« Communiquer pour résister »

De Wikithionville
Concours National de la Résistance et de la Déportation 2012-2013 : « Communiquer pour Résister (1940-1945) »


« On voit qu'un ami est sûr quand notre situation ne l'est pas. »

Cicéron


Employé
Propagation de tracts dans une ruelle


« La première arme de la Résistance a été l'information. » C'est sur cette citation de Lucie Aubrac, ainsi que sur le libellé du sujet, que s'est portée la réflexion sur l'action de la Résistance, dans le cadre du concours.


Malgré son allégeance forcée au Reich, Thionville s'est trouvé à proximité d'une des mines d'informations les plus riches de la guerre. C'est en effet entre Paris et Metz que le résistant Robert Keller (1899-1945) a dérangé une ligne téléphonique. La manipulation, redirigée vers Noisy-le-Grand, a permis l'écoute, durant 5 mois, des liaisons téléphoniques entre la France occupée et l'Allemagne nazie.

De hauts dignitaires du Reich, tels que l'amiral Dönitz, Keitel, commandant suprême des forces du Reich, ou encore Jodl, chef de l'état-major nazi.

Cependant, Robert Keller finit par être déporté avec certains des siens, et meurt au camp de concentration de Bergen-Belsen.



Introduction

À peine arrivé en France, l'Occupant aspire à contrôler la totalité des moyens de communication (de la presse à la radio, en passant par les courriers, les réunions et les transports publics) en instaurant une série de mesures.

Hitlerne souhaite pas uniquement rétablir l'ordre dans les pays conquis. Il cherche aussi à rejeter les libertés, individuelles et collectives. Pour cela, il musèle l'opinion publique, l'expression de l'individu, la réunion et la circulation. Vichy, en zone sud, procède aux mêmes exactions.

En temps de guerre, l'obstacle à la communication se traduit le plus souvent par la répression, ou par la propagande. Les autorités allemandes et françaises fustigent leurs adversaires (en particulier les " judéo-bolchéviques "). Si, au départ, elles tâchent de faire bonne figure devant la population, elles deviennent de plus en plus menaçantes, à mesure que la situation militaire tourne en leur défaveur.


Pour les résistants, il devient donc impératif de démentir les propos de la propagande officielle. Diffuser la vérité là où le mensonge a gangréné les esprits apparaît comme un objectif indispensable.

L'Appel du Général De Gaulle, le 18 juin 1940, constitue certainement l'un des plus brillants exemples de communication de la Seconde Guerre Mondiale. Les radios, à travers cet appel, prennent une dimension nouvelle, et engagent le combat contre les médias enchaînés par Hitler et Pétain.

Aux dires des journaux antisémites et collaborationnistes, les écrits clandestins répondent par le refus et le rejet des propos tenus. Les tracts viennent épauler la France libre dans sa lutte, en étant parachutés au-dessus de la France occupée.

Cette politique de communication requiert une logistique et une organisation performantes. En effet, la répression se durcit, devant les actes de dégradation des résistants. Ces derniers prennent la parole en public, arrachent les affiches, réalisent des graffitis nationalistessur les murs. Jusque dans les camps d'internement, les résistants vont prêcher la vérité.


Employé
Croix de Lorraine


À travers ce dossier, nous nous proposons de montrer :

En quoi la communication a-t-elle servi la Résistance ?

En nous posant successivement plusieurs questions :

  • Quel sens prend la communication contemporaine ?
  • Quel sens prenait la communication pendant la Seconde Guerre Mondiale ?
  • Quel impact avait la communication sur les manœuvres militaires ?
  • Quel impact avaient les manœuvres militaires sur la communication ?
  • Quels faits marquants ont rythmé les six années de guerre ?
  • Comment s'informer, informer, convaincre et recruter, durant le conflit mondial ?
  • Comment se coordonnait et s'organisait la Résistance ?



I)La communication de nos jours

Si la communication, de nos jours, devait être définie, elle consisterait à établir une relation avec une personne, à partager avec elle une information, ou un renseignement.


Employé


Au XXIème siècle, la communication se pratique en majeure partie avec l’Internet. Mais d'autres techniques de communication, plus " classiques ", subsistent toujours. La radio, la télévision, le journal, les tracts, le courrier, ou tout simplement la voix.

Ses objectifs se résument à :

  • transmettre une information, un sentiment,...
  • se faire connaître
  • établir un socle de compréhension 
  • obtenir une aide
  • mette en place une relation 

Plus que des objectifs, ce sont des enjeux. Les enjeux de la communication, avec leurs avantages, mais aussi leurs inconvénients tacites.



II) La communication pendant la Seconde Guerre Mondiale

Il est intéressant de noter que, pendant la Seconde Guerre Mondiale, la communication présentait déjà ces traits contemporains. Les moyens de communication et les enjeux de celle-ci sont indissociables, car chacun a une influence sur l'autre.

Par la force des choses, les techniques pour communiquer n'étaient pas aussi performantes qu'aujourd'hui. La presse (journaux), la radio (émissions), les tracts (affiches), le courrier (lettres) avaient une place de choix, à l'époque.

Mais même si, 70 ans plus tôt, la technologie n'était pas aussi pointue, les enjeux de la communication, eux, étaient exactement les mêmes. Leur aspect s'est simplement modifié. Au cours de la guerre, ils étaient essentiels à la victoire sur le nazisme.

  • transmettre une information, un sentiment,...
  • se faire connaître
  • établir un socle de compréhension 
  • obtenir une aide
  • mette en place une relation 


Employé
Appel du Général De Gaulle


Ces enjeux revêtent un caractère vital, dans le cadre de la guerre :

  • transmettre un renseignement stratégique, une bonne nouvelle (par la radio, par exemple), un document important
  • faire connaître la Résistance, la France libre et De Gaulle, dans un conflit aux monopole militaire et au monopole de communication assurés par les Alliés
  • étendre des données aux services secrets et aux réseaux de résistance, pour que ces derniers puissent les utiliser à leur avantage
  • obtenir l'aide des résistants, des Alliés, de la France libre
  • mettre en place une relation entre tous les réseaux (CNR)



III) Impact de la communication sur les manœuvres militaires

La communication a inévitablement eu un impact sur les manœuvres militaires de la guerre. Elle a soit permis de les coordonner, afin que leur succès soit assuré, soit de les anticiper.


Entre eux, les chefs des différents états-majors communiquent. Ils sont en mesure de s'informer mutuellement sur la situation militaire, et l'évolution du conflit. La communication, alors, devient une arme. Fortes de leurs renseignements, les armées peuvent manœuvrer en connaissance de cause, frapper là où des points faibles ont été détectés.

Par ailleurs, la communication permet d'éviter des erreurs critiques. Le lancement d'une force armée trop importante, par exemple, sur une position qui n'en vaut pas la peine.


Employé
Machine allemande Enigma


À l'inverse, la communication peut devenir un rempart contre l'ennemi. Les chefs d'état-major, avertis de l'avancée adverse, sont en mesure de renforcer leurs positions, d'augmenter l'effectif armé, ou de le réduire.

Lors de la Bataille de Koursk, les services secrets britanniques déchiffrent les codes Enigma des Allemands. Les plans de bataille nazis, transmis aux Soviétiques, ont permis à Staline de sortir vainqueur du plus grand combat industriel de notre époque.



IV) Impact des manœuvres militaires sur la communication

Les mouvements des troupes, lors de la Seconde Guerre Mondiale, ont provoqué deux effets consécutifs sur la communication.


Employé
Sabordage de la flotte française à Toulon


D'abord, les manœuvres militaires l'ont restreinte. Après l'attaque ou l'invasion d'un pays, les moyens de transport deviennent limités. Les voies de chemin de fer sont endommagées, les hangars détruits. Pendant l'occupation du territoire, des mesures tombent, limitant les émissions de radio, muselant la presse, interdisant les journaux. La répression inhérente à une occupation limite la communication, par souci de crédibiliser la propagande.


Dans un deuxième temps, les manœuvres militaires stimulent la communication. Elles lui donnent même un nouvel essor. La communication, brimée, cherche à s'affranchir des limites qu'on lui impose. Des recherches sont conduites, pour améliorer ses performances. Ainsi, elle devient une arme redoutable.



Contexte militaire

I) 1939

Signature du pacte germano-soviétique


Le 1er septembre, sans la moindre déclaration de guerre, la Wehrmacht envahit la Pologne. Grâce à la tactique de la Blitzkrieg et au soutien de Staline (lié par le Pacte Molotov-Ribbentrop), elle parvient à la vaincre rapidement.

En avril, une intervention militaire franco-britannique vise à sécuriser la " Route du Fer " norvégienne. Néanmoins, le fjord de Narvik doit vite être abandonné, car Hitler envahit le Danemark, puis la Norvège.


Faits marquants de la communication :



II) 1940

Le front français reste paisible durant des mois. C'est la " Drôle de Guerre ". Mais, le 10 mai, Hitler déclenche son offensive à l'ouest. Après la chute des Pays-Bas, de la Belgique et du Luxembourg, la France est envahie par la Wehrmacht. Des milliers de civils fuient sur la route des Allemands.

Lorsque les troupes d'invasion franchissent les Ardennes, les défenses de la Ligne Maginot perdent leur efficacité. Encerclés, les Français et le corps expéditionnaire britannique se replient à Dunkerque, où ils réembarquent sur les bateaux envoyés par Churchill.

Après l'armistice du 22 juin, Hitler cherche à abattre son dernier ennemi en Europe : l'Angleterre. La Luftwaffe de Goering entame donc le Blitz, afin de faire plier les Britanniques.


Employé
Invasion du 10 mai 1940


Faits marquants de la communication :

  • 18 juin : Appel du Général De Gaulle
  • Juillet : Écrits de Jean Texcier contre l'Occupant
  • 18 juillet : 5 minutes sont allouées à la France libre sur la BBC
  • Septembre : Appel à la revanche du Général Cochet en zone Sud
  • Novembre : Manifestations parisiennes contre Hitler et Pétain
  • 1er décembre : Premier numéro du journal Libération-Nord, par Christian Pineau
  • 15 décembre : Premier numéro de Résistance
  • 23 décembre : Appel du Général De Gaulle à manifester en métropole, le 1er janvier



III) 1941

Les dernières offensives nazies ont lieu en Europe balkanique et danubienne. Elles entraînent la chute de la Roumanie et de la Bulgarie.

Le 22 juin, Hitler déclenche l'Opération Barbarossa, et envahit l'URSS. En trois mois, ses armées parviennent aux portes de Leningrad et de Moscou. Les SS commettent des exactions contre les populations locales.


Employé
Attaque sur Pearl Harbor


Le Japon, le 7 décembre, détruit la flotte américaine stationnée à Pearl Harbor, dans les îles Hawaï. Ensuite, il avance vers la Birmanie, l'Asie orientale, et l'Australie. L'agression nippone précipite les États-Unis dans la guerre.


Faits marquants de la communication :

  • 21 janvier : Arrestation d'Honoré Estienne d'Orves, fondateur du réseau de résistance Nemrod
  • 15 mars : Opération Savanna (premier sabotage franco-britannique)
  • 22 mars : Lancement de la " campagne des V " par la BBC
  • 1er avril : Premier numéro de La voix du Nord
  • 6 mai : Réception en France du premier agent des services secrets britanniques (SOE)
  • 27 mai : Appel du PCF à libérer la France
  • Août : Premiers pas de Cornète, filière d'évasion
  • Septembre : Survol de la France occupée par des Lysanders, pour le compte du SOE
  • Septembre : Jean Moulin atteint Londres.
  • 24 septembre : Fondation du Comité National Français par De Gaulle
  • 23 octobre : Discours du Général De Gaulle prônant la cessation des attentats contre les allemands, qui provoquent systématiquement des représailles
  • 7 novembre : Parachutage d'Yvon Morandat, en zone Sud



IV) 1942

Dans le Pacifique, les forces américaines du général Mac Arthur stoppent l'élan victorieux japonais. La bataille de Midway (juin), surtout, affaiblit le potentiel naval nippon.

À partir de septembre, la Wehrmacht tente de s'emparer de Stalingrad sur la Volga. Mais les Soviétiques opposent à leurs assaillants une résistance farouche. Finalement, les hommes du Maréchal Joukov font leur jonction, encerclant ceux de Von Paulus.


Employé
Soviétiques dans les ruines de Stalingrad


En février, les Allemands se rendent. Ils échouent également à Koursk, en juillet.

L'Afrika Korps de Rommel se heurte aux Anglais à la Bataille d'El Alamein, au mois d'octobre. Les troupes du Reich sont battues. En novembre, lors de l'Opération Torch, les troupes anglo-américaines débarquent au Maroc et en Algérie. À Tunis, Allemands et Italiens, pris en tenaille, cessent le combat.


Faits marquants de la communication :

  • 2 janvier : Parachutage de Jean Moulin
  • 17 janvier : Transformation du SR de la France libre en BCRAM
  • 27 février : Destruction par les Britanniques de la station radar allemande de Bruneval, en Normandie, grâce aux renseignements du réseau Rémy
  • Avril : Apparition des FTP en zone occupée
  • Avril : Création du BIP par Jean Moulin
  • Avril : Mise au point de la source K
  • Juillet : Création du CGE par Jean Moulin
  • 20 octobre : Dénonciation par le MNCR du massacre des Juifs déportés
  • Novembre : Création du SOAM en zone Sud



V) 1943

Après leur conquête de l'Afrique du Nord, les Alliés débarquent en Sicile, en juillet. L'Opération Husky précipite la chute de Mussolini.

L'Italie capitule. Mais les armées allemandes envahissent l'Italie jusqu'au sud de Rome. Les Alliés parviennent à la Ligne Gustave, où ils sont bloqués. Passant par la rivière Austente, ils parviennent à libérer la capitale.


Faits marquants de la communication :

  • 26 janvier : Fusion des mouvements de résistance de la zone Sud (Libération, Franc-Tireur et Combat) en un seul et même mouvement : les MUR
  • Février : Proposition de l'antenne de Berne de l'OSS de financer les MUR (affaire suisse)
  • Avril : Création du BOA en zone Sud
  • Printemps : Déchiffrement des codes Enigma nazis, par Américains et Britanniques
  • 15 mai : Annonce par Jean Moulin, via télégramme, du ralliement du CNR à la cause du Général De Gaulle
  • 27 mai : Fondation du CNR
  • 3 juin : Création du CFLN
  • 21 juin : Arrestation de Jean Moulin, Raymond Aubrac, et des autres participants de la réunion, à Calluire
  • 8 juillet : Mort de Jean Moulin en Gare de Metz
  • Juillet : Multiplication des sabotages en France
  • Septembre : Parution des paroles du Chant de la Libération (prochain Chant des Partisans) par les Cahiers de la Libération
  • 6 au 9 novembre : De Gaulle devient l'unique président du CFLN



VI) 1944

Sur les ordres du général Eisenhower, les pilotes britanniques, le 5 juin, bombardent le nord de la France. Le lendemain, les Anglo-américains déclenchent l'Opération Overlord. Le Mur de l'Atlantique s'avère incapable de repousser l'envahisseur. Le 25 août, Paris est libéré par la deuxième division blindée du Général Leclerc et les résistants parisiens.

Les Américains lancent un assaut massif sur les Iles Mariannes. Au cours de la bataille de la Mer des Philippines, ils attaquent à la fois la marine et l'aviation des Japonais.


Faits marquants de la communication :

  • 5 janvier : Fusion des MUR avec les mouvements de la zone occupée, en MLN
  • 21 février : Exécution des membres du Groupe Manouchian
  • 21 avril : Fixation par le CFLN des pouvoirs publics de la France libérée et droit de vote aux femmes
  • 1 et 5 juin : Annonce par la BBC, sous forme de messages codés, du Jour J (Les premiers vers du poème de Paul Eluard résonnent : Les sanglots longs des violons de l'automne, blessent mon coeur d'une langueur monotone.)
  • 3 juin : Adoption par le CFLN du titre de GPRF
  • 6 juin : Déclenchement du plan vert de la Résistance (saboter les lignes ferroviaires) et du plan rouge (mener des actions de guérilla)
  • 25 juin : Parachutages intensifs de matériel, en plein jour, sur les maquis
  • 18 août : Grève à Paris, et mobilisation générale, sur ordre de Rol-Tanguy
  • 23 octobre : Admission du GPRF par les États-Unis, le Royaume-Uni et l'URSS



VII) 1945

Après sa victoire à Stalingrad, l'Armée Rouge pénètre en Allemagne. Le Reich est bombardé. Hitler lance sur l'Angleterre ses missiles V1 et V2. Le 26 avril, les armées américaines et soviétiques font leur jonction sur l'Elbe, au pont de Torgau. Le nord de l'Italie est libéré par les offensives alliées. Le 30 avril, les Russes s'emparent de Berlin, poussant Hitler au suicide. L'Allemagne signe une capitulation sans condition.

En février, les troupes américaines atteignent les premières îles japonaises. Malgré la déclaration de guerre des Soviétiques et la perte de la Birmanie, la résistance nippone ne fléchit pas. Alors, le président Truman utilise la première bombe atomique de l'Histoire. Deux bombes sont larguées sur Hiroshima et Nagasaki, les 6 et 9 août.

L’empereur japonais Hiro Hito est obligé de signer la capitulation japonaise, le 2 septembre.


Faits marquants de la communication :

  • 15 juin : Rétablissement des lois octroyées en 1881 à la presse
  • 1945 : Restauration complète de l'indépendance radiophonique



Les écrits clandestins

1- Contexte

La presse clandestine (hostile à Vichy ou à l’Occupant) naît dans un cadre législatif et répressif particulier.


En France, la presse est encadrée dès l’entrée en guerre. L'État restreint les libertés octroyées par la loi de 1881, qui garantit pourtant la liberté de presse. Consécutivement aux mesures prises contre la presse étrangère, puis contre les communistes, un décret vise les publications susceptibles de démotiver les populations et l'armée. Cette censure entre en vigueur à compter du 24 août 1939.

Ces décrets et textes de loi seront appliqués jusqu’au 15 juin 1945, ce qui facilitera la tâche des Allemands. Ainsi, dans les différentes zones occupées, la presse devient un moyen de propagande. Les agences de presse et les journaux sont contrôlés. L’exemple le plus frappant de ce contrôle est la parution de la première liste dite d’Otto, qui énumère 1060 titres de livres français à proscrire. Cette liste est nommée en référence à l'ambassadeur de l'Allemagne à Paris : Otto Abetz.

La liste d'Otto, diffusée par la Propaganda Abteilung, voit le jour suite à la collaboration des maisons d'édition et du Syndicat des éditeurs français. Henri Filipacchi, alors chef du service des librairies aux éditions Hachette, rédige un document initial qu’il soumet à la validation des éditeurs. Cette première liste interdira de nombreux auteurs juifs, comme Joseph Kessel, le célèbre psychologue Sigmund Freud, mais également des communistes, avec en tête Karl Marx, Léon Trotski, Léon Blum, etc.


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Liste d'Otto


Ces censures sont décidées par la Propaganda-Abteilung Frankreich, organisme délégué du « Ministère du Reich à l'Éducation du peuple et à la Propagande », dirigé à l’époque par Joseph Goebbels. La Propaganda-Abteilung attribue en priorité le papier aux maisons d'édition et aux journaux qui se montrent favorables à la politique allemande. Son comité de censure relit les articles des journaux avant publication, et ses dirigeants placent des hommes dévoués à la tête des rédactions et des entreprises de presse.

Les résistants comprennent qu’il leur faut donc lutter contre la propagande allemande.



2- Les méthodes pour lutter contre la propagande allemande

A) Les graffitis

C’est l'un des premiers gestes de contestation, et probablement l’un des plus simples à réaliser, malgré la peine encourue par l'auteur pris en flagrant délit. Le graffiti peut revêtir divers aspects : labourer, barbouiller, déchirer les affiches de propagande.

Cette pratique prend une ampleur démesurée, au point que, en juillet 1940, les Allemands font suivre leurs affichages par ce bandeau explicite : « l’altération de la présente affiche sera considéré comme un acte de sabotage et puni des peines les plus sévères ». Le 21 janvier 1942, Vichy emboîte le pas à l'Occupant. Cependant, les résistants ne se bornent pas à la destruction des affiches.

Ainsi, sur les affiches de propagande officielles de Vichy, des ajouts comme les mots « vendus » ou « traîtres » deviennent chose courante. L'humour, bien entendu, s'invite dans le détournement des messages véhiculés par les affiches. Les portraits des dignitaires de l'État français, tels Pétain ou Laval, adoptent la moustache « à la Adolf ».

Malgré cela, le graffiti peut aussi prendre une tournure plus grave. Placardés sur les murs des villes, les avis d’exécutions se couvrent d’inscriptions en hommage aux résistants victimes de la barbarie nazie. Le « mort pour la France » est ainsi repris dans la scène d'entrée du film L’Armée du crime de Robert Guédiguian. Il arrive que lorsque des individus anonymes déposent des gerbes de fleurs au pied d'une affiche, celle-ci se transforme en calvaire.

L'adhésion des auteurs de graffitis à la cause de la France libre et à celle des mouvements de la Résistance intérieure s'illustre à travers ces actes de vandalisme.


La campagne des « V », qui consiste à tracer sur les murs le " V " de la Victoire, remporte un vif succès en Europe, après son lancement par la BBC en décembre 1940.


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V tracé sur une affiche


En France, dans les jours qui suivent l'émission « Les Français parlent aux Français » du 22 mars 1941 sur Radio-Londres, murs, portes et surtout panneaux d’affichage officiels se couvrent de « V ». Ces lettres peuvent être accompagnées d'une croix de Lorraine ou d'un marteau et d'une faucille. En 1941, plus de 500 000 inscriptions du genre sont enregistrées par la police, pour la simple région parisienne.


B) Les papillons

Entre 1940 et 1944, la Résistance doit tenir compte des moyens techniques dont elle dispose. Le format moyen des affiches empêche leur duplication massive, et ne doit surtout pas condamner les résistants qui les placarderaient ou les transporteraient.

Dès lors l’utilisation de papillons se développe.


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Papillon


Un papillon est en un tract de format réduit, censé être distribué, jeté ou fixé. Sa conception et sa fabrication sont simples, car il est, la plupart du temps, réalisé sur des formats standards (étiquettes d’écolier).

Une section de la Résistance se charge de la fabrication des papillons : les organisations de jeunesse. Lors des appels au souvenir des fêtes de la nation lancés par la BBC, et des réunions incitant les victimes du STO à gagner les maquis, les papillons sont reproduits en masse.

Dès l'été 1942, la section juive de la MOI se lance dans la production de papillons visant à dénoncer la déportation des enfants de confession et d'origine juives.


Le papillon remporte un immense succès auprès de la Résistance, pour deux raisons.

En premier lieu, la brièveté : un slogan voire un dessin s’interprètent instantanément. C'est pourquoi les rues se couvrent de papillons, malgré la lutte acharnée des autorités locales pour les arracher. Des slogans comme « Vive la République quand même », « Pétain au dodo, Laval au poteau », « Travail forcé - Loin de la Famille – Contre la Patrie » manifestent l’hostilité de la population.

De plus, le papillon peut être aisément répandu par les résistants, que ce soit dans une ruelle, une salle, un livre ou encore une boîte aux lettres.


C) Les tracts

L'appel à l'armistice de Pétain, le 17 juin 1940, coïncide avec l'apparition des premiers tracts. Ces derniers sont ronéotypés ou dactylographiés. La France libre peut être amenée à en réaliser, mais elle peut aussi déléguer cette tâche aux services alliés (britanniques au départ). Quoi qu'il en soit, les tracts finissent par être parachutés en France. Finalement, les résistants de l'intérieur sont également appelés à la confection.

Durant la guerre, les tracts demeurent un excellent moyen de lutte contre la propagande officielle, car ils se veulent l'antithèse des papillons, en détaillant et en argumentant leur contenu. L'information délivrée par les tracts traite donc d'une question en particulier.

Si la volonté nationale souhaite répandre une donnée en sa faveur, des milliers de tracts sont simultanément reproduits. C'est le cas en mai 1941, après l’annonce de la création du  «  Front national de lutte pour l’indépendance et a liberté de la France » par le PCF.

Au départ, les tracts sont signés par des groupes aux motivations floues, parfois même indépendants de la Résistance. À partir de 1942, cependant, ils sont signés par des mouvements de la Résistance, en réaction à des événements importants. Ainsi, le Comité d’action contre la déportation réagit aux déplacements forcés des brimés du régime nazi, des consignes sont données aux populations, par les comités locaux et départementaux de la Libération, à la suite du Jour J.

Plusieurs dizaines de millions de tracts seront reproduits lors de la Seconde Guerre Mondiale, en dépit des peines encourues et de la répression.


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Tract glorifiant le travail de la France libre


D) Les journaux

a) Une presse qui résiste

La presse, pour commencer, est très limitée. Contrôlée, elle ne dispose de quasiment aucun moyen pour se lancer dans la résistance. Cela explique sa collaboration initiale avec les Allemands. Cependant, des mouvements de Résistance finissent par apparaître, et se rassemblent autour d’un titre-phare : Libération.

Après des débuts mitigés (35000 exemplaires fin 1941), le soutien économique de la France libre rend possible l’élargissement de la diffusion des journaux résistants. De cette manière, en juillet 1943, la diffusion de Libération en zone Sud est au minimum multipliée par six (de 10 000 à 60 000 exemplaires).

De nombreux journaux apparaissent, à l'image de " Libérer et fédérer " à Toulouse, ou encore de " L’Espoir 93 " à Saint-Étienne. Une grande partie d'entre eux affiche même une orientation politique. L’Humanité, par exemple, se veut le porte-parole du PCF français, et le Populaire se réclame journal (clandestin) du parti socialiste.


b) Les difficultés techniques

À la difficulté liée à la répression s’ajoutent des difficultés techniques. En effet, un numéro de journal est capable de passer d'un mode d'impression très sophistiqué à un mode peu élaboré.


La précarité des filières approvisionnant les journaux en matériel, trop sollicitées, peut expliquer ce phénomène de recul brutal.

Un même numéro peut être imprimé en différents lieux, avec, inévitablement, du matériel différent. L’Humanité et La Vie ouvrière sont régulièrement confrontés à ce genre de problème.


La troisième explication repose sur l'efficacité de la surveillance policière. Car, après une vague d'arrestations, une imprimerie à l'arrêt est en mesure d'enrayer tout le fonctionnement d'un journal. Si le tirage veut reprendre, il faut que l'imprimerie clandestine, victime des autorités locales, passe un accord avec une autre imprimerie.

Le cas échéant, le journal est voué à disparaître. Son équipe se fond dans une autre encore en activité.

Lors du mois de juillet 1943, le journal Défense de la France est ciblé par la police, mais renaît en septembre. Le journal finit tout de même par fusionner avec Combat en 1944. Ceci permet de récupérer le temps perdu au printemps, lors des opérations de démantèlement, et de diffuser des journaux tant en zone Nord qu'en zone Sud.


c) Les difficultés de diffusion

Certes, imprimer un journal constitue une étape d'importance, mais le diffuser en est une autre. La difficulté est principalement d'écouler un maximum d'exemplaires, sans attirer l'attention de la police. Des mouvements de résistance se spécialisent donc dans la diffusion de journaux, et vont jusqu'à prendre le nom de ceux-ci (Défense de la France naît ainsi du nom du journal).


Le n°36 de Défense de la France est distribué au cœur du métro parisien, le 14 juillet 1943, sans précaution préalable, par une volonté de stupéfier les autorités et les populations. Cependant, ces actions d'envergure n'assurent pas une diffusion massive des journaux. Le mouvement de résistance Défense de la France se lance donc dans la fabrication de faux timbres, pour pouvoir, via la poste, expédier ses journaux.


d) La répression allemande

Les polices du Troisième Reich et de Vichy se penchent, fin 1940, sur le cas des écrits clandestins. Leur travail d'arrestations, d'interrogatoires, de perquisitions, de saisies et de découvertes de centres d’impression, commence. Sur la liste des victimes de cette traque, on trouve les noms des hommes ayant publié les premiers écrits clandestins, à savoir André Burgard, auteur du journal Valmy, Gaston Charpentier, auteur de Le Gaulliste, et Jean Lebas, auteur L’Homme Libre.


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Portail de Dachau


La presse communiste fait l’objet d’une répression toute particulière par les autorités d'occupation. Ses journalistes éminents commencent à disparaître à compter de 1941. Gabriel Péri et Lucien Sampaix sont fusillés par les Allemands, tandis que des responsables des éditions clandestines, comme Jean Catelas et André Bréchet, sont condamnés à mort.

Il reste difficile de chiffrer le nombre de victimes qui ont fait vivre la presse clandestine pendant 4 ans : dactylographes, tireurs, transporteurs, distributeurs, etc. Les pertes des travailleurs de l’imprimerie, elles, sont mieux connues : sur 1 200 travailleurs du livre résistant, 400 seront tués pendant la guerre.


e) Quelques titres…

  • Combat

Journal du mouvement de résistance Combat, animé par Henri Frenay et Berty Albrecht. Paru pour la première fois en décembre 1941.


  • Défense de la France

Fondé le 15 août 1941 par les étudiants Philippe Viannay et Robert Salmon. 47 numéros clandestins en seront diffusés.


  • Le Franc-tireur

Journal radical-socialiste fondé par Jean-Pierre Lévy le 1er décembre 1941.


  • L’Humanité

Le gouvernement Daladier rend le journal officiel du PCF illégal, à partir du 25 août 1939, suite à la signature du Pacte germano-soviétique.

Malgré des pourparlers visant à rendre au journal sa légalité, l'Humanité reste clandestin pendant toute la durée de l'Occupation. Anti-vichyste, il ne deviendra anti-allemand qu'après le lancement de l'Opération Barbarossa par Hitler.


  • Les publications du Front National
  1. Mouvement de résistance d’obédience communiste français.
  2. Les Lettres françaises
  3. L’École laïque (1941) 
  4. La Terre
  5. Le Médecin français 
  6. Musiciens d’Aujourd’hui
  7. L’Université libre 
  8. Les Allobroges (1942)
  9. L’Étudiant patriote (1941)
  10. Le Lycéen patriote (1944).
  11. Le Front National
  12. Le Patriote
  13. Le patriote du Sud-Ouest


  • Libération

Journal clandestin du mouvement de résistance Libération-Sud. Lancé en juillet 1941 par Raymond Aubrac et Emmanuel d'Astier de La Vigerie, il deviendra un symbole de la Résistance.


f) Quelques pages de journaux pendant la guerre

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Exemplaire de l'Humanité
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Exemplaire de Combat



La Résistance par la parole

1- Les voix de la liberté

A) Les radios officielles

Dans les clauses de l'armistice du 22 juin 1940, une attention toute particulière est portée à la question des programmes diffusés via les émetteurs TSF.

L'Occupant, après la cessation d'activité des émetteurs, entre le 25 juin et le 5 juillet 1940, s'en empare. L'ensemble du territoire occupé est désormais à portée des ondes de Radio-Paris. Cette station sert l'intérêt du Führer, en transmettant des idéaux antisémites et collaborationnistes à la population.

Quant à Radio-Vichy, elle diffuse des idées négatives contre De Gaulle, de manière détournée. Elle éclipse volontairement des ondes le combat de la France libre, au-delà frontières du pays.


Les nazis ne négligent aucun moyen susceptible d'attirer des auditeurs. Ils multiplient, par exemple, les émissions musicales.


B) Le succès de la BBC

À partir de septembre 1938, la BBC réagit à la montée en puissance des courants fascistes. Elle diffuse des émissions dans plusieurs langues, pour prévenir de la menace. Ses bulletins d'informations, très objectifs, sont de plus en plus écoutés, lors de la " Drôle de Guerre ".

Lors de l'un de ces bulletins, le Général de Gaulle, le 18 juin, lance son appel à la résistance.

Après l'armistice de Rethondes, la France libre prend l'antenne pendant cinq minutes. Son intervention est systématiquement précédée d'une annonce : Honneur et Patrie.

De nombreux textes sont écrits et lus par le journaliste Maurice Schumann, célèbre auprès des auditeurs.

Cette brève intervention est suivie par Les Français parlent aux Français, émission dirigée par Michel Saint-Denis (Jacques Duchesne), et sous contrôle anglais.


La riposte de l'Occupant et de Vichy ne se fait pas attendre. Les autorités brouillent les ondes et cherchent à interdire l'écoute de la radio britannique, en zone occupée, à partir du 10 octobre 1940.

En zone Sud, l'emploi de TSF est réprimé, dès 1941. Comme le régime nouvellement en vigueur doit gagner en crédibilité, il assortit son interdit de menaces : confiscation du poste et emprisonnement.


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Station-radio


Certaines lettres des auditeurs passent outre la censure. Ces courriers, ainsi que les rapports de police, attestent de la vague d'espoir soulevée par les émissions francophones de la radio britannique.

Churchill et De Gaulle sont à l'origine de ce succès de la BBC. Ils proposent en effet au public ce qu'il souhaite entendre. C'est-à-dire des renseignements précis et objectifs, trop rares dans l'Europe occupée et muselée par l'ennemi.

La qualité des informations n'est pas contestable. Des détails sont donnés sur les batailles opposant les Alliés à l'Axe, même lorsque les combats tournent en faveur du Reich.

Ainsi, on peut remarquer que, lors de l’émission Les Français parlent aux Français, le présentateur, Pierre Bourdon, se refuse à tout mensonge : « Les nouvelles sont mauvaises ».


L'innovation proposée par la BBC bouleverse le monde de la radiophonie, et va jusqu'à inspirer Radio-Paris ! Cette radio, d'ailleurs, est la cible d'attaques. Jean Oberlé, en août 1940, propose un slogan: « Radio-Paris ment, Radio-Paris ment, Radio-Paris est allemand ».

La petite académie, émission hebdomadaire, étudie sous un nouvel angle le dictionnaire. Ses définitions sont remaniées à la faveur des Alliés : « Ration : restes de l’occupant ».

Les Français sont extrêmement attachés à la BBC, car elle représente, dans leur pays, l'une des dernières sources de renseignements non détournée par l’armée d’occupation. La voix du Général de Gaulle, méconnue en 1940, convainc tout de même les auditeurs, et les assure de la victoire sur Hitler.


Zoom sur la communication

En dépit de son rôle émérite dans la communication pour la résistance, la BBC n'a pas été l'unique radio hébergeant des émissions clandestines.

Des programmes francophones se sont implantés sur la radio gouvernementale des États-Unis : Voice of America. Ou encore sur Radio-Moscou, dont les propos sont repris par les communistes clandestins.


C) La guerre des ondes

Dès 1940, la BBC se réclame porte-parole des libertés. Son existence a donné un sens à celle des Français.

Les speakers de la BBC engagent une guerre verbale contre les présentateurs de Radio-Paris et Radio-Vichy. Une joute oppose par exemple Maurice Schumann et Pierre Dac au collaborateur Philippe Henriot.

Pour De Gaulle, la BBC représente une arme de reconquête des esprits. Il exhorte les Français à se remémorer les commémorations nationales, par le biais des ondes.

Son premier appel à la désertion des rues, entre 15h et 16h, le 1er janvier 1941, remporte un vif succès dans une zone précise : le Nord et la Bretagne. La campagne des " V " est aussi un triomphe.

Le 1er mai et le 14 juillet 1942, des manifestations ont lieu à travers tout le pays. La coordination de ces mouvements populaires est liée à la communication entre la Résistance intérieure et extérieure. Alors que les résistants de la zone Sud, avec les syndicats clandestins, proposent des mots d'ordre, la BBC, elle, les relaie intensivement.


Au fil des mois, les liens entre les organisateurs de la Résistance intérieure et les services secrets britanniques se renforcent. Le monde entier prend alors conscience que les actions de rébellion contre les autorités allemandes et vichystes sont structurées.

À compter de l'été 1941, des messages codés s'insèrent dans les ondes britanniques. Au lieu de troubler les auditeurs, ils leur apportent la preuve de la coordination des différentes actions de résistance.


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« La voix du doryphore est lointaine »

« La chienne de Barbara a eu trois chiots »


D) Restaurer l'indépendance radiophonique

La situation, pour les Français, se dégrade en 1942. En effet, alors que toutes les radios de France se rangent du côté de Radio-Paris, un événement du front africain va bouleverser le cours des événements.

Le débarquement en Algérie française et dans le Protectorat du Maroc, le 8 novembre, inclue uniquement les forces alliées. Les FFI sont exclues de l'Opération Torch. Après avoir accosté, les Américains entament des négociations avec les autorités locales, installées à Alger.

Rejeté par la France libre, ce dialogue touche les émissions radiophoniques. Temporairement, Honneur et Patrie est suspendue, et l'équipe de Jacques Duchesne est en partie démantelée.


La France libre, en décembre 1942, lance une nouvelle radio, une " radio noire " : Radio-Patrie. Créée en Angleterre en octobre, elle est censée renseigner la Résistance intérieure.

En activité depuis le mois de décembre 1940, Radio-Brazzaville, animée par Philippe Desjardins, se charge de diffuser les textes censurés par la BBC. L'audience est élevée, malgré la difficulté de réception des ondes. L'Allemagne fonde alors une radio de même nom, ce qui trouble les auditeurs.

De son côté, le rival du Général De Gaulle, le général Giraud, implante une radio à Alger : Radio-France.


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De Gaulle et Giraud se saluant


Même si les stations-radios se multiplient, la BCC reste la plus écoutée. Le CFLN permet enfin de renouer avec la radio britannique, en alimentant une propagande radiophonique contre Hitler et Pétain.

Dans les semaines suivant le débarquement de Normandie, le GPRF fait transiter ses ordres à la Résistance intérieure via la BBC.

Les actions et l’unité de la Résistance gagnent en crédibilité, après avoir été dépeintes de manière héroïque sur les ondes.

Radio-Paris, le 17 août 1944, cesse définitivement d'émettre. Dès le lendemain, le Studio d’Essai, rue de l’Université, est pris d'assaut par les résistants. Les partisans de la France libre, entre le 20 et le 25 août 1944, se servent de Radio-Paris pour commenter les détails du soulèvement parisien.

En 1945, dans un contexte où le réseau radiophonique est exsangue, des équipes de résistants vont tenter de réparer les torts causés par Vichy.


Zoom sur la communication

Vers la mi-janvier 1941, une émission du programme belge diffusé par la BBC initie le « combat des V ». Celui-ci est véritablement lancé le 22 mars 1941, lors de Les Français parlent aux Français.

Où qu'ils se trouvent, les Français sont invités à dessiner la première lettre du mot " Victoire ". La répression ne tarde pas, des poursuites sont engagées contre les auteurs des graffitis, mais aussi contre les détenteurs des murs vandalisés. Mais les rapports des préfectures attestent du succès du " combat des V ". 500 000 lettres, en 1941, sont dénombrées en région parisienne.


Quand les Allemands prennent conscience du succès de la campagne, qui ne se limite pas uniquement à la France, ils détournent le symbole en moyen de propagande.

Le " V " de " Victoria " prend place sur les véhicules et les monuments, comme sur la Tour Eiffel ou le Palais Bourbon. Par la même occasion, une banderole rappelant que " L'Allemagne est victorieuse sur tous les fronts " est tendue.


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Churchill faisant le V de la Victoire



2- Parler, chanter, crier pour dénoncer l'oppression

A) La parole des Églises chrétiennes

Le catholicisme de France, à travers le cardinal Suhard, va longtemps appuyer le régime de Vichy, voire tolérer le sort réservé à la France. Dans le même temps, des protestants, comme les jésuites Riquet et de Lubac, dénoncent les vexations faites aux juifs, et les internements auxquels les autorités procèdent.


Lors de l'été 1942, où l'Occupant se radicalise, les différentes Églises entrent en action. Les requêtes individuelles demandant un adoucissement du sort réservé aux juifs sont accompagnées de sermons. Ces prêches deviennent un moyen de communication.

Les discours, lus dans la chaire, puis retranscrits sur papier, sont diffusés sur les ondes de la France libre. Ils soulignent, avec une rigueur propre à la religion, le clivage entre la politique inhérente à la République française, et celle des autorités d'occupation.

La persécution antisémite, la soumission du pays, sont autant de faits contraires aux valeurs humaines et morales de la France.

Si ces sermons ne représentent pas des actes de résistance en tant que tels, ils incitent pourtant les habitants à ne pas apporter leur soutien au régime de Vichy.


En réponse aux déportations des juifs et à la création du STO, en 1943, certaines personnalités religieuses (le pasteur Marc Boegner - l'archevêque de Toulouse, Jules Saliège - l’évêque de Montauban, Pierre-Marie Théas) lancent un appel. Sauver un maximum de juifs français.

Ces prises de conscience déprécient le STO, en provoquant des actes de charité vers les brimés de la société. Les rangs de la Résistance se resserrent.


La difficulté, pour les autorités de Vichy, est de montrer le crédit qu'elles accordent aux prêches des religieux, tout en les limitant. C'est pourquoi la presse collaborationniste attaque les sermons, à travers des publications : " Trahison des clercs " ou " Le pilori ". Les aumôniers, envoyés sur ordre du Pape aux victimes du STO, sont refusés par les autorités d'occupation.


B) Résister en chantant

Des techniques classiques de communication ont été employées, lors de la Seconde Guerre Mondiale : les tracts, la radio, les graffitis,... Mais un autre moyen, souvent ignoré, et pourtant bel et bien présent, a aussi été utilisé : la chanson.


Le chant des partisans de Joseph Kessel, Maurice Druon et Anna Marly, les chansons populaires parodiées par l’humoriste Pierre Dac, ont transité par la BBC, avant de contribuer à la résistance.


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Anna Marly


Dans l'ombre, les résistants composent le chant qui les unira dans une même lutte : la loyauté à la patrie, la dérision de l'ennemi, la haine d'Hitler, la contestation de l'Occupant, la joie de la prochaine libération.


Rapidement, la chanson écrite dans un cercle fermé de rebelles permet de conjurer la terreur des Allemands. Les textes sont publiés dans la presse étrangère et clandestine, parachutés, ou affichés sur les murs.



Communiquer dans la clandestinité

1- Contexte

Après la signature de l’armistice, les déplacements deviennent de plus en plus compliqués, à cause du couvre-feu et des différentes zones d’occupation. Selon la convention d’armistice, « le territoire français situé au nord et à l’ouest de la ligne de démarcation sera occupé par les troupes allemandes. »

Longue de 1200 km, cette ligne traverse la France de la frontière suisse à la frontière espagnole, et scinde treize départements. Dès août 1940, un régime rigoureux de laissez-passer (Ausweis) voit le jour. Tous les trains franchissant la ligne sont contrôlés, en même temps que les pièces d’identité des passagers.


Ces contrôles innombrables incitent de nombreux Français à passer dans la clandestinité la ligne de démarcation (Comme on peut le voir dans le roman Un sac de bille de Joseph Joffo).


Le blocus britannique et les réquisitions de l’Occupant provoquent une pénurie de carburant. Face à ce manque de ressources, Vichy invite les Français à utiliser des sources d’énergie comme le bois ou le charbon. Les trajets routiers sont limités et réglementés.


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Ausweis


Tous les véhicules automobiles étant réquisitionnés, les résistants sont forcés de se rapprocher des professionnels autorisés à utiliser la voiture ou le camion (et si possible la remorque). De tels moyens de locomotion se révèlent de fait indispensables, lorsque les chargements de la Résistance sont trop encombrants (armement issu des parachutages, matériel des imprimeries,....).

Quant au moyen de transport privilégié, cela reste le vélo.



2- Des moyens de transport à risques

Entre 1940 et 1944, Français et étrangers sont la cible de contrôles systématiques. La police et la gendarmerie de l’État français, en collaboration avec les services de police de l'Occupant, comme la Gestapo et la Feldgendarmerie, multiplient barrages, interpellations et vérifications d’identité.

Ces vérifications sont facilitées par la loi d’octobre 1940, qui instaure une carte d’identité obligatoire dans toute la France, en plus de son marquage pour les juifs, à partir de décembre 1942.


Pourtant, la loi aura l’effet inverse. Les faussaires vont trouver le moyen de fabriquer de faux-papiers assurant une sécurité durable à qui les détient.

C'est ainsi que la police française, qui ne cesse d'améliorer la tenue de ses fichiers et son système de vérification, et les organisations de résistance, qui multiplient les artifices et les conseils, afin de confectionner des faux-papiers adéquats, s'engagent dans une lutte permanente.


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Soldats allemands contrôlant un véhicule


Les autorisations de circulation (Ausweis) distribuées par les Allemands font aussi l’objet de falsifications. Grâce à de faux-papiers, les identités deviennent multiples, et les frontières internes, à l'image de la ligne de démarcation, plus facilement franchissables. Des limitations imposées par les autorités, tel le couvre-feu, peuvent être transgressées.


Les résistants ne se limitent pourtant pas à la confection de faux-papiers. Ils songent à des dispositifs ingénieux, susceptibles de camoufler leurs activités de contrebande. Dans les sacs à main, les coffres et les valises, on voit les doubles fonds se multiplier. Un cadre de vélo peut devenir une cachette astucieuse, des landaus et des paniers pleins de fruits et légumes couvent des armes.

Entre 1940 et 1944, le train reste le seul moyen de transport sur de longues distances. Malheureusement pour les résistants, le trafic souffre des réquisitions de matériel. Les passagers subissent retards et augmentations des tarifs. Le train est également un lieu dangereux, où les contrôles, surtout dans les gares et au niveau de la ligne de démarcation, se densifient.



3- Les moyens de communication parallèles

Une organisation de résistance doit sa survie à sa capacité à établir des liaisons entre les membres de son groupe, avec d’autres réseaux, voire avec les Alliés. Pour cela, les résistants doivent faire preuve d’intelligence et de prudence.


L’utilisation des transports traditionnels étant rendue difficile par les réquisitions de véhicules, les résistants font preuve d'inventivité, afin de faire circuler, dans la discrétion la plus totale, du matériel (machine à écrire, armes, tracts, radio…) ou des informations.

Le plus souvent, les réseaux de résistance confient au public aux allures plus innocentes (femmes et enfants) le rôle d'agents de liaison.


Les missions de ces agents sont multiples, parfois simples, mais rarement dépourvues de danger. Dans la plupart des cas, il s'agit d’acheminer des directives et des renseignements aux Alliés, d’organiser des rendez-vous, de transporter des postes émetteurs, ou encore des machines à écrire pour la presse clandestine.

Les maquis sont les principaux bénéficiaires du travail des agents de liaison. Pour cause, ce sont ces derniers qui assurent le ravitaillement et qui transmettent les informations nécessaires à la sécurité des maquisards. Les agents de liaison se déplacent en vélo, ou en train pour les longues distances. Leurs actions s’orientent vers des moyens de communication dits parallèles (installation d’une boîte aux lettres dans un corridor d’immeuble, permettant la circulation d’informations, voire l'ajout d’une ligne téléphonique…)


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Zone nord/Zone sud


Des commerçants peuvent apporter leur appui à la Résistance, en faisant transiter le courrier dans leurs boutiques. Les allées et venues étaient alors tout à fait justifiées (d’autant plus lorsqu’il s’agissait d’un café ou d’un bureau de tabac). Les cheminots, à leur tour, sont en mesure de transmettre les informations, ou de transporter du matériel en secret.



4- Sécuriser les déplacements clandestins

Les contrôles devenant de plus en plus intensifs, les faux-papiers deviennent l'activité principale de nombreux mouvements de résistance. Des services entiers se spécialisent dans la confection de cartes d’identité, d’alimentation (le rationnement commence à partir du 14 juin 1940) et d’autorisations de circuler (dès août 1940) factices.

Des complicités, au sein des mairies, permettent de se présenter sous une identité usurpée. Dans le cas où des personnes vivaient dans la clandestinité, la Résistance leur dépêchait des faussaires.


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Faux-papiers


Les communications clandestines sont sécurisées, grâce au système de la boîte aux lettres. De cette manière, l’agent de liaison ne rencontre ni l’expéditeur, ni le receveur du message. Cela permet d'éviter les trahisons, et surtout les dénonciations sous la torture, dans le cas où l’agent se ferait arrêter.

De plus, les résistants, entre eux, ont pour habitude de se nommer sous des pseudonymes. Encore une fois, cette méthode évite que la police ne découvre le véritable nom des membres du groupe, si des documents tombaient entre leurs mains.

Lors de certaines rencontres, les résistants utilisent des codes couleurs, vestimentaires, ainsi que des gestes et un langage communs.



Communiquer avec la France libre et les Alliés

Entrer en contact avec Londres, la France libre, ou inversement, avec la France occupée, est nécessaire à la structuration et à la coordination de la Résistance. C'est pourquoi autant de personnes ont cherché à s'exiler chez les Alliés, d'où ils pourraient poursuivre la lutte en toute liberté.

Au lendemain de l'armistice de Rethondes, le contrôle des frontières est renforcé. Dans les premiers jours de l'Occupation, ces dispositifs de surveillance ne sont pas tout à fait au point. Des résistants en profitent pour gagner le Royaume-Uni, soit en traversant la Manche, soit en passant les Pyrénées, en direction de [wikipedia Gibraltar].

Des passeurs aident au franchissement des frontières. Leur aide est majoritairement apportée aux victimes du conflit : les déserteurs, les résistants traqués, les ennemis du STO et les juifs.



1- Les liaisons aériennes

A) Assurer le transport des résistants, du matériel et du courrier

Dès février 1941, les premiers agents des services de renseignements de la France libre et du Royaume-Uni sont parachutés en zone Sud. Il faudra patienter avant que les parachutages ne s'effectuent en zone occupée.


Les missions de ces infiltrés varient :

  • La lutte armée : Les pilotes allemands sont agressés par les parachutés (lors de la mission " Savannah " en mars 1941), les transformateurs électriques sont détruits (lors de la mission " Joséphine B " en mai 1941).
  • La politique : Il est impératif de rentrer en contact avec les chefs de la résistance de la zone Sud. Le Français libre Yvon Morandat, en novembre 1941, est chargé de nouer de tels liens. D'autres acteurs de la Résistance, comme Jean Moulin (parachuté en Provence entre le 1er et le 2 janvier 1942), doivent s'orienter eux-mêmes. Après avoir été parachuté en " aveugle ", autrement dit en toute ignorance du lieu d'atterrissage, il faut qu'ils dissimulent leur équipement. Ce n'est qu'ensuite qu'ils peuvent établir les premiers contacts avec leurs compatriotes.


Mais le parachutage ne va pas rester l'unique moyen de transport de l'Angleterre jusqu'à la France. Les résistants (et le courrier) traversent la Manche en avion, à compter de 1942, d'abord en Lysander, puis en Hudson. Les 200 opérations aériennes déclarées auront ainsi permis de transporter plus de 1100 personnes.


Les batailles influent sur le besoin en matériel. Au cours de la Libération, plus de 5 000 tonnes de matériels sont parachutées en France occupée. Et, sur toutes les armes larguées, 60 % l'auront été suite au débarquement de Normandie.

Les Anglais se montraient réticents à l'idée de fournir des armes aux maquis et aux résistants de l'intérieur. C'est principalement la peur du communisme, et l'autorité qu'il aurait pu gagner, s'il s'était emparé de ces outils, qui les a retenus.

Quand les premiers envois ont lieu, ils sont en majorité destinés aux réseaux contrôlés par les Britanniques, ce qui ne manque pas de décevoir les Alliés et la France libre.


Cette démultiplication des parachutages, dès 1942, entraîne un mécanisme. Les liens avec Londres doivent été renforcés, afin d'informer les résistants de l'intérieur de l'arrivée des colis. La logistique traverse donc une phase de développement.


B) L'organisation des parachutages et des atterrissages

Organiser les parachutages et les atterrissages devient vite compliqué, en raison des contraintes techniques et matérielles. Voilà pourquoi ces opérations ont lieu de préférence la nuit, et si possible à la pleine lune.


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Parachutage d'un résistant


La réunion de toutes les conditions de sécurité, au sein des aérodromes, permet de réceptionner aisément hommes et matériel. Il est préférable que le terrain soit à la fois long et plat, pour faciliter la tâche au pilote. Cependant, un facteur encore plus important rentre en ligne de compte : la proximité de la ville. Plus celle-ci est éloignée, plus la répression est effacée.

Des dénominations particulières sont attribuées aux terrains, ce qui permet de les différencier selon leurs fonctions. Ceux destinés à recevoir le matériel portent le nom " Arma ", ceux destinés à recevoir les hommes " Homo ". D'autres, enfin, requièrent une surveillance à la fois étroite et permanente. Ils peuvent en effet être amenés à servir de terrains de secours, si un parachutage est détourné de son terrain initial. Ces zones deviennent " Arma-dépôt " ou " Homo-dépôt.


Fidèle à sa politique de messages codés ambigus, la BBC annonce les missions de parachutage programmées par la Résistance.

Lorsque le pilote atterrit en territoire ennemi, ses liaisons radios avec le Royaume-Uni sont interrompues. Il doit trouver sa route grâce aux radios-phares, qui, toutes les nuits, émettent pour lui révéler sa position. Une fois orienté, le pilote active son radar, détectant ainsi les ondes diffusées par un appareil de radioguidage, dont la portée s'étend à 180 km : l'Eurêka. Cet appareil est installé sur tous les terrains d'aviation à équipe permanente.

Dans certains aéronefs, l'existence d'un émetteur-récepteur peut devenir essentielle. En effet, à l'approche de l'avion, les résistants, en contrebas, sont en mesure de le guider. Mais ils sont aussi capables de lui demander des précisions sur ses passagers ou ses colis.

Des feux balisent le terrain ; des équipes sont chargées de réceptionner les conteneurs et de recevoir les clandestins. Leur mission devient alors double : dissimuler les traces de l'opération et envoyer les passagers de l'avion dans des endroits sécurisés.

Puisque le laps de temps, entre deux vols, peut s'avérer extrêmement long, les membres de l'équipe sont incapables d'aider la résistance sur d'autres points.


Selon la volonté de Jean-Moulin, le SOAM voit le jour en novembre 1942. Ses dirigeants, des Français Libres introduits en zone Sud, coordonnent les actes des équipes chargées des débarquements, des parachutages et des atterrissages.

L'organisme initié par Moulin est obligé, à deux reprises, de changer son nom, à cause des vagues d'arrestations menées.

Jean Moulin, en avril 1943, fonde le BOA. Mais, de nouveau, il faut décentraliser le BOA, pour éviter les arrestations des Allemands.


C) Le Terrain « Chénier »

Au sud-ouest du Cantal, dans la commune de Saint-Saury, se trouve un terrain : le Terrain " Chénier ". Cette piste, qui doit son nom au poète français décapité sous la Terreur, se voit attribuée un code morse : " C7 ". Son importance, sur le plan stratégique, est liée à la catégorie de terrains à laquelle il appartient : " Homo-Dépôt ".


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Avion sur la piste


L'imprévu rythme la vie du Terrain " Chénier ". En pleine nuit, il est susceptible de recevoir des avions de résistants. C'est pourquoi il est équipé du matériel de transmission le plus performant qui soit. Les maquis alentours le surveillent de près.

La garnison du terrain, sous la responsabilité de Bernard Cournil, compte 18 résistants. Le parc automobile tout proche permet aux travailleurs de transporter le matériel largué, bien que, parfois, ils soient obligés de monter en charrette. Un mulet se charge du ravitaillement du terrain, dont l'équipe reste systématiquement en éveil.

Entre août 1943 à août 1944, le Terrain « Chénier » a permis à 90 Français Libres et Alliés (officiers et sous-officiers) de se réceptionner en territoire ennemi, sans oublier le commando américain, qui a atterri sur ce terrain. 90 tonnes d'explosifs et d’armement, disséminées dans plus de 700 colis, auront également été parachutées.



2- Les liaisons terrestres

Une fois en territoire ennemi, les résistants doivent remédier aux mesures prises par l'Occupant et Vichy, c'est-à-dire la réquisition des véhicules, des pièces d'automobile, et le monopole sur l'essence.

Rouler en voiture ou en camion, quand l'occasion se présente, n'exclut pas les risques. Les autorités locales peuvent demander la justification de la possession du véhicule. En dernier recours, les résistants essayent de se rapprocher des professionnels utilisant au quotidien de tels moyens de locomotion (artisans, transporteurs, livreurs...).

La solution pourrait alors devenir la marche à pied ou le vélo, mais encore une fois, les soldats se méfient des cyclistes, assimilés aux fournisseurs du marché noir. Le tramway, le métro et le train sont aussi la cible de contrôles récurrents. Les cheminots de la SNCF vont tout de même jouer un grand rôle, en tant que passeurs de la ligne de démarcation.


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Déchargement de matériel au profit de la Résistance



3- Les liaisons maritimes

Les liaisons terrestres, en temps de guerre, deviennent difficilement utilisables. Dès 1940, les liaisons maritimes entrent donc en jeu. La Résistance extérieure fait débarquer ses hommes sur les côtes bretonnes (souvent en collaboration avec les pêcheurs), normandes (Le fondateur du réseau Saint-Jacques, Maurice Duclos, y accoste le 4 août 1940) ou sur le littoral méditerranéen (via Gibraltar).

Les vedettes et les sous-marins permettent de réaliser la majeure partie du trajet. Une fois à proximité des côtes, les bateaux de pêche se prêtent mieux à un débarquement discret.

Toutefois, les opérations maritimes ne sont pas exemptes de risques. La météo a une influence sur elles, mais, par-dessus tout, les patrouilles ennemies effraient les résistants. Elles sont en effet susceptibles de démasquer les Français libres.

Par mesure de précaution, avant même que le Mur de l'Atlantique ne sorte de terre, les littoraux du nord et de l'ouest de la France sont défendus d'accès aux non-résidents, sur une surface de 25 km.


Les traversées marines, à l'image des parachutages, s'effectuent la nuit. Dans ce cas-là, on évite la pleine lune. Et même si tous les facteurs de réussite sont réunis, le succès de l'opération dépend du soutien des habitants.

La mer, dans un contexte d'essor technologique, ne figure plus le domaine idéal de transport. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, cependant, l'acheminement d'hommes, de matériel et de courrier dépendra d'elle.



4- Les transmissions radio

A) Émettre dans la clandestinité

Durant le conflit, la transmission des renseignements utiles à la Résistance, et la communication de données stratégiques à la France libre, se fera par la radio.

Toutes les liaisons, qu'elles soient aériennes, maritimes ou aériennes, reposent sur la radio clandestine. En effet, celle-ci fournit les informations essentielles à leur mise en place.


Le 25 décembre 1940, Honoré d'Estienne d'Orves établit la première liaison radio clandestine, entre Londres et la Bretagne. Le stratagème repose sur un opérateur radio et un poste-émetteur. Nemrod, service de renseignements, naît de cette liaison. Honoré, dénoncé, est néanmoins arrêté avec certains membres de son groupe, puis fusillé.


Au début de 1941, la plupart des tentatives de création de liaisons avortent. Il faudra attendre 1942 pour que les postes-émetteurs, en France occupée, deviennent vraiment performants.

Ces appareils, lourds et encombrants, présentent un désavantage : il est très difficile de les transporter sans se faire repérer. À ces contraintes s'ajoute la complexité du maniement : trouver la bonne fréquente, coder les messages diffusés,...


Au départ, la Gestapo mène avec efficacité la lutte contre les radios clandestines. La radiogoniométrie, maniée par la Funkabwehr, permet de repérer les ondes émises... et de cibler les responsables. Dès qu'une anormalité est repérée, les Allemands arrêtent les opérateurs radios, qu'ils œuvrent en France occupée ou à Vichy.

Les " pianistes " (opérateurs radios) doivent donc se conformer à une série de règles, dans le but de ne pas être démasqués. Émettre sur la même fréquence est possible, tant que la diffusion ne dure pas plus de dix minutes. La puissance des ondes doit à tout prix être réduite. Les lieux d'émission sont surveillés, et changent régulièrement.


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Réglage d'une radio dans un maquis


En réponse à la répression allemande, Jean Moulin affermit le contrôle sur les transmissions, ainsi que sur les appareils en dépendant. Le WT, en novembre 1942, se charge de cette tâche.

La centralisation opérée par Moulin déplaît à certains mouvements de résistance. En juillet 1943, en effet, les Allemands essayent de mettre le WT hors service. Jean Fleury, au cours de l'été 1943, s'occupe de réorganiser les transmissions.


Avec les progrès technologiques - plus de postes acheminés en France, miniaturisation du matériel (entre 1941 et 1944, la masse des postes-émetteurs a été divisée par 5), amélioration du codage - le trafic radio grandit. Lors de la phase précédant la libération de Paris, 300 télégrammes sont expédiés à Londres.


B) Communiquer avec les services de renseignements

Au cours de l'été 1940, qui suit l'effondrement de la défense française, l'IS du Royaume-Uni tente de rassembler un maximum de renseignements stratégiques et politiques. La position des installations militaires allemandes, et les mouvements des troupes, deviennent des informations vitales. Il faut résister, dans le même temps, aux actions de démantèlement conduites par les nazis, notamment par le service de contre-espionnage : l'Abwehr.

En France, les réseaux créés par les services secrets britanniques (Alliance, Jade-Fitzroy,...) épaulent les membres de l'IS dans leur entreprise.


En juillet, Winston Churchill fait créer le SOE. Ce service a pour mission d'encourager les populations des pays occupés à mener des actions paramilitaires.

1 800 agents du SOE, une fois leur formation achevée, gagnent la France, où ils créent des réseaux de résistance. Cela fait, ils livrent des armes, sabotent les installations ennemies, et organisent des évasions en direction de l'Espagne ou de la Bretagne. Les agents du SOE encadrent les maquis.


Employé
Transmission de renseignements aux services secrets


Le service de renseignements de la France libre ne reste pas en marge des opérations. L'IS de Churchill lui fournit l'argent et le matériel pour agir. Ainsi, il est capable de fonder ses propres réseaux de résistance. Ses actions finissent même par crédibiliser de Gaulle aux yeux des Alliés.

Ces réseaux jouent un rôle important dans l'histoire de la Résistance. Ils montrent que les objectifs de la lutte contre Hitler sont divers. À la fois politiques, en unifiant la Résistance et en cherchant à crédibiliser la France libre auprès des Alliés, mais aussi militaires, en travaillant sur le Débarquement.

Le travail entre collègues implique souvent des désaccords, et des tensions surgissent entre les Britanniques et la France libre. La dépendance en termes de matériel reste le sujet de débat dominant. Ce n'est pas pour autant que l'entraide cesse. Elle se perpétuera jusqu'à la fin du conflit.


En juin 1942, les Américains fondent l'OSS, qui a pour mission de collecter des renseignements sur la situation militaire, de financer les réseaux (surtout les réseaux non-gaullistes) et d'armer la Résistance à la veille du Débarquement.


C) Le rôle des transmissions dans la libération du territoire

Les transmissions radio ont joué un rôle prédominant dans la préparation du Débarquement, puis dans la progression en territoire ennemi.

Avertis par les messages codés de la BBC, les chefs de la Résistance intérieure sont chargés de rassembler des informations sur le futur théâtre des opérations.


Entre janvier et septembre 1944, 52 équipes Sussex (chacune composée de deux Français formés, entraînés et armés par les services secrets américains, britanniques et français) sont parachutées en territoire occupé. Elles sont chargées de mener une enquête approfondie du terrain.

Ces équipes, pour préparer la venue des Alliés, transmettent 500 messages potentiellement exploitables par Londres.


Employé
Transmission radio


93 équipes Jedburgh (constituées d'un Anglais, d'un Américain, d'un Français et d'un opérateur radio) aident, entre le mois de juin et le mois de septembre 1944, à libérer la Bretagne et le nord-est du pays. Pour cela, elles installent des terrains de parachutage, fournissent des armes aux résistants locaux, et se coordonnent avec les mouvements des armées alliées.


Lors de la nuit qui précède le Débarquement, les aviateurs français prennent place dans leurs appareils. Décollant de Londres, ils sont parachutés en France, afin de structurer les maquis. Une fois que les Alliés ont débarqué, ils réceptionnent les armes, et s'emparent des transmissions radio.


Zoom sur la communication

Lorsque les résistants de l'intérieur émettent des messages radio, les Allemands tâchent de les enregistrer, puis de décrypter leur contenu, en " cassant le code ". Voilà pourquoi le codage doit s'effectuer d'une manière exemplaire, sous peine de condamner les hommes agissant dans l'ombre.


Le message " compréhensible " est transformé en message codé, censé être uniquement interprétable par le récepteur. Ce fameux code comporte des groupes de cinq lettres, aux allures incompréhensibles.

Une fois le message crypté, l'agent de liaison le remet à l'opérateur radio, qui, à son tour, le transmet. L'opération, lorsqu'il agit ainsi, n'a aucune idée du contenu.


Deux procédés de codage sont essentiellement employés par les agents français, lors de la Seconde Guerre Mondiale.

  • La « double transposition » consiste à coder une première fois le message, depuis une phrase ou une citation connue à la fois par l'émetteur et le récepteur. Le contenu, une fois crypté, est réparti par groupe de cinq lettres, et de nouveau codé grâce à une nouvelle citation.

Ce système demande néanmoins beaucoup de travail, et une attention particulière, au vue de sa difficulté de mise en œuvre. Une simple erreur peut rendre incompréhensible la totalité du contenu. De plus, les machines de cryptologie nazies sont en mesure de casser le code en quelques semaines.


  • Le « système A-Z », utilisé à partir de septembre 1943, consiste en une longue suite de chiffres. Les clés numériques sont imprimées sur un mouchoir de soie. Chaque clé ne sert qu’une fois, alors elle est découpée et détruite, après utilisation.


Ce système porte également le nom de One time pad (clé à n’utiliser qu’une fois). Chaque lettre « compréhensible » est remplacée par une lettre codée.


Employé
Machine à crypter


Conclusion

Pendant la Seconde Guerre Mondiale, la communication a permis de remporter la victoire contre les dictatures fascistes. Les moyens de communication déployés par les résistants ont servi à libérer le territoire occupé par les nazis et celui soumis à l'autorité de Vichy.

Cette communication n'était pas exempte de risques pour les opposants aux régimes en vigueur. En sacrifiant leur sécurité, et en mettant en péril leur propre vie, ils ont donné à la liberté une occasion de reconquérir ses anciennes terres.


Les brimades des autorités d'occupation et vichystes ont certes muselé une partie de la communication, mais elles l'ont également encouragée à se développer. Dans un contexte politique répressif, les moyens de communication ont pris un nouvel essor.

Lorsque la situation tournait en leur défaveur, les résistants ont fait preuve d'une audace incroyable, et d'une ténacité à toutes épreuves, pour maintenir leurs relations avec les autres réseaux et les Alliés.


Malgré toutes les mesures prises par les dictatures fascistes et les régimes collaborationnistes, la communication n'a pu être étouffée. Il y a toujours eu des hommes pour raviver la flamme de l'espoir qui menaçait de s'éteindre.

Les moyens de communication n'ont jamais pu être réellement mis hors d'état de nuire. Malgré la faiblesse de leurs moyens techniques et leurs effectifs réduits, les résistants ont réussi, pendant la Seconde Guerre Mondiale, à enrayer efficacement la machine nazie.


Employé
Résistants fixant des affiches



Glossaire

  • Abwehr (Défense)

Organisation allemande, en activité entre 1921 à 1944, qui officiait en tant que service de renseignements de l'état-major.


  • Afrika Korps

Divisions armées allemandes, sous l'égide de Rommel, qui opérèrent dans le nord de l'Afrique.


  • Alliés

Opposants aux forces de l'Axe.


  • Antisémite

Hostilité et discrimination envers la population juive.


  • Appel du Général de Gaulle

Lancé le 18 juin, exhorte à continuer le combat contre l'Allemagne nazie, et annonce l'entrée en guerre imminente de nouvelles puissances.


  • Armée Rouge

Armée soviétique, initialement levée dans le cadre de la lutte de la Russie révolutionnaire par les bolcheviks.


  • Armistice

Convention suspendant les hostilités avant un traité de paix.


  • Armistice du 22 juin 1940

Armistice humiliant pour la France, signée par le représentant de Pétain et de Hitler dans la clairière de Rethondes.


  • Ausweis

Papier d'identité.


  • Axe

Ennemis des Alliés.


  • Bataille de Koursk

Bataille opposant l'Allemagne nazie à l'URSS, sur un champ de bataille immense, où se tient le plus grand combat de chars de tous les temps. Elle se solde par une victoire soviétique.


  • Bataille d'El Alamein

Bataille opposant l'Afrika Korps de Rommel et le corps expéditionnaire italien au Royaume-Uni de Montgomery. Elle se solde par une victoire britannique.


  • Blitz

Bombardements de la Luftwaffe, pendant la Bataille d'Angleterre, sur le sud du Royaume-Uni, en particulier sur des villes comme Londres et Coventry.


  • Blitzkrieg

Guerre-éclair, qui se caractérise par une stratégie combinant une avancée simultanée des fantassins, des chars et des avions.


  • Blocus britannique

Blocage, par la Royal Navy, des liaisons et du ravitaillement aux forces de l'Axe.


  • BBC (British Broadcasting Corporation)

Radio britannique qui a joué un rôle capital dans la transmission des informations, lors de la Seconde Guerre Mondiale.


  • BCRAM

Bureau Central de Renseignements et d'Action Militaire.


  • BIP

Bureau d'Information et de Presse.


  • BOA

Bureau des Opérations Aériennes.


  • Camp d'internement

Centre d'incarcération sur le territoire annexé, conquis ou dépendant de l'Allemagne nazie.


  • Churchill (Winston)

Homme fort de l'État britannique, en tant que Premier Ministre, de 1940 à 1945.


  • Codes Enigma

Codes issus du chiffrement des informations par une machine Enigma.


  • CFLN

Comité Français de Libération Nationale.


  • CNR

Conseil National de la Résistance


  • Collaborationniste

Se dit d'un individu ou d'une organisation servant les intérêts de l'Allemagne nazie.


  • CGE

Comité Général d'Études.


  • Communisme

Idéologie prônant une société privée de classes et de propriété privée.


  • Contrebande

Déplacement illicite de personnes ou de marchandises, d'un territoire à l'autre, pour éviter des taxes ou des contrôles.


  • Couvre-feu

Interdiction de sortir de chez soi pendant une période délimitée.


  • Dactylographié

Écrit avec une machine à écrire


  • De Gaulle (Charles)

Homme d'État français qui s'est illustré à travers son rôle dans la Résistance extérieure et dans le commandement des FFI.


  • Drôle de Guerre

Situation militaire, entre le 3 septembre 1939 (déclaration de guerre à l'Allemagne nazie) et le 10 mai 1040 (ruée à l'ouest de la Wehrmacht).


  • Eisenhower (Dwight)

Général américain, qui a conduit des opérations d'envergure, telles l'Opération Torch et Husky.


  • Fascisme

Idéologie violente, nationaliste, niant les droits et libertés de l'individu, ainsi que l'égalité des hommes.


  • Feldgendarmerie

Unité de la police allemande, chargée de traquer les déserteurs.


  • Fjord

Bras de mer exigu s'enfonçant à l'intérieur des terres.


  • FFI

Forces Françaises de l'Intérieur.


  • France libre

Organisation fondée par le Général De Gaulle, en juin 1940, dirigeant les mouvements de la résistance extérieure.


  • France occupée

Territoire anciennement français, administré par les troupes allemandes d'occupation.


  • FTP

Francs-Tireurs et Partisans.


  • Funkabwehr (Défense radio)

Organisme chargé de repérer et de mettre aux arrêts les opérateurs radios clandestins.


  • Général Leclerc (Philippe)

Chef militaire de la France libre, qui a combattu sur le front africain (prise de l'Oasis de Koufra), avant de débarquer en Normandie, de libérer Paris, Strasbourg et d'atteindre le camp d'extermination de Dachau.


  • Gestapo (Geheime Staatspolizei)

Police politique aux ordres du nazi Heinrich Himmler.


  • Giraud (Henri)

Général de la France libre, commandant en Afrique du Nord, puis co-président du CFLN, en partenariat avec De Gaulle. Celui-ci finira pas écarter Giraud de son poste.


  • Goering (Hermann)

Ancien pilote, devenu Ministre de l'Air, sous le Troisième Reich, et commandant en chef de la Luftwaffe.


  • GPRF

Gouvernement Provisoire de la République Française.


  • Graffiti

Inscription murale réalisée, durant la Seconde Guerre Mondiale, afin de décrier Vichy et l'Occupant.


  • Hiro Hito

Empereur japonais pendant la Seconde Guerre Mondiale, contraint de conclure la paix après les bombardements atomiques d'Hiroshima et Nagasaki.


  • Hitler (Adolf)

Chef (Führer) de l'Allemagne nazie, fondateur du nazisme et auteur d'un nombre considérable de crimes de guerre ainsi que de crimes contre l'Humanité. Instigateur du génocide juif et de nombreuses vexations contre des minorités qu'il jugeait inférieures à sa conception parfaite de l'homme (l'aryen), son nom est aujourd'hui source de dégoût.


  • Hudson

Aéronef à deux moteurs, à capacité plus importante que le Lysander.


  • IS (Intelligence service)

Service secret britannique.


  • Joukov (Gueorgui)

Maréchal russe, sauveur de Stalingrad et de Leningrad, il délivre la quasi-totalité de la Biélorussie. Après avoir pris Berlin, il reçoit la capitulation des nazis.


  • Jour J

Surnom donné au 6 juin 1944, premier jour du Débarquement de Normandie.


  • Judéo-bolchévique

Qualifie une personne accusée d'être juive, d'avoir contribué au succès de la révolution bolchévique d'octobre 1917 et d'avoir pris le contrôle de l'URSS.


  • Ligne de démarcation

Limite entre la zone Nord (zone occupée) et la zone Sud (zone libre).


  • Ligne Gustave

Ligne de fortifications construites en Italie, à hauteur du Mont Cassin, par l'organisation nazie Todt.


  • Ligne Maginot

Ligne de fortifications construites en France le long des frontières belges, luxembourgeoises, allemandes, suisses et italiennes, entre 1928 et 1940.


  • Logistique

Ensemble des opérations menées, dans une armée, autour des moyens de transport, de communication et de ravitaillement.


  • Luftwaffe (Arme de l'air)

Armée de l'air du Troisième Reich, sous l'autorité d'Hermann Goering.


  • Lysander

Aéronef à un seul moteur.


  • Mac Arthur (Douglas)

Chef de l'état-major américain, actif dans le Pacifique, lors de la guerre contre le Japon.


  • MOI

Main-d'Oeuvre Immigrée. Il découlera de la MOI un mouvement de résistance à l'Occupant, celui des FTP-MOI (Francs-Tireurs Partisans - Main-d'Oeuvre Immigrée).


  • Maquis

Désigne le lieu d'opération d'un groupe de résistants, ou tout simplement le groupe en lui-même.


  • Midway (Bataille de)

Bataille aéronavale, qui a opposé le Japon aux États-Unis, du 5 au 7 juin 1942, dans le Pacifique.


  • MLN

Mouvement de Libération Nationale.


  • Mouvement de résistance

Organisation ayant pour objectif de sensibiliser et de coordonner la population en faveur de la Résistance.


  • MNCR

Mouvement national contre le racisme.


  • MUR

Mouvements Unis de la Résistance.


  • Mussolini (Benito)

Fondateur du fascisme, Président du Conseil du Royaume d'Italie, puis Président de la République sociale italienne. Il mène la guerre aux côtés d'Hitler, avant d'être incarcéré une première fois. Libéré par un commando SS, il revient quelque temps aux affaires, pour finir lynché par la foule à Milan.


  • Mur de l'Atlantique

Réseau de fortifications construit par le Troisième Reich sur les côtes occidentales de l'Europe, afin d'empêcher un débarquement allié depuis la Grande-Bretagne.


  • Nazisme

Idéologie fondée par Adolf Hitler vers 1920, basée sur la division en " races " de la société, le racisme, l'antisémitisme et le rejet des Droits de l'Homme. Au sommet de la pyramide est censée se trouver une " race " pure, la " race aryenne ". En-dessous, certaines " races " sont tolérées, d'autres sont vouées à la destruction (Tziganes, Juifs, homosexuels,...).


  • Occupant

Désigne les troupes de la Wehrmacht en faction dans les pays asservis par le Troisième Reich.


  • OSS

Office of Strategic Services.


  • Opération Barbarossa

Nom de code attribué à l'invasion de l'URSS par l'Allemagne nazie, le 22 juin 1941.


  • Opération Husky

Nom de code attribué au débarquement, le 10 juillet 1943, des forces canadiennes, britanniques et américaines, en Sicile.


  • Opération Overlord

Nom de code attribué à l'ouverture d'un nouveau front en Normandie, en juin 1944, et à l'établissement d'une tête de pont (zone sécurisée d'un territoire ennemi, depuis laquelle des troupes peuvent partir à l'assaut) vers l'Allemagne.


  • Opération Torch

Nom de code attribué au débarquement des Alliés, le 8 novembre 1942, dans le Protectorat du Maroc et en Algérie française.


  • Organisation de résistance

Regroupement structuré, voire hiérarchisé, de résistants.


  • Pacte Molotov-Ribbentrop

Dit aussi Pacte de non-agression ou Pacte germano-soviétique. Il prévoit le pacifisme de l'Allemagne nazie et de l'URSS, l'une envers l'autre, et la neutralité en cas d'attaque sur l'une des deux factions. Dans une clause secrète, le pacte traite de la répartition des futurs territoires conquis entre l'Allemagne et la Russie.


  • Papillon

Tract de format réduit, destiné à être jeté, éparpillé, distribué ou fixé sur une surface.


  • PCF (Parti Communiste Français)

Parti politique classé, sur l'échiquier politique français, à la gauche radicale. Issu d'une scission de la SFIO (Section Française de l'Internationale Ouvrière), en 1920, au Congrès de Tour, il est le porte-parole direct de Moscou.


  • Pearl Harbor

Baie de l'île d'Oahu, dans l'archipel d'Hawaï, abritant une base-navale américaine, cible de l'aviation nippone, le 7 décembre 1941.


  • Pétain (Philippe)

Militaire illustre lors de la Bataille de Verdun, il est appelé au gouvernement de la France, peu après le début de l'offensive de la Wehrmacht à l'ouest. Après s'être autoproclamé " Chef de l'État Français ", il engage Vichy sur la voie de la collaboration avec l'Allemagne nazie. Il finit sa vie dans la honte, frappé d'indignité nationale.


  • Propaganda Abteilung (ou Propagandastaffel, autrement dit Escadron de propagande)

Organisme dirigé par le Ministère du Reich à l'Éducation du peuple et à la Propagande. Elle se charge de distribuer le papier nécessaire aux impressions aux maisons d'édition favorables à l'Occupant. Les comités de l'organisme relisent les livres avant publication, et se chargent d'indexer les ouvrages à mettre en valeur, ou justement à supprimer.


  • Propagande

Ensemble de manœuvres visant à modifier le jugement populaire sur un individu ou un événement, pour ainsi embrigader ou endoctriner des habitants, et donc les manipuler à souhait.


  • Radiogoniométrie

Technique de repérage de la direction d'arrivée d'une onde radio.


  • Radio noire

Radio ayant pour objectif principal de renseigner la Résistance intérieure.


  • Reich (Troisième)

État allemand, mais surtout nazi, dirigé par Hitler entre 1933 et 1945.


  • Réquisition

Cession des biens ou des services d'un particulier aux pouvoirs publics.


  • Réseau de résistance

Organisation spécialisé dans la réalisation d'un travail bien défini, comme le sabotage, la récolte de renseignements ou la récupération d'alliés en territoire ennemi.


  • Résistant

Individu s'opposant à l'Occupant et au régime de Vichy.


  • Rol-Tanguy (Henri)

Communiste français, membre actif de la Résistance intérieure, en particulier à la Libération.


  • Rommel (Erwin)

Général allemand, il conduit habilement l'Afrika Korps à travers l'Afrique, au point d'y gagner le surnom de " Renard du Désert ". Il supervise l'amélioration du Mur de l'Atlantique, et finit par se suicider, après avoir participé à l'attentat contre le Führer.


  • Ronéotypés

Dessin ou texte reproduit à la Ronéo, autrement dit avec une machine permettant de reproduire un document réalisé au stencil (support qui permet de dupliquer des copies en un nombre important).


  • SS (Schutzstaffel, autrement dit Escadron de protection)

D'abord rattachée à la protection du Führer, l'organisation nazie monte vite en puissance. Elle s'intègre au système concentrationnaire, participe aux massacres de Juifs d'Europe de l'Est. Sous l'autorité d'Himmler, la SS finit par devenir une véritable armée, qui commettra nombre d'exactions dans les territoires occupés (Massacres de Tulle et d'Oradour-sur-Glane).


  • SR

Service de Renseignements


  • SOAM

Service des Opérations Aériennes et Maritimes


  • STO (Service du Travail Obligatoire)

Système prévoyant l'envoi de milliers de travailleurs français en Allemagne, afin de servir l'effort de guerre nazi.


  • Service secret

Organisation secrète au service d'un État, agissant dans l'ombre au profit de celui-ci.


  • Source K

Écoute des liaisons radiophoniques entre Paris et Berlin par Rober Keller et ses hommes.


  • Soviétique

Citoyen de l'URSS.


  • SOE (Special Operations Executive)

Service ayant pour mission d'inciter les populations des pays occupés à conduire des actions paramilitaires.


  • Staline (Joseph)

Homme d'État soviétique, dirigeant de l'URSS, responsable de la mort de millions de personnes.


  • Stencil

Support permettant de dupliquer des copies en masse.


  • Tracts

Texte ou publicité, sur support papier, distribué à la main ou déposé dans les boîtes aux lettres, pour véhiculer des idées.


  • TSF

Transmission sans fil.


  • Truman (Harry)

Président des États-Unis, auteur du lancement des deux premières bombes atomiques de l'Histoire.


  • URSS (Union des Républiques Socialistes Soviétiques)

État fédéral communiste, composé de 15 Républiques socialistes soviétiques.


  • Vichy

État collaborationniste fondé par Pétain après l'armistice du 22 juin 1940.


  • Von Paulus (Friedrich)

Maréchal allemand, vaincu à Stalingrad par le Maréchal Joukov.


  • Wehrmacht (Force de défense)

Armée du Troisième Reich.


  • WT (Wireless Transmission)

Transmission sans fil.


  • Zone occupée (Zone Nord)

Partie de la France au nord de la ligne de démarcation, où les troupes d'occupation de l'Allemagne nazie stationnaient.


  • Zone Sud (Zone libre)

Partie de la France au sud de la ligne de démarcation, sous l'autorité de Vichy


La communication en temps de guerre a eu un impact sur Thionville, lors de son annexion au Reich [1] et pendant sa libération par les Alliés [2]. Ces deux périodes ont été vécues par des Thionvillois, aujourd'hui vecteurs d'Histoire [3].


« Paris martyrisé ! »
Employé
Descente des Champs-Elysées à la Libération
« Mais Paris libéré. »


« La fin de l'espoir est le commencement de la mort. »

De Gaulle



Notes et références

I) Bibliographie

  1. LORMIER Dominique (2012). La Résistance, Éditions Gründ, Paris.
  1. SEGRÉTAIN Franck (2006). La Seconde Guerre Mondiale, Fleurus Éditions, Paris.



II) Sitographie

  1. http://fr.wikipedia.org/wiki/Propagandastaffel (25 février 2013)
  2. http://www.lexpress.fr/diaporama/diapo-photo/culture/en-images-affiche-action-quand-la-politique-s-ecrit-dans-la-rue_1195119.html?p=4 (25 février 2013)
  3. http://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&frm=1&source=web&cd=4&ved=0CEkQFjAD&url=http%3A%2F%2Fwww.france-libre.net%2Fimages%2Fstories%2Fcnrd2013%2Fcg31_concours_2013_.pdf&ei=_nwrUZbhF8qU0QXAyIGADA&usg=AFQjCNFrDOzvwbIaXhRcy30qwayaR64Org&sig2=9FRfDi4gUlZdow1fPwjxsg&bvm=bv.42768644,d.d2k (25 février 2013)
  4. http://www.musee-resistance.com/IMG/pdf/CNRD2013_Resistance_web.pdf (25 février 2013)
  5. http://recherche-archives.vendee.fr/archives/fonds/FRAD085_concoursdelaresistance2012 (25 février 2013)
  6. http://www.mont-valerien.fr/en/understand/le-mont-valerien-pendant-la-seconde-guerre-mondiale/la-resistance/ (26 février 2013)
  7. http://la-guerre-au-jour-le-jour.over-blog.com/1052-index.html (26 février 2013)
  8. http://memoiredeguerre.pagespro-orange.fr/biogr/guillou-pierre.htm (26 février 2013)
  9. http://www.france-libre.net/images/stories/cnrd2013/cg31_concours_2013_.pdf (26 février 2013)
  10. http://www.planete-libertes.info/chronore.htm (26 février 2013)
  11. http://www.fondationresistance.org/catalogue/appli.htm (26 février 2013)
  12. http://www.fondationresistance.org/pages/lettres/ (17 juin 2013)
  13. http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9sistance_int%C3%A9rieure_fran%C3%A7aise (17 juin 2013)
  14. http://memoiredeguerre.pagesperso-orange.fr/biogr/guillou-pierre.htm (18 juin 2013)
  15. http://www.ecpad.fr/ (18 juin 2013)


Crédits photos : Wikipédia & Lettre de la Fondation de la Résistance

Crédits documentation : LACRUX Nicolas & SANTILLI Corentin & Wikipédia & Lettre de la Fondation de la Résistance

Article initié par LACRUX Nicolas & SANTILLI Corentin