sur les milieux jeunes. Il reste en contact avec ENVOL et va y retourner une fois l'an. Il souhaite que des bonnes volontés tels des éducateurs, des orthophonistes, des kinésithérapeutes et des psychologues se manifestent en faveur des enfants handicapés du TOGO, pour des missions de volontariat ou de stage.



Politique de l'handicap au Togo

Un film de Espoir Alokpa.