Laminoirs à froid de Thionville

De Wikithionville
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Allée menant aux installations.

Ils parlaient de trente six et des coups de grisous

Des accidents du fond du trou.


Les Corons de Pierre Bachelet


Qu'est-ce qu'un laminoir ? :

Les installations industrielles qui ont pour but la réduction d'épaisseur d'un matériau (souvent du métal) sont appelées laminoirs. Les laminoirs permettent aussi la création de barres dites profilées. Le laminage désigne pour sa part un procédé de fabrication par déformation plastique. Il concerne différents matériaux, tel le métal ou tout autre matériau sous forme pâteuse, comme le papier ou les pâtes alimentaires. La déformation du matériau est obtenue par compression continue, réalisée par deux cylindres, lesquels tournent dans des sens opposés [1].


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Bâtiment intact


Histoire des laminoirs :

À l'aube du XVe siècle apparaissent les premiers laminoirs à main. En revanche, les installations importantes, actionnées grâce à une roue à eau, font leur apparition au XVIIe siècle. L'invention de la machine à vapeur par James Watt en 1769 va faire prendre un essor formidable à la pratique du laminage des métaux. Le laminage est redevable aux expériences réalisées à la Tregedar Iron and Coal Company en Galles du Sud, en 1905. On y décide de mettre au point un laminoir complet, à même de laminer à chaud, en continu, une bande de 200 mm de large. À partir de 1900, plusieurs inventions vont venir enrichir le monde du laminage. Peuvent être cités les grues électriques, les fours en continu, les cisailles volantes (en mesure de couper la bande en longueurs prédéterminées sitôt sortie des cylindres), les guides usinés et les bobines enroulant à vitesse élevée.


Les laminoirs à froid :

Alors que le laminage à chaud a pour but de mettre en forme le matériau, le laminage à froid permet de modifier les caractéristiques mécaniques du métal. De fait, l'écrouissage local (qui consiste en une déformation plastique) augmente la zone de déformation élastique. De cette manière, la limite d'élasticité est repoussée, tout en gardant constante la résistance à la rupture. On applique en règle générale le laminage à froid aux produits plats, à l'instar des tôles d'acier. Il transforme un produit laminé à chaud en bobine de métal extrêmement fine, soit moins de 3 millimètres. Deux types de laminoirs à froid existent : le laminoir monocage réversible : La bande passe à plusieurs reprises dans la même cage du laminoir. le tandem : Le laminoir étant constitué de plusieurs cages, nombre fluctuant entre 4 et 6, la bande passe simultanément dans les cages.


Employé
Employé des laminoirs à froid de Thionville, à son poste.


Les laminoirs à froid de Thionville :

Le long de la route de Manom, entre la Moselle et la voie ferrée de Luxembourg, se situent les laminoirs à froid de Thionville [2]. Ouverts le 13 août 1920 par la Société Anonyme des Laminoirs de Thionville, ils sont nés d'une entente entre les fils de Peugeot Frères et des membres de la famille Peugeot [3] Principaux producteurs de feuillards nickelés, chromés, laitonnées ou d'acier laminés à froid, leur production annuelle correspondait à 30 000 tonnes, soit approximativement un cinquième de la production française. Leur équipement des plus modernes leur permettait de répondre aux sévères critères d'exigence de plusieurs industries. Soucieux des dimensions, de la dureté des feuillards, de la qualité de la surface ainsi que des caractéristiques du métal, les laminoirs assuraient la réussite des opérations de découpage, d'emboutissage, de cambrage et de pliage. Les laminoirs à froid de Thionville concouraient à la réalisation de nombreux ensembles industriels, tels le roulement à billes, le câble électrique, l'automobile et le cycle. Surtout, ils servaient à l'activité d'un grand nombre d'industries transformatrices d'ordre national. La fermeture des laminoirs a eu lieu en 2005.

Un ancien des laminoirs de Thionville, chef d'équipe mécanique, responsable du dépannage sur toute l'usine, nous explique les évolutions qu'elle a connues.

Etre chef d'équipe mécanique revenait à superviser toutes les machines au niveau de la sécurité. L'équipe tournait sur les trois huit. (6h-14h / 14h-22h / 22h-6h) Lui, en tant que chef d'équipe, pouvait être rappelé la nuit en cas de panne, et ce n'était pas rare. "La mécanique, ce n'est jamais pareil, c'est comme un défi, trouver la panne, et trouver comment la réparer... ce n'était pas monotone." Dans l'équipe, il y avait de nombreux métiers : maçons, menuisiers, tourneurs, soudeurs, fraiseurs, rectifieurs, électriciens, peintres, graisseurs, balayeurs, magasiniers (qui stockaient les pièces de rechange...). Beaucoup de métiers qui ont été peu à peu évincés, avec la modernisation des lignes.

En 1976, il y avait 100 personnes à l'entretien et dépannage. En 2004, ils n'étaient plus que 12. Les lignes étaient devenues plus performantes, (d'ailleurs il y avait de moins en moins de blessés). Mais il n'y avait pas moins de travail, au contraire. Cependant, l'entreprise sous traitait avec l'extérieur et n'employait plus que 12 personnes en interne...

En 1983, est arrivée la première vague de licenciements. Et le personnel restant a été muté, pour 80% d'entre eux, chez Arcelor Mittal en 2005. "Mittal a racheté la qualité, le savoir-faire, et maintenant il ouvre ses usines ailleurs, où le coût de la main d'oeuvre est moins important."


Route
Route de Manom.
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Route de Manom après la destruction


La Cité des Laminoirs :

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Cité des laminoirs.


Étant donné que l'extension de la société requerrait un apport considérable de personnel, loger la main-d’œuvre s'imposait. Malgré tout, les possibilités de construction sur Thionville restaient réduites. Aussi la Société des Laminoirs à Froid de Thionville essaya de mettre à disposition de son personnel des logements.

Entre 1920 et 1930, 65 logements individuels virent le jour non loin de l'usine. Ainsi fut constituée la Cité des Laminoirs, dont la population passa à environ 250 personnes. Entre 1930 et 1935, années où sévissait la crise, aucune bâtisse ne fut érigée. Après 1946, un immeuble sortit de terre à la Cité des Laminoirs, transformé en dortoir pour accueillir 80 ouvriers, dans l'attente de loger leur famille.


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Rue dans les années 50.
Maison
Rue en 2012.


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Carrefour dans les années 50.
Banderole
Carrefour en 2012.


La Grande Dépression :

La victoire française de 1918, mettant un terme à la Grande Guerre, unifia à nouveau le bassin lorrain.

  • l'UCPM
  • la Société métallurgique des Terres-Rouges
  • les Forges et Aciéries de Nord et Lorraine
  • la Société métallurgique de Knutange
  • la Société lorraine des Aciéries de Rombas
  • la Société des Aciéries de Longwy

Entre 1924 et 1929, l'industrie métallurgique de Lorraine traversa son âge d'or. En 1929, les productions de minerai de fer et de fonte parviennent à atteindre les rendements de l'année 1913. Dans le même temps, la production d'acier dépasse d'un tiers les résultats de 1913. 40 000 ouvriers sont employés dans les mines et les usines. Les installations se modernisent. À Hagondange, une nouvelle usine, nommée la SAFE, est créée, tandis que des cokeries majeures voient le jour. Thionville ajoute des aciérés et des laminoirs à ses hauts fourneaux.

Toutefois, à partir de 1930, la crise économique éclate. Partie des États-Unis, elle touche l'Europe, mais surtout l'Allemagne. Le Jeudi Noir, justifié par les multiples émissions monétaires faites par les pays européens dans la tourmente de la guerre, aura aussi ses conséquences en France. Le pays voit la valeur du franc dégringoler (malgré la stabilisation monétaire de Poincaré en 1926). En 1932, la production n'est plus que l'ombre de celle de l'année 1929, même si elle se redressera en 1935. Les commandes aux laminoirs de Thionville se font rares, les prix s'effondrent.


Le Front Populaire et les grèves de juin 1936

En mai 1936, lors des élections législatives, le Front Populaire, dont font partie le Parti Communiste (dirigé par Maurice Thorez), la SFIO (dirigée par Léon Blum) ainsi que le Parti Radical (dirigé par Edouard Daladier), obtient la majorité absolue à la Chambre des Députés (actuelle Assemblée Nationale). Soutenu par les trois partis, Léon Blum devient Président du Conseil. Un nouveau gouvernement de coalition radicale et socialiste est formé. Et, même si les communistes le soutiennent, ils n'y participent en aucun cas. Un immense mouvement de grèves se déclenche alors. Souvent, les grèves consistent en l'occupation joyeuse du lieu de travail, l'objectif étant de faire pression sur les patrons et le gouvernement, dans l'attente qu'ils adoptent rapidement des réformes. Le gouvernement Blum, en échange de l'évacuation des usines, fera signer, dans la nuit du 7 au 8 juin 1936, les Accord de Matignon.

La Lorraine est également concernée par le mouvement de grèves, avec, en particulier, la formation du Front Lorrain. Il s'agit d'une confédération mosellane, comprenant des formations opposées aux idées du Front Populaire. La cité de Thionville, tout comme les villes avoisinantes, est touchée par les grèves. Ses laminoirs à froid ne feront pas exception au mouvement du peuple.


La Seconde Guerre Mondiale :

En mai 1940, l'offensive allemande se déchaîne à l'ouest de l'Europe. Les Pays-Bas tombent au bout de trois jours de combat. La Belgique, en revanche, résiste 18 jours, avant que la Blitzkrieg n'ait raison d'elle. Menacées sur leurs flancs par le général Heinz Guderian, qui, suite à la Percée de Sedan, commence à refermer les tenailles de son piège, les troupes alliées rembarquent à Dunkerque. Les pertes dans les faubourgs de la ville sont colossales, et Hitler, suite à la victoire de ses armées, fera de ce jour la fête nationale du pays.

Le matériel de l'usine de Thionville est évacué, puis entreposé dans l'usine de Ferronneries du Midi à Toulouse, là où les Hauts Fourneaux de la Chiers se sont également repliés. La zone annexée par le Grand Reich, à la suite de la signature de l'armistice du 22 juin 1940, englobe l'usine, qui va servir aux besoins de la guerre.

Sitôt la ville de Thionville libérée le 11 novembre 1944, l'usine est remise en état. Mais la tâche n'est pas aisée, car les matières premières et le personnel manquent. Le production reprend en mars 1945 à une cadence raisonnable.


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Famille de l'époque.


La modernisation :

Le feuillard recouvert

Suivant l'usage lui étant destiné, l'acier du feuillard pourra être encore recouvert d'un autre métal, afin de garantir sa conservation ou d'améliorer sa présentation. Dans les ateliers spécialisés des laminoirs se trouvent les installations qui permettent de déposer le zinc, le chrome, le plomb, l'étain, le nickel ou le cuivre. Deux procédés sont ainsi employés :

  1. la galvanoplastie
  2. l'immersion dans un bain de métal liquide

Dans les deux cas, le feuillard est dégraissé et lavé avec soin, avant de se voir plonger dans les bains d'électrolyse ou directement dans le métal fondu. À sa sortie, on obtient un produit de qualité indéniable.



Les utilisations multiples

Une fois les imposants rouleaux d'acier, nu ou recouvert, emballés, ils sont expédiés aux divers utilisateurs. Ces derniers les emploient alors pour la fabrication de produits, comme les jantes et les cadres de bicyclette, les pare-chocs, les jouets, les articles ménagers. Toutes les industries de transformation recherchent le feuillard laminé à froid, dont les fabrications n'acceptent que des bandes d'acier de fine précision. Aux laminoirs à froid de Thionville, cette finesse est obtenue grâce aux incessants contrôles et essais. Qui plus est, un laboratoire moderne est équipé de telle sorte à pouvoir assurer le contrôle des feuillards recouverts.Alors que la société travaillait jusqu'à là avec des laminoirs à la conduite lente et difficile, les laminoirs de Thionville ont innové des laminoirs d'un nouveau genre. Dotés de cages ainsi que de cylindres, ils permettaient d'avaler littéralement la bande de métal.


La sécurité

En 1980, les laminoirs à froid de Thionville sont devenus des références en matière de sécurité. En l'espace de trois ans, le taux de fréquence et de gravité des accidents a diminué de moitié. L'objectif du personnel des laminoirs s'articule en trois grandes idées :

  1. rendre les machines moins dangereuses
  2. former le personnel aux gestes et aux consignes de sécurité
  3. connaître les causes des accidents afin d'en déduire les conséquences

Une myriade de films de l'Institut national de la recherche et de la sécurité et des diapositives en lien avec l'entreprise ont permis de sensibiliser le personnel aux dangers. Les laminoirs de Thionville, pour tout nouvel embauché, ont organisé un stage de 40 heures. Consacré à la découverte des installations, à l'information des consignes et à l'apprentissage de la manutention, il vise à prévenir les accidents.

L'ingéniosité du plan d'action du personnel est illustré par des chiffres très clairs. En 1976, le nombre d'accidents était compris entre 10 et 12. Par l'entrée en vigueur du plan, il est tombé à 5.


Les licenciements :

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Le mardi 7 juillet 1981, la procédure de licenciement enclenchée par la direction des laminoirs à froid de Thionville aboutit. Des 61 licenciements demandés par la société en raison de difficultés économiques, 58 sont autorisés par l'inspection du travail. Les personnes qui ont perdu leur emploi peuvent adhérer à la convention nationale de l'emploi en sollicitant les pouvoirs publics. Concernant la direction, l'accord permettant de bénéficier de cette convention est à la signature du ministre. Toutefois, contrairement à la volonté des syndicats, la convention dont jouissent les anciens sidérurgistes ne s'applique pas dans le cas précis. Effectivement, les laminoirs à froid de Thionville ne font pas partie des entreprises sidérurgiques et ne sont pas une filiale d'un groupe sidérurgique.

Une procédure spécialisée est alors mise en œuvre devant le conseil de prud'hommes.

Au conseil de prud'hommes, les licenciés défendent leur cause, qualifiant la mesure prise par la direction de disciplinaire, sinon discriminatoire. Selon eux, on tente de les évincer sous prétexte d'une licenciement économique, bien que la véritable raison soit dans leurs activités syndicales.

Le jugement a été mis en délibéré au 16 juillet 1981.


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Bâtiments détruits


Grèves de 1982 :

L'inanité de l'assemblée générale

À partir du 1er avril 1983, les laminoirs de Thionville sont paralysés par un mouvement de grève. Les locaux sont occupés et les portes bloquées. Ce mouvement trouve sa source en l'annonce par la direction de l'augmentation, pour le mois d'avril, du chômage partiel, lequel touche depuis quelques mois déjà l'entreprise.

À la date du 11 avril, la direction s'inquiète du prolongement du conflit, aussi avertit-elle les membres du personnel : « Pour résoudre ce conflit, la direction a proposé toutes les mesures qu'il est possible de prendre dans la situation présente de l'entreprise, pour atténuer dès maintenant les effets du chômage pour le personnel. D'autres propositions ont été faites pour satisfaire, dans la limite des nécessités du service, les revendications portant sur le problème moins immédiatement de la fixation des jours de congés payés correspondant à la cinquième semaine. » (Républicain Lorrain du 11/04/82) L'intérêt de cette annonce prend d'autant plus d'importance qu'il est nécessaire de résorber les pertes de l'année 1981 et de sauvegarder une partie de la clientèle nécessaire au bon fonctionnement de l'entreprise.

Une assemblée générale des travailleurs se tient à l'usine, en présence de plus de 300 personnes. L'intersyndicale y expose les diverses négociations. Mais, suite à l'assemblée générale, les travailleurs jugent les négociations insuffisantes.

Une nouvelle entrevue avec la direction n'aboutit pas, ce qui va pousser l'intersyndicale à durcir le mouvement.

En premier lieu, un appel est lancé afin de soutenir sur un plan financier les grévistes. Dans un second temps, il est prévu de bloquer la voie ferrée, à Manom, sur la ligne Thionville-Luxembourg.


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Vue arrière des laminoirs.


Le blocage du Pont des Alliés

Le mercredi 14 avril 1982, l'intersyndicale des laminoirs à froid de Thionville organise une action spectaculaire devant l'inanité des négociations. Entre 11h30 et 12h30, des centaines de véhicules sont astreintes à demeurer sur les rives opposées de la Moselle. Tout trafic est ainsi interdit. Malgré les déviations promptement mises en place par la police, les embouteillages prennent une ampleur démesurée.


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Voie ferrée de Manom.


Quelque temps plus tard, revenus à l'usine, les grévistes bloquent partiellement la voie ferrée de Manom. Puis, ils reçoivent la visite du Dr Paul Souffrin, le maire de la ville, dont ils obtiennent le soutien.


La reprise des négociations

Le jeudi 15 avril 1982, à 18h, les négociations reprennent entre l'intersyndicale ainsi que la direction des laminoirs à froid de Thionville. Le maire de Thionville met à leur disposition un « terrain neutre » (Républicain Lorrain du 16/04/82). La municipalité prévoit aussi de fournir une aide financière à ceux domiciliés à Thionville, et qui, du fait des grèves, subissent des pertes importantes de salaire.


L'aboutissement des négociations

Après plusieurs jours de grèves, dans la nuit de jeudi à vendredi, les salariés de l'entreprise se prononcent sur la reprise du travail à plusieurs conditions. Il est notamment décidé que 21 jours de congés payés pourront être pris au mois d'août par tous les employés. Le relèvement du coefficient plancher de l'heure de travail passe de 17,70 F de l'heure à 18,20 F de l'heure. Enfin, la direction accepte de recalculer la prime de fin d'année, en tenant compte du chômage moyen de l'année.


L'agitation croissante

Les employés des laminoirs à froid de Thionville tentent, le 11 mars 1983, d'attirer l'attention sur le sort de leur usine. En organisant un défilé dans les rues de Thionville ils escomptent éviter l'asphyxie des laminoirs. Car les deux sociétés sidérurgiques, Sacilor et Usinor, refusent de livrer aux laminoirs le feuillard nécessaire à son fonctionnement.


Les barrages du 23 mars 1983

« Les laminoirs vivront. » et « Nous ne voulons pas être les chômeurs de demain. » (Républicain Lorrain du 23/03/83) : tels sont les slogans scandés par les travailleurs des laminoirs à froid de Thionville pour la survie de leur usine. Des barrages sont installés dans les rues, des pneus brûlent sur la chaussée, les rideaux sont baissés, la police mobilisée.


Les conditions de la reprise

Après l'intervention en avril du Garde des SceauxRobert Badinter auprès du Procureur de la République du tribunal de Thionville, la solution aux grèves est proche. Entre autres, l'intersyndicale réclame que la société adhère à la convention de protection sociale de la sidérurgie, laquelle permettrait aux ouvriers de partir à la retraite dans de bonnes conditions leurs 50 ans révolus. Elle demande aussi un reclassement d'une partie du personnel dans les groupes sidérurgiques repreneurs. Par ailleurs, les grévistes approuvent la reprise des activités, mais rejettent les suppressions d'emplois (prévus à 171).


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Façade près de la voie ferrée


Le règlement judiciaire

Même si les représentants de l'intersyndicale ont demandé un report de la décision à la quinzaine, le temps de trouver un possible acquéreur pour l'entreprise, les laminoirs à froid de Thionville sont placés en liquidation judiciaire le 1er juillet 1983.


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Un oeil à travers le verre.


La reprise du travail

Le conflit opposant cadres et employés au personnel s'apaise le 14 juillet 1983. Certaines services reprennent le travail. Cependant, en raison de problèmes techniques, l'usine se remet réellement en route le 18 juillet 1983.


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Jardins de la Cité des Laminoirs.


L'espoir :

M. Jacques Wallon, nouveau patron des laminoirs à froid de Thionville, remet, le 8 décembre 1983, des médailles à 33 agents de l'usine, en récompense de leur travail et de leur fidélité. Dans l'espoir que des résultats seront au rendez-vous en 1984, après la crise de l'an passé, il garde, dans son discours, une pensée pour ceux ayant quitté l'usine.


La fin :

Rebaptisés « Etilam » , les laminoirs à froid de Thionville ferment le 31 octobre 2005. Les mouvements de grève ainsi que les négociations n'auront permis d'enrayer le processus de fermeture. Néanmoins, le reclassement du personnel a plutôt bien fonctionné. « Plus de la moitié des hommes et des femmes ont pu trouver une issue dans une des autres entreprises du groupe. Un tiers de l'effectif a, pour sa part, bénéficié des mesures d'âges pour profiter de la retraite anticipée. Pour les personnes n'ayant pu bénéficier de l'une ou l'autre de ces mesures, une antenne de recherches d'emplois (12 à 18 mois) a été mise en place. Certains ont profité d'un congé de reclassement ou ont décidé de travailler sur un nouveau projet personnel. » (Républicain Lorrain du 05/08/2006).


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Les portes des laminoirs fermées.



Si vous avez été intéressé par cet article, vous pouvez également consulter Marcel Herpeux, des laminoirs de Thionville à la photographie.

Pour en savoir plus sur la Cité des laminoirs, vous pouvez vous informer sur l'article Mme Melchior et la cité des laminoirs.


Ils aimaient leur métier comme on aime un pays.


Les Corons de Pierre Bachelet


Notes et références

  1. http://fr.wikipedia.org/wiki/Laminage
  2. http://www.actuacity.com/laminoir--usine-de-traitement-de-surface-des-metaux-dite-societe-nouvelle-des-laminoirs-de-thionville--puis-societe-nouvelle-des-laminoirs-a-froid-de-thionville_m123298/
  3. http://wikithionville.fr/index.php?title=Cat%C3%A9gorie:M%C3%A9moire


Crédits photos : MAYER Abel & PISTRE Michel & RIALLOT Xavier & Archives de la ville de Thionville

Crédits documentation : SANTILLI Corentin & Archives de la ville de Thionville

Remerciement à LAGLASSE Dominique et à toute l'équipe des Archives municipales pour leur coopération à la création de l'article " Laminoirs à froid de Thionville "

Article initié par SANTILLI Corentin